Tarmo Peltokoski et l'Orchestre national du Capitole de Toulouse
Tarmo Peltokoski et l'Orchestre national du Capitole de Toulouse © Festival international de Colmar

Au Festival international de Colmar, le symphonique côtoie les diversités chambristes

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Au-delà des trois concerts d’ouverture de l’Orchestre de la Radio de Francfort dirigés par Alain Altinoglu, le Festival international de Colmar propose un beau panorama musical mettant en avant la nouvelle génération, mais aussi des formes plus inattendues.

Pour son retour au Festival de Colmar, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse vient avec son nouveau directeur musical qui prendra ses fonctions à partir de la rentrée 2024. A 23 ans, Tarmo Peltokoski fait figure de prodige, et le premier des deux programmes qu’il dirige dans l’Eglise Saint-Matthieu ne dément pas sa réputation. Aborder une symphonie de Bruckner constitue une gageure pour un jeune chef. Si le Finlandais mûrira sa vision, sa lecture de la Quatrième témoigne d’une maîtrise précoce des équilibres d’une partition exigeante. Sa direction ne se laisse pas griser par la puissance des effectifs, et, dès l’Allegro initial, prend soin de préserver la lisibilité de l’articulation et des strates de timbres, en tenant compte de la réverbération acoustique des lieux. La précision d’un geste jamais rigide s’entend dans un Andante aux couleurs calibrées, avec une souplesse qui dose le phrasé jusque dans l’évanescence des dernières notes. Le Scherzo et ses cuivres chasseurs privilégie une modération allante dans le tempo, moins vive et plus viennoise sans doute que d’autres approches plus rustiques. Quant au finale, sa conduite ne reste pas prisonnière de certaines traditions plus massives, et confirme l’évident potentiel du Finlandais dans le romantisme brucknérien.

Tarmo Peltokoski et l'Orchestre national du Capitole de Toulouse
Tarmo Peltokoski et l’Orchestre national du Capitole de Toulouse © Festival international de Colmar

Le Festival de Colmar ne se résume pas aux grands concerts du soir. Le vendredi 6 juillet, le récital de 12h30 à l’Ancienne Douane réunit Jordan Costard au violoncelle et Gabriel Durliat, figure montante du piano français, dans un programme associant la Sonate n°2 de Fauré, qui respire avec un lyrisme sincère, et la Grande Sonate dramatique Titus et Bérénice de Rita Strohl, pièce hautement dramatique qui fait redécouvrir le génie encore méconnu d’une grande compositrice à l’imagination musicale audacieuse. Les quatre mouvements de ce mini-opéra instrumental de chambre confirme un instinct expressif libéré des académismes de son temps.

Déclamation sensible

Cette même marginalité formelle se retrouve avec Enoch Arden, mélodrame pour récitant et piano que Richard Strauss écrivit sur la traduction allemande d’un poème de Tennyson relatant la destinée d’un pêcheur qui, après un naufrage où il passait pour disparu, finira dans l’anonymat à son retour au village – et donné ici dans une version française discrètement resserrée. Dans le Théâtre de Colmar, la déclamation sensible, au plus près des émotions et des mots, sans artifice acoustique, d’Eric Génovèse, est accompagnée par la sobre toile pianistique tissée par Cédric Tiberghien. Une rareté que le public ne devrait pas avoir peur d’approcher : la narration musicale happe littéralement le spectateur.

L'ensemble Ô-Celli
L’ensemble Ô-Celli © Festival international de Colmar

Ce même Thêâtre fait en revanche salle comble le lendemain pour le concert des huit violoncelles de Ô-Celli, dans un florilège de transcription de Gershwin, Falla, Piazzolla, Bernstein et Marquez, ainsi qu’une page contemporaine d’Oriol Cruixent, Fa Do. L’enthousiasme communicatif de l’ensemble, qui sait réinventer pour cet instrument à huit archets les saveurs des partitions, ne se limite d’ailleurs pas au répertoire classique, et le deuxième bis, Historia de un amor, ne manque pas de le confirmer. Enfin, l’ouverture du festival au plus grand nombre se traduit également par l’initiative du Symphonic Mob réunissant en plein air samedi 8 juillet plus de 400 amateurs de tous âges, sous la direction d’Alain Altinoglu. Le Festival de Colmar ne connaît pas les barrières de génération.

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