Gestuelle © Patrick Wack
Gestuelle © Patrick Wack

Dans les coulisses de l’Opéra chinois : l’exposition

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Dans les coulisses de l’opéra chinois : une exposition à l’Institut Confucius d’Angers

Si vous êtes curieux de connaître l’histoire et les codes du théâtre chinois, ne manquez pas l’exposition Dans les coulisses de l’opéra chinois à l’Institut Confucius d’Angers.

A l’occasion de la tournée en France de la Compagnie Nationale de l’Opéra de Pékin pour la représentation de La Légende du Serpent Blanc à Angers, Marseille et Paris, cette exposition permet la découverte d’un art peu connu en Europe, à travers des photographies d’artistes français et chinois, des costumes traditionnels de l’Opéra de Pékin, des films des étudiants de l’Académie Nationale des Arts du Théâtre Chinois et les témoignages de créateurs contemporains, tels que le musicien Xiao He et le chorégraphe Zhao Liang.

A la découverte des codifications  
L’exposition est un voyage-découverte d’un art où tout élément, du maquillage à la couleur des costumes, en passant par les gestes et la musique, revêt une fonction très précise. Le théâtre chinois traditionnel est tellement codifié que “dès qu’un acteur entre en scène, le public averti reconnaît immédiatement de quel personnage il s’agit. Chaque costume, geste, mélodie, expression ou objet correspond à un corpus de codes très précis. Dans ce contexte, nul besoin d’un metteur en scène ou d’un compositeur1.

Les principales différences avec le théâtre occidental
Chaque catégorie incarne un profil sociologique déterminé, plus qu’un caractère psychologique comme c’est le cas dans la commedia dell’arte2“.

La catégorisation des personnages se fait à travers le maquillage et la physiognomonie, qui définissent le caractère, le sexe (car la présence de femmes n’était pas autorisée sur scène de 1671 à 1912), l’âge et le statut social : “Il est intéressant de voir introduit en outre une appréciation éthique d’ordre confucéen : « un homme pauvre mais digne relevait de la catégorie valorisante des hommes mûrs à barbe, tandis qu’un souverain dépravé appartenait irrémédiablement à la catégorie avilissante des bouffons 3»“. 4

Si les costumes sont également indicateurs de statuts sociaux et de caractères, ils ne le sont pas de l’époque historique, étant tous basés sur les vêtements de la dynastie Ming. En regardant les habits des 3 personnages principaux de La Légende du Serpent blanc, Bai Suzhen, Xiao Qing et Xu Xian, on remarquera à quel point les couleurs sont finement codifiées et nous révèlent si nous avons à faire à des personnages principaux ou secondaires.

Comme historiquement les troupes ne pouvaient pas s’encombrer d’objets et décors lors de leurs voyages, la gestuelle, “à la fois fonctionnelle et esthétique” 5, qui en résulte est très importante, du mime à la danse, jusqu’aux entrées et sorties en scène.En ce qui concerne la musique, il est fascinant de découvrir que des airs types sont réutilisés dans différents opéras, que “chaque sentiment ou situation dramatique est chanté sur un mode et un rythme précis” 6, et que chaque instrument – que ce soit la vièle pékinoise, la guitare lune, les cliquettes ou l’orgue à bouche – a une fonction d’accompagnement déterminée.
Un public de passionnés
La majorité des Chinois connaît les arguments des opéras par cœur car c’est un art extrêmement populaire, qui puise ses récits dans les légendes, l’histoire et la littérature chinoises.La virtuosité, très appréciée, n’est pas que vocale : on verra également sur scène des parties de combat et d’acrobatie, ainsi que des changements de masques spectaculaires, dont l’Opéra du Sichuan en fait une spécialité. Les meilleurs acteurs se verront offrir, de manière informelle, des bouquets de fleurs par les spectateurs.
Pour finir “le théâtre est un lieu de sociabilité, où l’on grignote des sucreries en buvant du thé dans une atmosphère animée et conviviale” 7.

Si cet esprit peut nous paraître lointain et, certainement, nous ne prendrons jamais de thé assis sur les fauteuils en velours de nos théâtres, certaines similitudes peuvent être retrouvées avec des questionnements d’actualité comme la redéfinition de la relation avec les spectateurs et l’envie d’amener cet art, qui traverse le temps et les frontières, vers un public de plus en plus vaste.

 


En savoir plus

Institut Confucius
Compagnie Nationale de Chine d’Opéra de Pékin

Angers Nantes Opéra
Opéra de Marseille
Théâtre du Châtelet

Références :
1 Cahier pédagogique de l’Institut Confucius par Clément Magar et Pauline Séguin / Lumières international
2 Darrobers, Robert, Opéra de Pékin, Bleu de Chine, Paris, 1998, p. 93.
3 Darrobers, Roger, Le Théâtre Chinois, Presses Universitaires de France, Paris, 1995, p.81.
4, 5, 6, 7 Cahier pédagogique de l’Institut Confucius par Clément Magar et Pauline Séguin / Lumières international

Production : Lumières international

 

Parallèlement à sa formation en chant lyrique, Cinzia Rota fréquente l'Académie des Beaux-Arts puis se spécialise en communication du patrimoine culturel à l'École polytechnique de Milan. En 2014 elle fonde Classicagenda, afin de promouvoir la musique classique et l'ouvrir à de nouveaux publics. Elle est membre de la Presse Musicale Internationale.

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