Lea Desandre et l’ensemble Jupiter, dirigés par le luthiste Thomas Dunford, ont offert un feu d’artifice baroque pour ouvrir cette 26ème édition. Un programme irisé tiré de leur second album.
A travers le mythe des Amazones, ces femmes guerrières, la mezzo-soprano rend hommage aussi bien aux femmes qui l’ont inspirée qu’à la nature ou à l’amour. Folie, colère, fureur, amour… une pléiade de sentiments traverse ce bouquet baroque en langues italienne et française.
La salle Elie de Brignac-Arqan, réputée pour sa fonction de salle de ventes de pur-sang, revêt une nouvelle fois les habits d’un auditorium. Ce n’est pas salle comble, mais peut-être est-ce dû à la frilosité du public, alors que nous sommes à peine sortis de 2 ans de pandémie ?
Lea Desandre, entourée des huit musiciens de l’ensemble Jupiter, vient se placer au centre de la scène. La chanteuse enchaîne les pièces, entrecoupées de séquences instrumentales. Dès le début, l’air “Non posso far” extrait de Lo schiavo di sua moglie de Provenzale laisse apparaître un accompagnement légèrement prépondérant, au détriment du chant. Il faut préciser que l’utilité première de la salle n’est pas celle d’un auditorium… et notre perception peut être modifiée selon la place occupée.
Ce programme – composé de pièces rares – laissera cependant d’impérissables souvenirs. On pense à l’air « Muove il piè, furia d’Averno » de Viviani, plein de fureur. Ou à l’interprétation de la Sinfonia pour la tempête, tirée de Die getreue Alceste de Schürmann, qui donne l’impression d’un grand orchestre malgré le petit effectif sur scène… Quant à L’Américaine (arr. Thomas Dunford), le public assiste à un moment instrumental lyrique hors du temps, avec cet extrait de la Suite d’un goût étranger (1717) de Marin Marais.

La chanteuse excelle dans le répertoire de Destouches, et particulièrement dans un mélancolique et touchant « Ô Mort ! Ô triste mort » de Marthésie, première reine des amazones (1699).
Éclipsant mystérieusement le traditionnel entracte, les musiciens de Thomas Dunford brilleront ensuite dans Ercole sul Termodonte RV 710 de Vivaldi. Une musique animée d’une jolie alacrité que l’ensemble Jupiter s’approprie avec élégance. La soirée se refermera par une pièce composée par Thomas Dunford, Amazones, sur un texte d’Erik Orsenna. Un hymne vibrant dédié à la protection de la nature.
Ce soir, Lea Desandre tire son épingle du jeu avec une plasticité vocale prompte à épouser tous les états d’âme, et son bonheur de se produire au milieu de ses fidèles partenaires a touché la salle. Aussi, en ce lieu dédié à l’excellence hippique, les Amazones – que l’on sait admirables cavalières – ne pouvaient trouver qu’un accueil favorable !
Le festival de Pâques de Deauville se tient jusqu’au 7 mai.