La Saison Musicale des Invalides a accueilli un programme conçu par le claveciniste Olivier Baumont, à l’occasion du 350ème anniversaire de la “Guerre de Hollande” (1672- 1678). Un concert donné le 7 mars 2022, qui, composé de lectures de textes entrecoupés de musiques, illustrait parfaitement cet évènement.
C’est dans la Salle Turenne de l’Hôtel National des Invalides (du nom de ce chef de guerre mémorable) qu’a eu lieu ce concert qui, hasard de la programmation, avait pour sujet la commémoration en textes et en musiques de la guerre menée par les troupes françaises en l’an 1672, dite Guerre de Hollande.
Il se trouve – autre coïncidence – que cette salle a été à son début le réfectoire des “invalides” survivants, notamment, de cette fameuse guerre de Hollande.
Mais chacun avait en tête le conflit armé qui vient de se déclencher non loin de la France, les récits de guerre de Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1675-1755), de Courliz de Sandras (1644-1712), de Charles Samaran (1879-1982) et d’autres, faisant un évident écho aux bruits assourdissants des bombardement subis par l’Ukraine….
Par bonheur, le comédien et metteur en scène Marcel Bozonnet a mis en valeur avec talent l’ironie, et parfois, la pointe d’humour, qui se glissent dans ces textes “héroïques”, introduits et accompagnés par les sublimes musiques choisies par le claveciniste Olivier Baumont, maître d’oeuvre de ce spectacle.
Familier du mémorialiste Saint-Simon à qui il a consacré un ouvrage*, Olivier Baumont a composé pour cette occasion un concert de pièces qui vont de Lully (Marche du Régiment du Roy de 1670) à Jean-François Dandrieu (Les Caractères de la Guerre), en passant par Michel Corrette (Marche des Mousquetaires), et qui s’est achevé par Marin Marais (Chaconne en do majeur pour deux violons et basse continue), sans oublier quelques raretés, telle la Batalla de 6e tono dans sa version pour deux dessus et basse continue de Pablo Bruna (1611-1679).



Ces musiques se font l’écho des campagnes du monarque, de la mort héroïque de Monsieur d’Artagnan, capitaine des Mousquetaires, durant le siège de Maestricht en 1673, et d’autres actions guerrières de cette époque. Au-delà de leur sens illustratif, la plupart de ces musiques avaient valeur d’exemple de la sensibilité du “Grand Siècle”, nobles et austères.
Une musique, parfois tumultueuse, parfois déchirante, qu’il s’agisse de la Pavana Lachrimae de Jan Peter Sweelink (1561- 1621) interprétée par Olivier Baumont, ou Les Pleurs pour basse de viole seule de Sainte-Colombe, interprété par Louise Pierrard.
C’est une réduite mais brillante formation de solistes – Tami Tromann et Pierre-Eric Nimylowyczn aux violons, Louise Pierrard à la viole de gambe – tous membres du Concert de la Loge de Julien Chauvin, qui, aux côtés d’Olivier Baumont, a fait sonner des musiques en résonance inattendue avec l’actualité.
La preuve que la musique, qui est l’expression de son temps, peut rejoindre, fût-elle ancienne, les préoccupations du jour ….
* Olivier Baumont “A l’Opéra, Monsieur !” La musique dans les Mémoires de Saint-Simon- “L’Infini” NRF Gallimard (2015)