Yeol Eum Son
Yeol Eum Son © Pie Plans

Yeol Eum Son à Séoul : spontanéité et esprit d’improvisation autour de Mozart

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Un autre événement classique à Séoul a attiré l’attention de Classicagenda. Nous avons assisté  en mai dernier, au Seoul Arts Center, au récital de Yeol Eum Son, qui donnait la première partie de sa série de concerts dédiés à Mozart.

Récemment, la pianiste Yeol Eum Son a sorti son enregistrement de l’intégrale des sonates de Mozart sous le label Naïve. A cette occasion, la pianiste donne une série de récitals dans toute la Corée de mai à juin.

Le 6 mai au Seoul Arts Center. Dans la grande salle de concert de ce prestigieux lieu, une foule de trentenaires attend avec impatience l’apparition de leur idole. Il s’agit d’une pianiste de la génération – contemporaine – du public. L’artiste qui apparait sur scène est loin d’avoir une prestance digne d’une grande star virtuose mais on dirait plutôt une camarade de classe ou une amie proche. Yeol Eum Son salue son public avec un joli sourire amical avant de s’asseoir devant le Bösendorfer qu’elle a dû choisir avec réflexion pour son programme Mozart.

Portrait de Yeol Eum Son
Yeol Eum Son © Marco Borggreve

Le programme, entièrement dédié aux sonates de Mozart, pourrait être un défi. Ces sonates sont familières à l’oreille du jeune public présent. En Corée, l’apprentissage du piano pendant quelques années est un passage quasi obligé de l’enfance. On entend facilement sonner ces sonates de Mozart dans des quartiers résidentiels. En clin d’œil aux œuvres entendues auparavant, la pianiste offre un regard sympathique sur les pièces par son jeu pure, souriant et non maniéré. Comme si elle faisait participer son public à ce souvenir collectif.

Mais aussitôt elle devient metteure en scène et transforme son jeu. Elle convoque différents personnages des opéras de Mozart et invite le public vers une scène théâtrale. Cachées derrière les pièces de Mozart, des humeurs changeantes surgissent du clavier du Bösendorfer.

Cette jeune pianiste d’apparence juvénile est en effet une virtuose qui n’hésite pas à dévorer à pleines dents les grands concertos sur les scènes internationales ; Rachmaninoff, Tchaïkovski, Schumann, Gershwin… pour en citer quelques exemples. D’ailleurs, souvenons-nous du Concours Tchaïkovski de l’année 2011 à Moscou. Yeol Eum Son a eu le 2ème prix en interprétant le premier de Tchaïkovski et le troisième de Rachmaninoff à l’épreuve finale, et le deuxième de Prokofiev au concert de Gala à Saint-Petersbourg. Cette année-là, Daniil Trifonov remporte le premier prix.

La piansite Yeol Eum Son
Yeol Eum Son © Pie Plans

Autre registre de prédilection, le répertoire de George Gershwin et Nikolaï Kapustin. La pianiste coréenne se sent chez elle dans des œuvres utilisant un langage de jazz dans une structure classique. Son goût pour la liberté s’y déploie comme une évidence. La musique de pseudo improvisation méticuleusement écrite par Kapustin ne sonne pas maniérée ou artificielle sous ses mains fluides. Ca coule de source et dégage une fraîcheur comme si la musique était née juste à l’instant.

C’est aussi cet esprit de liberté et de spontanéité qui s’entendent dans ses Sonates de Mozart. Les œuvres sont vivantes et pétillantes dans une atmosphère très rythmique.

 

Programme :

Sonate n.11 en Fa majeur, K.331 (300i) Alla Turca (1783)

Sonate n.12 en La majeur, K.332 (300k)

Sonate n.13 en Si bémol majeur, K.333 (315c)

Sonate n.14 en Do mineur, K.457

Site de l’artiste :

http://www.yeoleumson.com/ 

Passionnée de musique depuis son plus jeune âge et pianiste accompagnatrice, Marine partage ses émotions au travers de ses chroniques. Elle collabore en tant que rédactrice avec différents médias français et coréens spécialisés dans la musique classique. Diplômée du cursus professionnel « Administrateur / Producteur Projets Musicaux » à l’Université Paris X, Marine est conseillère artistique et développe divers projets artistiques.

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