Les P’tites Michu © Nemo Perier Stefanovitch
Les P’tites Michu © Nemo Perier Stefanovitch

“Les P’tites Michu” à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet : la vie en rose, comme un parfum d’été

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L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet accueille dans le cadre de la 6ème édition du Festival Palazetto Bru Zane à Paris ( du 1er au 29 juin 2018) une nouvelle production de la Compagnie de théâtre lyrique Les Brigands, consacrée à l’ouvrage d’André Messager “les P’tites Michu”, opérette sur un livret d’Albert Vanloo et Georges Duval.

 

Créés en 1897 au Théâtre des Bouffes Parisiens, ces “Michu” auront révélé au grand public le compositeur André Messager (1853-1929) dont la notoriété se verra d’ailleurs confortée peu après avec un autre ouvrage, destiné à une plus grande célébrité, “Véronique”.

Le succès de l’oeuvre (près de cent cinquante représentations à Paris, puis des centaines en province et à l’étranger…”The Little Michus” !)  tient aux deux éléments qui la caractérisent : un livret bien troussé, une musique élégante et raffinée – ce qui n’est pas toujours le cas dans le genre de l’opérette – qui  épouse avec bonheur les contours d’une histoire convenue, mais qui “fonctionne ” parfaitement. Deux jeunes filles élevées dès leur naissance par un couple de commerçants (les Michu) se croient jumelles, alors que l’une d’entre elles est issue d’une famille d’aristocrates.

“Marie-Blanche” et “Blanche-Marie” (!) ont  été élevées ensemble et sont entourées de la même affection. Un problème apparaît après que les “P’tites” ont pris leur premier bain ensemble,  Monsieur et Madame Michu ne pouvant plus distinguer laquelle est leur fille !

Cette confusion va  créer un grand embarras quand le  “Général des Ifs” , ayant retrouvé la trace de sa fille, décide de la marier à son subordonné, le capitaine “Gaston”: on imagine aisément les quiproquos successifs qui sont autant d’occasions de rire, parfois dans une atmosphère ambiguë, discrètement nostalgique.

Le spectacle proposé, coproduction Angers Nantes Opéra, Palazzetto Bru Zane, Compagnie Les Brigands et coréalisé à Paris  avec l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, est une vraie réussite.

© Nemo Perier Stefanovitch
© Nemo Perier Stefanovitch

Plongé dans le rose d’une sorte de bonbonnière, le plateau se prête plutôt bien aux jeux de rôles de cette comédie bourgeoise, agréablement allégée par la mise en scène claire et rafraîchissante de Rémy Barché (très beaux costumes dans les tons acidulés d’Orin Steenkiste).

On soulignera la qualité des illustrations projetées de Marianne Tricot qui ouvrent le spectacle avec un générique visuel et que l’on retrouve tout au long de l’œuvre avec bonheur, ponctuant l’action et la commentant avec humour.

© Nemo Perier Stefanovitch
© Nemo Perier Stefanovitch

La distribution, intelligemment agencée, restitue bien le charme de cette opérette : à commencer par les “P’tites”, Anne-Aurore Cochet et Violette Polchi, aussi bien à l’aise dans le chant que dans la comédie, sans oublier quelques figures jubilatoires, comme celle de “Bagnolet” (Romain Dayez) qui forme avec le “Général des Ifs”(Romain Grappe) un duo savoureux, ainsi que les “Michu”, mère et père (Marie Lenormand et Damien Bigourdan), et que dire de l’authentique directrice de l’internat Mademoiselle Herpin (Caroline Meng)…!

Belle direction d’acteurs, tout au plus peut-il arriver que l’on confonde, parfois, emporté par l’enthousiasme, exubérance et gesticulation…

Toutes les voix sont admirables, une mention particulière pour le ténor Artavazd Sargsyan dans “Aristide”.

© Nemo Perier Stefanovitch
© Nemo Perier Stefanovitch

On retiendra l’étonnante fluidité du spectacle due à la parfaite adéquation entre l’action et la musique d’André Messager, si belle et si méconnue. Celle-ci bénéficie d’une transcription intéressante pour neuf chanteurs et douze instrumentistes due à la science reconnue – et une nouvelle fois vérifiée – de Thibault Perrine, cette version “allégée” étant dirigée avec fougue et passion par Pierre Dumoussaud.

“Les P’tites Michu”, en rose bonbon, comme un parfum d’été… !

 


Le 20 juin 2018.

“LES P’TITES  MICHU”

Opérette en 3 actes d’André Messager

sur un livret d’Albert Vanloo et Georges Duval.

Théâtre Athénée Louis Jouvet

Du 19 au 29 juin 2018

Compagnie Les Brigands

Blanche-Marie : Anne-Aurore Cochet

Marie-Blanche: Violette Polchi

Gaston: Philippe Estèphe

Madame Michu: Marie Lenormand

Monsieur Michu: Damien Bigourdan

Le Général des Ifs: Boris Grappe

Aristide: Artavazd Sargsyan

Mademoiselle Herpin: Caroline Meng

Bagnolet: Romain Dayez

Mise en scène : Rémy Barché

Scénographie: Salma Bordes

Costumes : Oria Steenkiste

Lumières: Florent Jacob

Illustrations: Marianne Tricot

Vidéo: Stéphane Bordonaro

Son: Antoine Reibre

A lire: “André Messager,  Le Passeur de siècle”

par Christophe Mirambeau

Ed:  ACTES SUD / PALAZZETTO BRU ZANE 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les années au Barreau, où il a été notamment actif dans le domaine des droits de l'homme, ne l'ont pas écarté de la musique, sa vraie passion. Cette même passion le conduit depuis une quinzaine d'années à assurer l'animation de deux émissions entièrement dédiées à l’actualité de la vie musicale sur Fréquence Protestante.

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