Conversation avec Daniel Bizeray, directeur du festival d’Ambronay
2014 est une année de Célébration pour Ambronay : les 10 ans du centre culturel, la 35e édition du festival, votre première année en tant que directeur et plusieurs anniversaires de compositeurs.
Cette année nous célébrons effectivement plusieurs choses mais surtout des anniversaires : d’abord Jean-Philippe Rameau et le compositeur lyonnais Jean-Marie Leclair, qui ont été l’objet de la Master-class de violon de Patrick Cohën-Akenine.
Puis, nous ne pouvons pas oublier Carl Philipp Emanuel Bach, qu’on a peu l’occasion d’entendre, mais aussi Pietro Locatelli, Niccolò Jommelli – dont nous avons écouté le Beatus Vir – et Michele Mascitti, mis à l’honneur par l’ensemble L’Aura Rilucente.
Cette édition s’appelle Célébrations, car nous célébrons aussi la vie à travers la fête, comme sous le chapiteau, qui s’ouvre à d’autres genres de musique.
Avec son programme varié le festival essaye de toucher plusieurs types de public.
Tout à fait. Il y a plusieurs rendez-vous consacrés aux enfants : l’Histoire du quatuor racontée par la conteuse Ariane Rousseau et le Quatuor Alfama ; Drumblebee, avec un quatuor beat et, pour finir, Les Esprits Animaux jouent avec le jargon baroque (basse continue, cordes en boyaux, ornementation) pour interpeller le public et l’initier au genre.
Ce projet, préparé pendant une résidence, a déjà eu beaucoup de succès avec les scolaires et nous en sommes très contents
Au fil des années nous avons vu le chapiteau développer son propre public et, pour favoriser son mélange avec celui de l’abbaye, nous avons inventé des “afters” pour que tout le monde puisse se retrouver à la fin des concerts dans un esprit festif.
Au bar du festival on peut donc passer un moment convivial en écoutant du tango avecWilliam Sabatier – pour célébrer la sortie du CD en hommage à Carlos Gardel chez Ambronay Éditions- mais aussi du jazz-baroque et de la musique des balkans.
Un de ces afters a été agrementé par une improvisation – par ailleurs très baroque – du percussioniste Keyvan Chemirani, du claveciniste Jean Rondeau et du théorbiste Thomas Dunford.
Le pari est déjà gagné : les gens sont ravis de rencontrer les musiciens et d’échanger autour d’un verre.
Une autre nouveauté de cette année est le Festival eeemerging.
Le festival est un projet de coopération avec huit partenaires européens, dans lequel nous sélectionnons quatre ensembles qui seront en résidence à Ambronay. Cette année il s’agit de L’Armonia degli Affetti, Seconda Pratica, La Botta Forte et Voces Suaves.
Nous acceptons des ensembles de moins de trois ans d’existence avec une moyenne d’âge de moins de 32 ans. Pour la cuvée 2015 nous avons reçu 100 candidatures parmi lesquelles seulement six seront retenues.
Pendant la résidence, les candidats sélectionnés bénéficieront de formations spécialisées, sur les sujets qui les intéressent, et seront aidés dans leur plan de communication. La première année ils réaliseront leur site Internet, la deuxième les 4 ensembles qui resteront travailleront à leur dossier de presse électronique et à un clip vidéo et la dernière année deux ensembles enregistreront leur premier disque avec le label Ambronay.
Parmi les six ensembles sélectionnés seulement deux arriveront à la fin de la résidence. Sur quels critères basez-vous ce choix ?
Nous sommes obligés de faire des choix, car malheureusement il n’y a pas de place pour tout le monde. Nos critères sont : la valeur européenne des projets, le répertoire et la qualité artistique, mais aussi la motivation des artistes, leur capacité à s’organiser et à solliciter des financements et leur impact sur le public.
Un ensemble qui se positionnerait par exemple sur le jeune public, serait intéressant, car c’est un créneau qui n’est pas très occupé.
En tout cas, il est intéressant de voir comment les sensibilités des jurys varient selon les pays : certains s’intéressent plus à la musique en elle même, tandis que d’autres privilégient l’aspect théâtral.
Êtes vous content de cette édition du festival ?
Le festival se passe très bien, je suis content d’accueillir ici des artistes pour la première fois, ainsi que d’y retrouver des fidèles comme William Christie et Jordi Savall.
La fréquentation est au-dessus des prévisions, avec des spectateurs de la région, de Lyon et de Genève, mais aussi des étrangers, entre autre des Israéliens, des Australiens et des Japonais.
Pour le reste… les artistes et le public sont contents : la qualité est au rendez-vous et le resto est bon !
Avez-vous déjà des idées pour 2015 ?
Nous débordons d’idées ! Il y aura sûrement des nouveautés et des belles collaborations, comme celle que nous avons fait cette année avec l’Auditorium de Lyon où, le 2 et 3 octobre prochains, Leonardo García Alarcón dirigera le Requiem de Mozart.