L'Ensemble Zoroastre en concert à la Cathédrale Américaine © Simone Strähle
L'Ensemble Zoroastre en concert à la Cathédrale Américaine © Simone Strähle

Mozart et Escaich par l’Ensemble Zoroastre: concert hommage à la Cathédrale Américaine

3 minutes de lecture

A l’occasion des commémorations des victimes de la Grande Guerre, l’Ensemble Zoroastre a donné, le 12 avril 2018, un concert à la Cathédrale Américaine de Paris. Au programme: Terra Desolata de Thierry Escaich (joué en présence du compositeur) et le Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart. L’occasion également de fêter la sortie du premier cd de l’ensemble.

Construite à partir de 1881, la cathédrale américaine de Paris est un lieu idéal pour organiser un concert commémoratif. En effet, cet édifice religieux de style néo-gothique abrite depuis 1923 un mémorial pour les soldats américains de la Grande Guerre. Ceci explique par ailleurs la présence de nombreux militaires et de hautes personnalités américaines à ce récital. Et c’est aussi pourquoi plusieurs discours sur les relations franco-américaines durant le premier conflit mondial ont été prononcés avant le concert.

L’Ensemble Zoroastre naît en 2012 (auparavant, il se nommait Ensemble Vocal de Paris) grâce à la cheffe d’orchestre Savitri de Rochefort. Originaire d’Inde, elle est l’une des rares cheffes à se produire régulièrement en France. Forte de son expérience culturelle et pédagogique, elle propose, avec l’Ensemble Zoroastre, des programmes mettant essentiellement en avant des œuvres sacrées (Vivaldi, Bach, Haendel, Rameau, Mozart…). Mais son activité pluridisciplinaire l’amène aussi à collaborer avec les meilleurs compositeurs et compositrices de notre temps (citons Thierry Escaich et Célia Triplet).

En première partie de concert, l’ensemble a interprété Terra Desolata de Thierry Escaich. L’oeuvre, d’une durée de dix minutes environ, résulte d’une commande passée en 2001 par Musique Nouvelle en Liberté au compositeur. Thierry Escaich, soucieux d’explorer de nouveaux horizons sonores, choisit pour formation un chœur mixte, un orchestre à cordes baroque, un orgue et un théorbe.
Le texte de Terra Desolata fait référence au livre de Jérémie au chapitre 12, versets 11-13 dans la version de la Vulgate. Ce passage de la Bible correspond à “une plainte du Seigneur qui va devoir livrer sa maison aux destructeurs”. C’est pourquoi, Thierry Escaich a choisi d’utiliser de larges sonorités sombres pour illustrer musicalement cet épisode.

Afin de mieux mettre en évidence cette atmosphère, Savitri de Rochefort et Thierry Escaich se sont servis de l’acoustique propice de la cathédrale américaine. Cette église possède des proportions adaptées : en effet, elle n’est ni trop petite, ni trop grande. En conséquence, c’est un lieu idéal pour accueillir des formations comme l’Ensemble Zoroastre.

Rappelons que lors de sa création en 2002, Terra Desolata a été jouée par Le Concert Spirituel dirigé par Hervé Niquet.

 

Une direction énergique et souple

En deuxième partie de concert, Savitri de Rochefort avait choisi le Requiem de Mozart.

Alors que le compositeur est déjà très souffrant, il reçoit un jour la visite d’un étrange messager venu le voir pour lui commander un Requiem. Ayant besoin d’argent, Mozart s’exécute mais comprend aussi que c’est son propre Requiem qu’il est en train d’écrire… De ce fait, il n’aura pas le temps d’en achever la composition et cette oeuvre sera reprise par son disciple Sussmayr (ajout du Sanctus, du Benedictus et de l’Agnus Dei).

En quête d’authenticité, tant dans le texte que dans la musique, dans une oeuvre riche par ses harmonies et complexe en raison de son succès posthume, la cheffe de l’Ensemble Zoroastre se distingue par sa direction à la fois énergique (notamment dans le Dies Irae, le Confutatis et le Lacrimosa, qui demandent une puissance presque surnaturelle) et souple. C’est grâce à un contact privilégié avec ses musiciens ainsi qu’avec son professeur Thierry Escaich que Savitri de Rochefort peut mettre en valeur une interprétation intéressante du Requiem de Mozart.

Pour ce travail d’envergure, Savitri de Rochefort a fait appel à Claude Massoz, chef de choeur qui a permis aux choristes de livrer une prestation remarquée tant sur le plan musical (choix des nuances, du souffle) que textuel (diction des textes en latin).

 

Un disque avec Thierry Escaich

De nos jours, le disque constitue un moment important dans la carrière d’un musicien. Et c’est pour un enregistrement que l’ensemble Zoroastre a étroitement collaboré avec le compositeur Thierry Escaich. Le cd “Terra Desolata“, qui comporte également le Miserere en ré Mineur de Johann Adolf Hasse, propose de découvrir ou redécouvrir des compositions qui ne sont que trop rarement données en France.
Paru sous le label Klarthe, le disque se conclut avec le lumineux Dixit Dominus de Georg Friedrich Haendel.

A l’issue du concert, le public pouvait se procurer l’album enregistré à l’abbaye du Bec-Hellouin. Une manière de montrer l’attachement que les musiciens portent à la musique sacrée et à ses lieux de diffusion. Espérons que l’ensemble Zoroastre puisse proposer d’autres concerts aussi variés que celui-ci qui restera sans nul doute dans les mémoires des auditeurs.

 

 


Le site officiel de l’Ensemble Zoroastre, direction Savitri de Rochefort: http://ensemble-zoroastre.fr/

Le site officiel de Thierry Escaich  http://www.escaich.org/

Une biographie de Claude Massoz http://cmassozartistelyrique.blogspot.fr/p/chef-de-choeur.html

Abbaye du Bec-Hellouin: http://www.bec-hellouin.fr/

Ingénieur en mécanique, mais aussi titulaire d'un master international de musique et musicologie (université Paris-Sorbonne et Université de Sarrebrück) ainsi que d'une licence de sciences, je suis passionné par les instruments et la musique classique depuis mon enfance. Ma jeune carrière m'a permis d'avoir une opportunité à Safran Transmission Systems de 2017 à 2020. En tant que violoncelliste amateur, j'ai participé à l'Annecy Classic Orchestra avec Fayçal Karoui et Denis Matsuev en 2014 et 2015 et au Festival Berlioz en 2016.

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