Nous avons rencontré Ewen d’Aviau de Ternay, ingénieur luthier au service des arts et lauréat de la Fondation Banque Populaire.
Comment avez-vous décidé de vous orienter vers la lutherie?
Dans ma famille la danse et la musique étaient des valeurs très ancrées, en particulier la danse traditionnelle typique de ma région.
Je suis dyslexique et dyspraxique, et à 18 ans, suivi par des orthophonistes, j’ai pu compenser de nombreux problèmes en orthographe, en graphie et en calcul. Pendant mes études d’ingénieur j’ai ensuite progressé dans le déchiffrage des symboles, des gestes et de la motricité fine, grâce à ma mère, enseignante de danse pour enfants, qui a adapté ses cours pour moi.
Après être devenu ingénieur, j’ai suivi des cours de biomécanique et de neuroscience en Suède. La rencontre avec une personne qui utilisait les mathématiques pour créer des logiciels afin de fabriquer des instruments, m’a donné la passion pour la lutherie.

Ensuite j’ai développé une nouvelle méthode pour aider les DYS (dyslexiques) à apprendre le solfège et les aider à lire des lettres et cela leur a donné envie de jouer de la musique.
J’ai donc fait un sondage pour trouver l’instrument le plus adapté ; en rencontrant des gens avec des troubles d’apprentissage, du TDHA (Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) ou de l’autisme léger, j’ai découvert une dyslexie relative à la reconnaissance des motifs, des intervalles musicaux, que j’ai appelé I.
La confusion vient du fait que comme les sons ne sont pas purs, pour les DYS il est impossible de reconnaître le son prépondérant au milieu des harmoniques.
C’est ainsi que vous avez créé l’Octodyna ?
Oui, en 2014 j’ai développé l’Octodyna : un instrument de musique avec un système d’écoute par le toucher qui permet un retour kinesthésique. Il dispose d’un clavier coloré pour se repérer facilement et avoir une illustration graphique de la musique directement sur l’instrument.
Avec l’Octodyna on peut composer via des dessins et des couleurs : l’instrument devient alors le « petit lapin d’Alice au pays des merveilles » et permet la recherche sur les gammes, les modes et les substitutions.
Il permet d’accéder à la musique improvisée sans rationaliser et c’est également aussi un outil de musicothérapie.

Comment la Fondation Banque Populaire vous a-t-elle aidé dans ce parcours de création?
La Fondation Banque Populaire m’a permis de finaliser la méthode, l’antisèche musicale et de transposer l’Octodyna à l’accordéon, en créant l’Approdéon à soufflet, dont le nom est composé des mots apprentissage et accordéon.
En plus de celle de luthier, portez-vous également d’autres casquettes?
Outre la lutherie traditionnelle, je croise mes compétences pour créer des instruments qui résolvent des problématiques pédagogiques ou techniques. Je suis également musicien : avec mon frère nous jouons du répertoire traditionnel oublié de Mayenne, que nous faisons découvrir, ainsi que de la danse.

Liens :
Site officiel
Catalogue
Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la Fondation Banque Populaire.