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Hommage à la musique d’orgue française à la Madeleine

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Le dimanche 11 janvier 2015, un récital d’orgue était proposé à l’église de la Madeleine, dans le cadre des Dimanches Musicaux de la Madeleine. Aux claviers, Tobias Gotting nous proposait un programme entièrement tourné vers les compositeurs français (Lefébure-Wély, Dubois, Widor, Vierne, Duruflé, Françaix). Les compositeurs étaient principalement de la période symphonique post-romantique, soit en parfaite adéquation avec ce grand instrument Cavaillé-Coll de la Madeleine. Cet hommage aux compositeurs français est d’autant plus remarquable que Tobias Götting est allemand, titulaire de l’orgue de la cathédrale d’Oldenburg (Basse-Saxe). Son passage en France pour se perfectionner avec des maîtres comme Daniel Roth peut expliquer cet intérêt pour l’écriture française.

L’ouverture avec un Noël de Théodore Dubois ouvrit la scène majestueusement sur les jeux d’anches. Puis vint le délicat Chant Pastoral, une pièce mélancolique dont le thème est porté par le basson-hautbois du récit.

La pièce suivante, Méditation improvisée, est particulière puisqu’elle n’a pas été écrite par son créateur : il s’agit de la transcription effectuée par Maurice Duruflé à partir d’un enregistrement de Louis Vierne. Comme son nom l’indique, elle se prête particulièrement à la méditation…

Le Prélude et Fugue sur le nom d’Alain (Op. 7) de Duruflé est une pièce particulièrement forte à la fois pour le symbole de reconnaissance envers Jehan Alain, mort pour la France en 1940, et comme richesse de la composition d’orgue française. On reconnaît ainsi tout au long de la pièce le thème du nom d’Alain (A.D.A.A.F.) développée avec ténacité et virtuosité.

De Jean Françaix, nous avons pu entendre la Suite Carmélite, une suite de six très courtes pièces ; d’une grande légèreté, elles sont de nature descriptive laissant imaginer des traits de caractère des religieuses. Ces différents caractères sont incarnés par des registres bien particuliers de l’orgue comme le nazard et le basson-hautbois.

Également dans le style de la légèreté, viennent une suite de pièces de Lefébure-Wély, qui fut comme Dubois titulaire de l’orgue de la Madeleine. Il est dit qu’il attirait les foules de l’époque et on comprend aisément pourquoi en l’écoutant ! Contemporain d’Offenbach, sa musique est parfois qualifiée de « musique de foire ». L’échantillon interprété ici (Prélude, Verset, Communion et Marche) représente à la fois le côté romantique et le côté populaire de son œuvre. La Communion a mis en valeur la voix céleste, registre particulièrement emblématique de l’époque de Lefébure-Wély.

Ce concert de qualité, tant sur la programmation que sur l’interprétation, se clôtura sur le virtuose Allegro de la sixième symphonie de Widor. Composée en sol mineur, elle comporte de nombreux rebondissements au sein d’un développement agité. Il ne s’agit « que » de l’Allegro, le premier mouvement de la symphonie, et pourtant sa conclusion est si triomphante, si brillante avec les chamades de l’orgue de la Madeleine, qu’on apprécie finalement de se séparer sur ces dernières notes.

 

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