Olivier Latry © Jean-Baptiste Millot
Olivier Latry © Jean-Baptiste Millot

Stravinsky à Notre-Dame

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Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris proposait un concert « Stravinsky » mardi 14 avril, dont la première partie consistait en la Messe de Stravinsky pour chœur et double quintette à vent.

La première impression est d’un effectif modeste pour un lieu aussi vaste : une trentaine de choristes du chœur d’adultes et du jeune ensemble, et dix musiciens. Les deux hautbois brisent le silence en jetant la première note du Kyrie.
Alors une seconde impression apparaît : celle d’une œuvre dépouillée dans un lieu aussi imposant. Mais les mesures s’enchaînant, une certaine lumière se fait. Sous la direction d’Henry Chalet, la Maîtrise de Notre-Dame et l’Orchestre du Conservatoire de Paris installent une atmosphère bien particulière. C’est finalement dans ces volumes de la cathédrale, ce lien physique entre les musiciens et le lieu, que l’œuvre prend vie : l’acoustique généreuse illumine l’œuvre et permet de savourer les silences et les fins de phrases.

L’accompagnement par l’orchestre est subtil, minimaliste. Tantôt il sustente, tantôt il entraîne le chœur par des rythmes d’une grande simplicité mais tout autant tenaces.
L’association des motifs vocaux anciens et des cuivres contribuent à créer cette ambiance atypique, les cuivres apportant une certaine chaleur dans le caractère dépouillé de l’œuvre.

En deuxième partie, c’est Le Sacre du Printemps. Si le style reste proche, la nature contraste puisqu’il s’agit ici de la version pour piano à quatre mains interprétée sur le Grand Orgue par Shin-Young Lee et Olivier Latry.

Avec ses ouvertures intrigantes, ses rythmes soutenus, on se laisse facilement aller à notre imagination. Il était même certainement difficile pour beaucoup de ne pas se remémorer la mise en image effectuée par Walt Disney dans son chef-d’œuvre Fantasia.

Quelles que soient les références, on a pu apprécier tout le contraste, la dynamique, les couleurs d’un orchestre, permis par la quantité et la variété des registres mais surtout par les nombreux plans sonores disponibles sur cet orgue. De la douceur de la brise de printemps au fracas de l’éclair, la palette des sensations sonores est large et pleinement illustrée par cette œuvre.

Les anches du Grand Orgue, et particulièrement les chamades, font d’une certaine manière écho aux cuivres utilisés dans la Messe.

Cette palette des registres à disposition des organistes ne serait rien sans les talents de Shin-Young Lee et d’Olivier Latry. L’œuvre pour quatre mains demande à la fois une grande virtuosité et une véritable symbiose pour que ressortent de leurs deux personnes l’impression d’un orchestre symphonique complet. Leur performance a été d’ailleurs fait l’objet d’un enregistrement CD (Trois Danses, éditions BNL).

Ce programme Stravinsky fut donc une belle réussite, de la subtilité du chœur et orchestre à la virtuosité des organistes. Et une occasion de rappeler la dimension orchestrale de l’orgue de Notre-Dame de Paris.

 


Mardi 14 avril 2015 à Notre-Dame de Paris

Igor Stravinsky
Le Sacre du Printemps pour piano à quatre mains, transcription de l’auteur
Messe pour chœur mixte et double quintette à vent

Olivier Latry – grand orgue
Shin-Young Lee – grand orgue
Maîtrise Notre-Dame de Paris
Orchestre du Conservatoire de Paris
Henri Chalet – direction

Prochain concert organisé par Musique Sacrée à Notre-Dame : mardi 21 avril.

 

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