Lundi 9 octobre au Théâtre des Bouffes du Nord, la Belle Saison a soufflé ses bougies de 10 ans autour des artistes qui leur sont fidèles depuis sa création. Classicagenda y a assisté.
Musique de chambre sur l’ensemble des territoires
Née il y a 10 ans à l’initiative du Théâtre des Bouffes du Nord, le projet de la Belle Saison semble s’inscrire sur la durée. Sa saison musicale a considérablement élargi son réseau de représentation en 10 ans : nous comptons aujourd’hui Arles, Béziers, Blois, Bruxelles-Waterloo, Chambord, Cherbourg-en-Cotentin, Coulommiers, Evian, Isère, Metz, Saint-Jean-de-Luz, Saint-Dizier, Saint-Omer et Sceaux avec les 15 théâtres, festivals et salles de concert, dotés d’une acoustique de qualité et d’un jauge convenable à la musique de chambre.
Au cours des dix saisons, une centaine de projets, du répertoire baroque à la création contemporaine, ont vu le jour avec 700 concerts. Parmi les artistes de très haut niveau qui ont réalisé ces projets, il y a aussi bien des jeunes talents que des solistes de renommée internationale.
Autre axe importante de la Belle Saison est l’action de pédagogie artistique et culturelle. Les artistes de la dixième édition seront associés aux bénéficiaires de l’ensemble des territoires. En tant que partenaire du CNSM et du Concours International de Musique de Chambre de Lyon, la Belle Saison ne cesse de promouvoir les jeunes artistes à travers sa programmation.
Le programme de la soirée anniversaire est conçu en mode crescendo ; un jeune trio commence la soirée avec l’œuvre de Ravel, ensuite le Quatuor Hermès ayant déjà une solide notoriété joue l’opus 96 d’Antonin Dvorák « Américain ». Et pour terminer, Pierre Fouchenneret au violon, Xavier Philips au violoncelle et Jean-Frédéric Neuburger au piano, les trois grands solistes, sont accompagnés de l’Orchestre Ostinato, sous la direction de Jean-François Heisser, dans l’exigeant Triple concerto, op.56 de Beethoven.
Artiste résident pour les 2 prochaines saisons
Le Trio Pantoum qui a gagné les concours internationaux de musique de chambre de Lyon, Osaka et Melbourne ouvre la soirée. Au début du trio en la mineur de Ravel, le piano de Virgile Roche est très feutré et délicat. Cette mystérieuse ambiance est suivie par Hugo Meder, violon, et Bogeun Park, violoncelle. Mais aussitôt, l’atmosphère bascule vite vers un large spectre sonore violent. Les trois musiciens se transportent sur l’œuvre. Et tout cela est géré sous un contrôle scrupuleux. Dotés d’une technique époustouflante, les trois musiciens sont en effet des virtuoses mais cachent bien leurs jeux : leur geste est loin d’être exagéré et une sorte de sérénité règne dans leur trio de Ravel grâce à une maitrise parfaite de l’œuvre.
L’avenir du jeune ensemble est plus que prometteur avec une identité visuelle et sonore bien distinctes. Le Trio Pantoum sera l’artiste résident pour les 2 prochaines saisons. A suivre…
Une symbiose exemplaire du Quatuor Hermès
Le jeune ensemble écoutait il y a quelques années en public son ainé le Quatuor Ebène dans ce même théâtre en imaginant de s’y produire un jour… Leur joie et émotion de jouer dans ce lieu est d’autant plus amplifiées qu’il préparait un projet pour la Belle Saison en 2020, mais avait été forcé de l’abandonner suite au Covid-19. Les quatre musiciens ont une symbiose exemplaire. L’homogénéité du volume sonore et du timbre se dégageant des quatre instruments à cordes faisait penser que chaque voix sonnait dans celles des autres.
Multiple facettes du Triple concerto de Beethoven
Dans le contexte quasi intimiste du théâtre des Bouffes du Nord, l’Orchestre Ostinato qui a un effectif de chambre, a joué le Triple concerto de Beethoven. Pierre Fouchenneret au violon, Xavier Philips au violoncelle et Jean-Frédéric Neuburger au piano formaient le trio soliste pour ce soir.
Après le tutti de l’orchestre, le violoncelle solo ouvre le thème qui est suivi par le violon solo, et ensuite le piano le reprend… Dans leur jeu, multiple facettes de l’œuvre ont été ressenties : ça sonnait tantôt comme une musique de chambre, tantôt comme une symphonie. Les passages de virtuosité n’y manquaient pas pour les solistes. Aussi, le public remarque l’épreuve quasi athlétique réservée au pianiste, la tourne-pages de cette exigeante partition a procuré une sensation supplémentaire au public.
La Coda d’un esprit Scherzo est espiègle, joviale et pétillante comme du champagne pour fêter les 10 an !
Un bel avenir s’annonce
Les artistes et les mélomanes fidèles étaient présents sur scène ou en public, une belle manière de rendre hommage aux 10 dernières années et à un bel avenir qui s’annonce pour les années à venir avec autant d’aventures humaines et artistiques.