Jean-François Zygel © Thibault Stipal / Naïve
Jean-François Zygel © Thibault Stipal / Naïve

Zygel nous met en appétit avec Vivaldi

2 minutes de lecture

Jean-François Zygel reprend du service cette année encore à la salle Gaveau : le temps de la pause méridienne, il nous propose de savourer un menu musical surprise autour d’un grand compositeur. Ce mercredi 28 janvier, le chef invité était Vivaldi, servi par le célèbre pédagogue-improvisateur au piano.

En descendant la rue de la Boétie, à l’heure du déjeuner et le ventre encore vide, je m’interrogeais : peut-on percevoir la beauté, quelles que soient les circonstances dans lesquelles elle s’offre à nous ? Des études ont déjà sondé cette question, mais cette fois-ci, je m’apprêtais à vivre personnellement l’expérience : arriverai-je à apprécier un concert « plateau-repas » entre collègues, intercalé entre deux réunions et trois formules Excel ?

Zygel nous met à l’aise : il nous a conviés à son concert comme on invite des amis à dîner. Priorité à la convivialité et au plaisir, sans oublier la touche d’intimité nécessaire pour en faire un moment privilégié.

Aujourd’hui, Jean-François Zygel et son piano nous emmènent à la (re)découverte de Vivaldi, choix d’autant plus étonnant que cet instrument n’existait pas encore à l’époque du compositeur. Nous commençons par une mise en bouche des plus classiques, avec deux salades de Printemps et leurs variations improvisées. Le célébrissime thème des Quatre Saisons est exposé comme une comptine, peut-être pour nous rappeler que la musique est pour lui un jeu d’enfant, avant de traverser les siècles et de s’achever sur des accents contemporains. Les improvisations se poursuivent ensuite sur le thème de L’Eté, puis sur celui d’un concerto pour violon : l’occasion de souligner que le tube des Quatre Saisons a occulté l’extraordinaire richesse du catalogue de Vivaldi, qui ne compte, entre autres, pas moins de 500 concertos et près de 100 opéras. Justement, une fois n’est pas coutume, l’opéra arrive en milieu de repas avec une improvisation sur un extrait d’Orlando, précédée de celle sur un Magnificat. Une farandole de dégustations se succèdent encore, puis Jean-François Zygel accepte de nous livrer l’astuce du chef, en mettant en lumière les similarités de construction que l’on retrouve dans différents thèmes de Vivaldi. Pour terminer, nous finissons par une douceur d’Hiver, en version romantique : retour au plus célèbre concerto du compositeur… C’est bien connu, toute chose a sa saison, mais les saisons avant toute chose !

Pour les moins pressés, il est possible de prolonger les échanges avec le pianiste après le concert autour d’un repas pris sur le pouce. On pourrait regretter la part (un peu trop ?) belle réservée au tube interplanétaire de Vivaldi, qui n’a pas permis de développer davantage, au sein de ce créneau horaire serré, les autres œuvres moins connues. Mais lorsque l’ensemble de la carte est appétissante, il faut bien faire des choix : rappelons que ce format est d’abord là pour mettre l’eau à la bouche et donner envie de goûter à d’autres spécialités du chef.

Pari réussi donc : une heure de concert, montre en main, qui permet de suspendre le cours de sa journée et d’agrémenter sa pause d’une nourriture culturelle, qu’on accueille finalement avec d’autant plus d’enthousiasme qu’on ne l’attend pas sur ce créneau.

Comme l’a dit l’improvisateur médiatique, « écouter Vivaldi, c’est se faire du bien ». Ecouter Zygel à la salle Gaveau aussi.

 


En savoir plus :

Le classique selon Zygel

Prochain concert : Jean-François Zygel joue avec Prokofiev
11 février de 12h30 à 13h30 à la salle Gaveau

Réservations :
www.sallegaveau.com
contact@sallegaveau.com
01 49 53 05 07

 

« Prends un bain de musique une à deux fois par semaine pendant quelques années et tu verras que la musique est à l’âme ce que l’eau du bain est au corps. » (Oliver Wendell Holmes). Avec mes chroniques, je souhaite partager les effets bénéfiques de ces bains de jouvence et convaincre de nouvelles oreilles de faire le grand plongeon!

Derniers articles de Chronique