© Molina visuals
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A la recherche de l’âme viennoise par un compte à rebours…

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La ville centrale des lumières musicales est à l’honneur du dernier concert du quatuor Diotima au Théâtre des Bouffes du Nord. Oui, c’est à Vienne, ville qui a nourri tant d’esprits musicaux au cours des trois derniers siècles, que les quatre musiciens du quatuor Diotima accompagnés du pianiste David Kadouch nous ont emmené. Ils nous ont proposé un programme construit de façon originale et inventive…grâce à un voyage dans le temps antéchronologique : en commençant par György Ligeti (1923-2006), hongrois d’origine et viennois d’adoption, Anton Webern (1883-1945), digne représentant de la seconde École de Vienne inaugurée par Schoenberg, et enfin Johannes Brahms (1833-1897), lui-même dans la directe filiation de la première École de Vienne.

La modernité et la profondeur de la sonorité du Quatuor n°2 de Ligeti inaugurent le concert pour toucher le fond du coeur et l’âme du public. La recherche de différentes couleurs, un certain jusqu’au-boutisme propre au compositeur hongrois par la tentative de trouver de nouvelles matières sonores dans de nouvelles structures harmoniques, ont mis à rude épreuve la techniques de nos quatre musiciens.

Paysage paisible qui se dévoile petit à petit dans le Langsamer Satz de Webern pour quatuor à cordes…

Après l’esthétique contemporaine puis post-romantique de la première partie, voici le romantisme qui s’invite.

Le Quintette avec piano de Brahms respire vigueur et énergie avec la présence de David Kadouch au clavier, je dirais même une certaine impétuosité. Nous comprenons que la violence des scherzos et du finale, exprimée avec le souvenir du quatuor de Ligeti précédemment joué, est le mot d’ordre de leur inspiration interprétative : le premier mouvement (Allegro non troppo) de Brahms rejoint l’Allegro nervoso du quatuor de Ligeti, comme le scherzo et finale rejoint le quatrième mouvement du Ligeti.

La tendresse du mouvement lent (Andante, un poco Adagio) apaise le coeur excité et mouvementé du public. Cette douceur rappelle résolument le Langsamer Satz de Webern.  Ici la violence est savamment maîtrisée et calmée.

Si le programme et le style d’interprétation organiquement bien construits sont plutôt une belle réussite pour ce concert de musique de chambre peu conformiste, le Quintette avec piano en mi majeur, op.15 de Erich Korngold aurait été un intéressant et légitime complément de programme… Pour leur prochain programme peut-être ?

 


Théâtre des Bouffes du Nord, le 19 janvier 2015

Quatuor Diotima
David Kadouch, piano

Anton Webern : Langsamer Satz
György Ligeti : Quatuor n°2
Johannes Brahms : Quintette avec piano en fa mineur, op. 34

 

Passionnée de musique depuis son plus jeune âge et pianiste accompagnatrice, Marine partage ses émotions au travers de ses chroniques. Elle collabore en tant que rédactrice avec différents médias français et coréens spécialisés dans la musique classique. Diplômée du cursus professionnel « Administrateur / Producteur Projets Musicaux » à l’Université Paris X, Marine est conseillère artistique et développe divers projets artistiques.

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