Adepte de musique de chambre, Armance Quéro (violoncelle) a donné, avec Joseph Birnbaum (piano) et Lambert Wilson (acteur), un concert-lecture le 12 octobre 2017 au musée Jean-Jacques Henner à Paris, afin de présenter le nouveau disque “Jeux à la Française” paru chez le label Etcetera.
Quel est l’origine du projet “Jeux à la française” ?
J’ai eu l’opportunité en juin 2014 de faire un CD (grâce entres autres à la bourse de la Fondation de France) et nous avons alors réfléchi avec Joseph à un programme centré autour d’œuvres qui nous parlaient, soit par leur familiarité, soit au contraire par leur nouveauté ou leur singularité.
Lors de votre prestation sur scène, le public pouvait sentir que vous étiez en très bon terme avec votre partenaire musical : comment avez-vous commencé à jouer ensemble ?
Nous nous connaissons en effet depuis de nombreuses années car, sans être dans les mêmes classes, nous étions dans le même établissement scolaire, au collège Rognoni dans le quartier latin (établissement dédié aux jeunes artistes). C’est aussi une histoire de fratries croisées, car Joseph était en classe avec ma sœur ; et moi j’étais davantage proche de sa sœur à lui, actuellement violoncelliste au Capitole de Toulouse !
Vous appréciez particulièrement la musique française : pouvez-vous nous dire ce qui vous attire dans ce répertoire ?
A vrai dire ce n’est pas tant la spécificité française qui nous a attiré au départ, le chemin s’étant fait un peu dans l’autre sens : nous avons tous les deux eu un coup de cœur pour la Sonate de Vierne et nous avons construit le programme du disque en « prospectant » les compositeurs de l’époque, avant d’intégrer, comme un miroir contemporain, le Nocturne de Thierry Escaich et ainsi dessiner l’idée d’un disque consacré à la musique française.
Nous avons été étonnés du fait que, même si ces œuvres ont des formes et des appellations diverses (sonates, pièces courtes…), et malgré des styles d’écriture très hétérogènes (pensez que la Sonate de Vierne n’a que cinq ans de moins que celle de Debussy !), on peut sentir un discours, une trame, qui découlent de leur héritage commun et les relient, les assemblent. C’est aussi ce paradoxe qui nous a enthousiasmés.
Pourquoi avez-vous associé la musique de Debussy à celle de trois grands organistes français ?
Il nous a semblé judicieux pour un premier CD d’associer une œuvre phare comme la sonate de Debussy à celles de trois grands organistes, pour le coup moins jouées et de montrer ainsi plusieurs points de vue sur ce répertoire qu’est la musique pour violoncelle et piano. Aux pièces de Louis Vierne et Charles-Marie Widor tous deux organistes, nous avons voulu associer le Nocturne de Thierry Escaich (lui aussi grand organiste et improvisateur), une pièce aux sonorités sombres, datant de 1997.
Pour la présentation du CD au public, vous avez collaboré avec Lambert Wilson, acteur et chanteur : que vous a-t’elle apporté cette expérience ?
Nous avons souhaité présenter les œuvres de notre CD lors d’un concert-lecture aux côtés de Lambert Wilson, qui a eu la gentillesse de s’associer au projet. Il a lu des poèmes dont les auteurs (Mallarmé, de Banville, Bourget, Hugo…) ont vu le plus souvent leurs textes être mis en musique par les compositeurs du CD, à travers des cycles de mélodies. Lambert nous a apporté un regard complémentaire sur l’esthétique de la fin XIXème/ début XXème, en installant par sa voix et sa diction parfaite une ambiance poétique et musicale.
Quelles ont été vos impressions pendant la présentation de votre album ?
Nous avons eu beaucoup d’émotions pendant toute cette période : depuis la genèse de l’album – penser le programme, organiser les détails pratiques (où, quand et comment, avec qui, combien…) – jusqu’à l’enregistrement en lui-même ; puis durant la réalisation du master et enfin la sortie du disque en lui-même. Nous avons connu des moments d’excitation, de doute, de joie, de fatigue et de fierté. C’est une grande expérience, très enrichissante.
Pourquoi avez-vous souhaité lancer votre CD au musée Jean Jacques Henner ?
Nous connaissons bien le musée national Jean-Jacques Henner ainsi que Cécile Cayol qui s’occupe de la programmation culturelle. Nous nous y sommes produits fréquemment à l’occasion d’événements musicaux mais aussi pluridisciplinaires, notamment avec des danseurs de l’Opéra de Paris. Nous aimions bien le côté intimiste de cet ancien hôtel particulier, propriété du peintre Guillaume Dubufe, transformé ensuite en musée. Ce lieu est aussi le symbole de l’effervescence artistique qui régnait fin XIXème/ début XXème dans la Plaine Monceau, où peintres, auteurs et musiciens habitaient (Debussy habitait ainsi à deux pas du musée, rue Cardinet).
Comment s’est passée la rencontre avec Thierry Escaich, dont vous avez enregistré le Nocturne ?
Nous avons eu la chance d’aller jouer le Nocturne à Thierry Escaich peu avant l’enregistrement ! C’est toujours passionnant de pouvoir rencontrer le compositeur. Celui-ci peut notamment nous éclairer sur l’atmosphère générale voulue, les effets souhaités, les équilibres sonores qu’il a imaginés etc. La compréhension que l’on a d’une œuvre est ainsi significativement approfondie.
Quels sont vos projets ?
Nous avons des concerts en duo dans les prochains mois, liés notamment à la sortie du disque (radios etc.) mais nous continuons à rechercher du répertoire et réfléchissons à un prochain enregistrement !
En savoir plus :
Le site officiel
d’Armance Quéro