© Paweł Cieśla Staszek Szybki Jest [GFDL], via Wikimedia Commons
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Kafka fragments de György Kurtág

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Kafka fragments : Quarante aphorismes, patiemment choisis par György Kurtág dans les carnets intimes de l’écrivain, nous révèlent différentes facettes de son intimité, sa lucidité, ses fragilités.

 

Dimanche 30 novembre 2014

18h30, heure de l’apéritif. Vin chaud, marrons et bretzels sur la place des Abbesses, ballons de rouge et demis pression aux terrasses de la rue Lepic. Quelques mètres en contrebas, à la Galerie Hus, Donatienne Michel-Dansac et Jeanne-Marie Conquer ont pris place sous une grande toile de Bram van Velde. Sur les murs, quelques photogrammes de Josef Nadj et un étrange portrait au fusain de Sam Szafran retiennent mon attention.

La salle est comble, on installe quelques sièges supplémentaires pour les retardataires. Nous sommes finalement une cinquantaine de passagers prêts à embarquer pour cet étonnant voyage musical dans l’univers de Franz Kafka.

Quarante aphorismes, patiemment choisis par György Kurtág dans les carnets intimes de l’écrivain, nous révèlent différentes facettes de son intimité, sa lucidité, ses fragilités. Dans l’un d’eux, Kafka confie: “Je ne peux… pas vraiment raconter, et même presque pas parler; quand je raconte, j’ai la plupart du temps un sentiment analogue à celui que pourraient connaître de petits enfants qui font leurs premiers pas”.

La musique de Kurtág, intuitive et sensible, se passe également d’explication : chaque fragment, d’une pureté minimaliste, livre une vision fulgurante, un condensé d’émotion. Au delà des effets et de la virtuosité, les deux musiciennes ont su, pendant près d’une heure, habiter l’espace, faire vivre les silences, suggérer ce qui n’est pas montré mais qui pourtant est essentiel.

“Nous rampâmes dans la poussière : Un couple de serpents.” C’est sur cette vision toute Kafkaïenne que s’efface doucement la musique de Kurtag. Cette musique, la seule capable peut-être de recréer l’unité de l’homme fragmenté.

Une buée épaisse a recouvert les vitres de la galerie. Le bourdonnement des conversations reprend. “Les bons vont du même pas. Sans rien savoir d’eux, les autres dansent autour d’eux les danses du temps.”

Parallèlement à ses activités de recherche en biologie à l'Université de Genève, Lydie Lane est violoncelliste dans plusieurs ensembles amateurs. Désireuse d'établir de nouveaux ponts entre musique et sciences, elle coordonne depuis 2013 le projet Opus23 - Music for a Gene, avec le compositeur Olivier Calmel et plusieurs solistes de l'Orchestre de la Suisse Romande. Elle fréquente les salles de concert parisiennes et genevoises, avec une prédilection pour la musique de chambre et particulièrement le quatuor à cordes. Elle suit également avec intérêt l'actualité de la danse contemporaine.

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