Allées Musicora © DR
Allées Musicora © DR

Nous y étions : Musicora

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Après quelques années d’interruption, les cartes de visites ont de nouveau pu changer de mains à la Villette ce week-end. Après l’annonce du rachat du salon Musicora en décembre 2013 par la société “Musicora”, nous attendions avec impatience de voir le nouveau visage de ce rendez-vous des professionnels de la musique.

Sous le toit de la Grande Halle de la Villette – entre le CNSMD de Paris et la toute neuve Philharmonie – Classicagenda a donc profité de ce renouveau pour ouvrir son stand dans le pavillon numérique soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication, entre la start-up qui forme les intervenants musicaux en milieux scolaires et celle qui présente une appli pour travailler son oreille.

Evidemment, nous n’avons pas pu nous empêcher de nous promener un petit peu dans les allées, dans une débauche de traits virtuoses de violonistes venus essayer leur prochain instrument.

Musicora, c’est à la fois un salon et un festival : au planning, extrêmement chargé, figurent des événements en tous genres, du très attendu colloque international sur “la musique classique et ses publics à l’ère du numérique” qui présentait les résultats de l’enquête menée par Stéphane Dorin, à l’improvisation géante animée par Ibrahim Maalouf en passant par des conférences sur le financement de projets européens favorisant la recherche sur l’usage du bois dans les instruments de musique.

Il y en avait pour tous les goûts, ce qui était d’ailleurs reflété par l’éclectisme des métiers représentés par les stands du salon. Les luthiers étaient peut-être en léger recul par rapport aux autres années : force est de constater que, malgré la présence de quelques facteurs et de quelques revendeurs, la part belle était surtout donnée à tous ces métiers qui accompagnent les interprètes et les acteurs du monde de la musique.

Conservatoires, maisons d’édition, vendeurs de disques, labels, accessoires : tous ces stands, absolument nécessaires pour accompagner à tous les niveaux les musiciens, ont finalement surtout mis en valeur le silence qui régnait durant cette édition. L’habituelle joyeuse cacophonie, inévitable lorsque des facteurs viennent présenter les instruments, a laissé la place à une atmosphère plus sérieuse : ça discute, ça rencontre, ça négocie.

Plusieurs points retiennent notre attention néanmoins : les ateliers musicaux, la présence de la musique numérique et les concerts en marge du salon. En marchant, nous pouvions regarder une bande de joyeux bambins essayer dans les studios latéraux des trompettes ou des violons sous le regard attendri des parents et très compétent des animateurs chargés de leur faire découvrir ces instruments.

Beaucoup de personnes s’étaient aussi déplacées pour écouter les artistes invités par le festival : Thomas Enhco, Jean Rondeau, Edgar Moreau, Raphaël Sévère, Conrad Tao, Chad Hoopes, Juliana Steinbach, Sébastien Llinares, Sabine Meyer, le quatuor Modigliani et bien d’autres encore.

C’était le cas du claveciniste amateur que nous avons rencontré à notre stand : passionné de musique sans être professionnel, il serait “bien venu essayer des clavecins” mais en leur (relative) absence, il a surtout “profité du récital de Jean Rondeau”. D’autres personnes venues essayer les instruments ont quand même pu trouver leur bonheur dans les concerts de la salle Boris Vian de la Grande Halle de la Villette.

C’est surtout la présence du numérique qui selon nous était la marque de cette édition 2015 du Salon Musicora : des conférences sur la communication et l’avenir de la musique à l’ère du numérique aux stands présentant des applis et des logiciels, le Salon semble être le parfait reflet du monde musical aujourd’hui.

Weezic par exemple, fruit de l’imagination de jeunes ingénieurs des Mines et de Centrale, propose une pratique musicale réinventée, en permettant de jouer, dans le confort de son propre salon, n’importe quel concerto tout en étant accompagné par le son d’un orchestre qui vous suit en temps réel à l’aide d’une partition augmentée.
Qobuz et Medici.tv étaient également au rendez-vous, ainsi que d’autres plates-formes médias en ligne qui nous ont bien fait comprendre que l’avenir de la musique se déroule bien évidemment sur internet.

A noter : la présentation d’un instrument créé en 2009, le Dualo du-touch, qui est le fruit de l’imagination du mathématicien Jules Hotrique. Présentant une forme pouvant évoquer un accordéon minimaliste, les deux claviers du dualo permettent de composer de la musique en temps réel sur scène à l’aide de boucles et de ré-enregistrements en direct grâce à un toucher plutôt ergonomique et intuitif.

Une édition timide, donc, mais qui s’est déroulée dans une bonne humeur et une atmosphère pédagogique de qualité, et ce ne sont pas les 2400 participants à l’improvisation géante du trompettiste Ibrahim Maalouf dans le hall du Centquatre qui diront le contraire !

 

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