The Devil and Dr. Faustus meet
The Devil and Dr. Faustus meet

Regards sur Faust

2 minutes de lecture

Les musiciens ont souvent préféré Faust à Don Juan. Plus que le séducteur libertin, c’est le vieil alchimiste hanté par les démons de la toute-puissance et du savoir absolu qui a nourri leur imaginaire, à la faveur d’opéras ou de légendes dramatiques, de poèmes symphoniques, de lieder et de chœurs, depuis l’époque romantique jusqu’à aujourd’hui. Faut-il invoquer la richesse inépuisable du drame de Goethe ? L’aspiration de la musique à se hisser au niveau de la philosophie ? La faculté du mythe à interroger la face la plus obscure de la modernité ? Le dossier n’est pas près d’être refermé, car chaque nouvelle proposition musicale ou scénique du mythe en enrichit la lecture. On attend d’ores et déjà la prochaine Damnation de Faust d’Alvis Hermanis à Bastille !

 Emmanuel Reibel pour Classicagenda, le 29 mars 2015

 

La nouvelle production de Faust de Gounod à l’Opéra Bastille (Jean-Romain Vesperini / Michel Plasson), représentée pendant le mois de mars de cette saison 2014/15, a fait parler d’elle : « vraie fausse nouvelle production » selon Christian Merlin, il s’agit en réalité d’une « nouvelle mise en scène » d’après l’ONP — la production menée par Jean-Louis Martinoty en 2011 est retravaillée en 2015 par Jean-Romain Vesperini qui l’avait alors assisté. Pendant que les uns s’interrogent et que les autres se justifient, Classicagenda voit le moment idéal pour reparler du mythe de Faust, de ses inspirations, de son incidence dans la musique et dans les arts, de Berlioz, de Gounod et de Liszt, de Goethe, de Marlowe et de Mann, de Murnau, de Delacroix et de Dark Vador.

Pour ce dossier, Classicagenda a sollicité le parrainage d’Emmanuel Reibel, docteur agrégé en musicologie, enseignant-chercheur à l’Université Paris-Ouest, et auteur de Faust, la musique au défi du mythe.

Dans ce dossier, son regard, commenté par notre éditeur Christophe Dilys dans Pourquoi Faust ?, trouve un parallèle intéressant dans celui de la philosophe Elisabeth G. Sledziewski qui, dans Good Bye, Faust !, lie le mythe faustien à la modernité. On s’attarde également sur deux ouvrages musicaux, à travers les yeux de Marguerite : sa culpabilité chez Gounod est analysée par notre critique Cinzia Rota dans un compte-rendu de la production de Bastille — sa pureté dans la Faust-Symphonie de Liszt est évoquée dans une interview du chef Nicolas Brochot.

 


ALLER PLUS LOIN

Deux ouvrages de référence : Faust, La Musique au défi du mythe d’Emmanuel Reibel (Fayard 2008) et Faust ou La Mélancolie du savoir de Jean-Yves Masson (Desjonquères 2003)

Deux conseils discographiques : Faust de Gounod par Georges Prêtre, Opéra de Paris / Placido Domingo, Mirella Freni, Nicolai Ghiaurov (EMI 1978) et La Damnation de Faust de Berlioz par Sir Colin Davis, London Symphony Orchestra / Nicolai Gedda, Josephine Veasey, Jules Bastin (Decca 1973)

Et une liste très peu exhaustive des artistes inspirés par le mythe de Faust : [littérature] Christopher Marlowe, Johann W. von Goethe, Alexandre Pouchkine, Heinrich Heine, Ivan Tourgueniev, Paul Valéry, Jean Giono, Thomas Mann, Mikhaïl Boulgakov, Mark Ravenhill, [musique] Charles Gounod, Hector Berlioz, Robert Schumann, Franz Liszt, Gustav Mahler, Igor Stravinsky, [cinéma] Georges Méliès, Friedrich W. Murnau, Alexandre Sokourov…

 

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