Depuis l’Auditorium, l’orchestre de la Maison de la Radio nous a proposé le 3 février 2017 des compositions écrites au début du vingtième siècle par Jean Sibelius et Richard Strauss.
Dès les premiers instants, le public peut remarquer que Mikko Franck dirige assis l’orchestre de la Radio. De par sa position, il se met sur le même plan que les musiciens qui lui font face, en créant un contact plus intime avec eux et en renforçant la cohésion.
Dans le Nocturne op. 51 n°3, extrait de la musique de scène du Festin de Balthazar, Sibelius met en avant la flûte, dont le caractère oriental évoque le personnage de Leschana, l’ assassin de Balthazar. Le reste de l’orchestre, dont l’effectif est réduit à 1 flûte, 2 clarinettes, 2 cors et aux cordes, retranscrit le caractère planant de l’oeuvre avec beaucoup de finesse, sublimé par l’acoustique de l’auditorium boisé de la Maison de la Radio.
Dans cette pièce orchestrale d’environ cinq minutes, la flûte solo offre une mélodie aérienne et délicate, qui suggère les paysages fantastiques et enchanteurs de la Finlande, terre natale de Jean Sibelius comme de Mikko Franck.
Le thème de la nature est ici très bien mis en avant par la direction de Franck, dont nous remarquerons les enregistrements du poème symphonique En Saga et de la suite Lemminkäinen de Sibelius (avec l’orchestre symphonique de la radio suédoise en 2000) et de la Symphonie n°1 Adagio Celeste et du Livre des Visions de Einojuhani Rautavaara (avec l’orchestre national de Belgique).
Si les six Humoresques pour violon (opus 87 et 89) de Sibelius, sont des courtes compositions virtuoses qui devraient permettent à l’interprète de s’épanouir, ce n’est pas le cas ce soir pour Alina Pogostkina, qui manque un peu d’élan (peut-être parce qu’elle a joué avec la partition) ce qui l’empêche de bien s’intégrer à l’orchestre.
Dans la deuxième partie du concert nous attendait ensuite Une vie de héros op. 40 de Richard Strauss, une oeuvre qui nécessite d’une concentration totale et d’une parfaite harmonie entre les musiciens, du fait de l’orchestration employée et la difficulté technique. A l’exception des trompettes qui ont joué en coulisses, les membres du Philharmonique n’ont donc pas quitté un instant la baguette de Mikko Franck, qui les a guidés de manière très précise à travers le célèbre poème symphonique.
Le chef a su faire jaillir des sonorités chaudes et douces, comme lors de l’entrée des violoncelles, tout en étant capable de transmettre aux cuivres une énergie triomphante renvoyant au style du jeune Strauss (dans le Combat du Héros), en confirmant la complicité qu’il entretient avec l’orchestre depuis plusieurs années.