© Guy Vivien

Thierry Escaich à propos de son concerto pour l’inauguration de la Philharmonie

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Quelle est la genèse de votre collaboration avec l’Orchestre de Paris, qui a abouti à la commande de ce concerto ?

Cela fait déjà longtemps que l’orchestre, qui n’avait jamais exécuté une de mes œuvres, souhaitait collaborer avec moi.
Dans un premier temps, l’opéra que j’écrivais (Claude, en 2012) m’empêchait de me lancer dans ce travail et ils en profitèrent pour reprendre à Pleyel et au Musikverein de Vienne mon poème symphonique pour orgue et orchestre La Barque solaire avec, à la tête de l’orchestre, Paavo Järvi, pour qui c’était alors une prise de contact avec mon univers musical. Mais l’idée d’un “concerto pour orchestre” (qui émane de l’orchestre, d’ailleurs) était lancée.

 

Est-ce que le fait d’avoir déjà travaillé avec cet orchestre vous a donné des idées, par rapport à ses particularités ?

Il est vrai qu’avec les multiples tournées que j’ai effectuées avec eux, notamment lors de l’exécution de la troisième symphonie de Saint-Saëns durant laquelle je tenais l’orgue, j’ai pu m’imprégner des couleurs de l’orchestre, de ses particularités aussi, chacun de ses membres ayant une réelle personnalité et une façon de jouer qui m’ont souvent aidé lorsque je choisissais d’isoler, lors de la réalisation de l’œuvre, tel ou tel groupe instrumental comme le demande cette forme particulière du concerto pour orchestre.

 

Est-ce que le contexte d’une création associée à l’inauguration de la Philharmonie vous a suggéré une approche particulière dans la composition ?

Pas vraiment, encore que je souhaitais que l’œuvre naisse de pratiquement rien et se dessine progressivement, comme c’est le cas du début avec l’apparition des motifs aux percussions seules. Ce qui m’a guidé, c’est l’idée de créer une forme d’un seul tenant, avec un agencement des personnages thématiques permettant à la fois de mettre en valeur chaque pupitre et de le faire de différentes manières, sans pour autant tomber dans un effet catalogue qui aurait nui à la puissance de l’idée formelle.

 

Quel est le défi de composer pour un lieu qui n’existe pas encore, dont on ne connaît pas l’acoustique ?

Il m’est arrivé de composer en fonction de lieux très réverbérants, comme des églises, et bien sûr d’adapter mon écriture à ce contexte sonore. Ce fut le cas pour mes deux concertos pour orgue et La Barque solaire. Mais, une pièce étant destinée à être jouée dans les lieux les plus divers, le compositeur a une sorte d’image sonore idéale qui lui permet d’orchestrer le plus efficacement possible.
Je ne peux qu’espérer que la Philharmonie s’en approchera.

 

Quelles sont vos attentes par rapport à la Philharmonie en termes d’impact culturel et en particulier vis à vis de la musique contemporaine ?

Ce qui me semble intéressant, avec ce nouveau lieu, j’espère plus maniable que d’autres salles, c’est de pouvoir concevoir des formes de concert plus innovantes, moins traditionnelles où l’on mêlerait autour d’une thématique poétique ou autre des pièces d’orchestre à des pièces solistes ou de chambre, éventuellement spatialisées, etc.
Bref, aller vers une nouvelle forme de concert aux programmes élaborés qui susciterait plus l’imagination.

 

Parallèlement à sa formation en chant lyrique, Cinzia Rota fréquente l'Académie des Beaux-Arts puis se spécialise en communication du patrimoine culturel à l'École polytechnique de Milan. En 2014 elle fonde Classicagenda, afin de promouvoir la musique classique et l'ouvrir à de nouveaux publics. Elle est membre de la Presse Musicale Internationale.

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