Enrico Dindo © Fulvia Farassino
Enrico Dindo © Fulvia Farassino

Conversation avec Enrico Dindo

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Conversation avec Enrico Dindo violoncelliste et directeur de l’orchestre de chambre « I solisti di Pavia ».


Comment avez-vous eu l’idée de fonder «  I solisti di Pavia »  ?

Après avoir gagné le Concours Rostropovitch en 1997, j’ai commencé à faire beaucoup de musique de chambre. Jouer avec d’autres musiciens est pour moi une joie et un vrai moment de partage. Quand j’ai reçu la proposition de créer un orchestre de chambre je n’ai pas hésité et en décembre 2001, grâce à l’aide de la Fondazione Banca del Monte di Lombardia, « I solisti di Pavia » ont vu le jour, sous la présidence d’honneur de Mstislav Rostropovich.
L’ensemble s’appelle les « solistes » pour indiquer leur haut niveau musical. Comment les avez-vous choisis ?

Pour faire partie de l’ensemble, j’ai choisi les meilleurs musiciens que je connaissais et que j’estimais prêts à passer le cap de la musique de chambre.

 

Dans votre programme de concert vous associez des œuvres de deux compositeurs assez différents, l’un plus orienté vers le tango et l’autre vers le jazz. Pourquoi ?

Ils s’agit de deux compositeurs différents mais qui vont dans la même direction. Après une formation « traditionnelle » les compositeurs Kapustin et Piazzolla explorent d’autres points de vue de la musique : l’un s’orientant vers le jazz, le rock et la musique traditionnelle et l’autre vers le tango. Le résultat est à la fois savant et populaire, classique et contemporain.

J’ai donc décidé de jouer les Cuatro Estaciones Porteñas de Piazzolla, pour lesquelles j’ai demandé une transcription pour violoncelle et cordes à Jorge Bosso. Le résultat, bien que très différent de la version pour violon, est extraordinaire.

Pour ce qui concerne Kapustin, je l’ai découvert au Lockenhaus Festival, grace au pianiste Marc-André Hamelin. Le magnifique Concerto n°2 pour violoncelle et cordes, qui déborde d’énergie rythmique et de mélodie, m’a bouleversé et j’ai donc décidé de le transcrire. Il s’agit d’une oeuvre très complète, que je tiens à diffuser, car elle peut représenter une vraie inspiration pour la musique nouvelle.

Pourquoi avez vous décidé de transcrire le « Grand tango » de Piazzolla pour ensemble de cordes ?

Dans une période où j’étais à fond dans la musique du compositeur argentin, en écoutant le Grand tango je me suis rendu compte qu’il y avait des nuances et des couleurs qui auraient pu très bien marcher avec l’orchestre de chambre et plusieurs passages auquel les cordes auraient pu ajouter une dimension plus douce.
Finalement avec les archets les pièces prennent une nuance, peut être même plus intéressante que dans la version originale.

La pédagogie a un rôle très important pour vous, qui êtes à l’origine de la « Pavia Cello Academy ».

La Pavia Cello Academy est une académie de violoncelle où les élèves ont la possibilité d’approfondir le répertoire avec moi et trois autres violoncellistes à la carrière internationale.
C’est une expérience très intéressante pour les jeunes musiciens, qui ont ainsi l’opportunité de recevoir des conseils de la part de maîtres du violoncelle tels que Maria Kliegel, Rocco Filippini et Gary Hoffman.

Nous sommes très fiers de ce projet, car ce type d’académie est très rare : il en existe seulement une autre, à Kronberg en Allemagne. Pour cela nous devons remercier la Fondazione Banca del Monte di Lombardia, qui nous soutient car elle comprend l’importance de faire la musique et d’aider les jeunes en Italie, en particulier dans le difficile contexte actuel.

Quels sont vous projets ?

Avec « I solisti » nous avons beaucoup de projets, dont une tournée en Amérique du Sud et en Chine.
De mon coté je me produirai à Tel Aviv et à Rome, puis l’année prochaine je commencerai à travailler avec le Zagreb Radio Orchestra dont j’ai été nommé chef principal.

 


En savoir plus

I Solisti di Pavia
Salle Gaveau

 


A propos d’Enrico Dindo

Enfant de la balle, il commence à étudier le violoncelle à l’âge de six ans. Il poursuit ses études avec Antonio Janigro et en 1997 il remporte le premier prix au Concours Rostropovich de Paris.

Dès lors, il débute sa carrière de soliste en se produisant avec des orchestres prestigieux tels que le BBC Philharmonic, l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam, l’Orchestre National de France, l’Orchestre du Capitole de Toulouse, l’Orchestre Philharmonique de La Scala, l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg, l’Orchestre Symphonique de l’Etat de São Paulo, le NHK Symphony Orchestra de Tokyo, le Tokyo Symphony, l’Orchestre Symphonique de Toronto, l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig et l’Orchestre Symphonique de Chicago.

Il se produit également avec d’importants chefs d’orchestre tels que Riccardo Chailly, Aldo Ceccato, Gianandrea Noseda, Myung-Whun Chung, Daniele Gatti, Yutaka Sado, Paavo Jarvj, Valery Gergev, Yuri Temirkanov, Riccardo Muti et le même Mstislav Rostropovitch, qui a dit de lui: «… C’est un violoncelliste aux qualités exceptionnelles, un artiste complet et un musicien accompli, avec un son extraordinaire, aussi fluide qu’une magnifique voix italienne ».

Chef permanent de l’Orchestre de chambre I Solisti di Pavia, un ensemble qu’il a créé en 2001, il est professeur de la classe de violoncelle au Conservatoire de la Suisse Italienne à Lugano, à la Pavia Cello Academy et aux cours d’été de l’Académie Tibor Varga de Sion.

Enrico Dindo est membre de l’Académie de Santa Cecilia de Rome et joue sur un violoncelle Pietro Giacomo Rogeri (anciennement Piatti) de 1717, qui lui a été prêté par la Fondation Pro Canale.

 

Parallèlement à sa formation en chant lyrique, Cinzia Rota fréquente l'Académie des Beaux-Arts puis se spécialise en communication du patrimoine culturel à l'École polytechnique de Milan. En 2014 elle fonde Classicagenda, afin de promouvoir la musique classique et l'ouvrir à de nouveaux publics. Elle est membre de la Presse Musicale Internationale.

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