Miroir de Cagliostro
Miroir de Cagliostro © Guy Vivien

Entre musique et magie : le « Miroir de Cagliostro »

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Le Miroir de Cagliostro, spectacle mélangeant musique et magie, ouvrira la 30e édition du festival de Pontoise. Conversation avec la claveciniste Armelle Roux, le magicien Carmelo Cacciato et le metteur en scène Vincent Tavernier.

Armelle Roux et Carmelo Cacciato, vous êtes respectivement claveciniste et magicien. Comment avez-vous eu l’idée de travailler ensemble ?
Armelle Roux :  Quand j’ai découvert les spectacles de Carmelo j’ai tout de suite eu envie de travailler avec lui.
Carmelo Cacciato : Je trouvais très intéressant de travailler avec une artiste qui fait de la musique ancienne.

Comment est né le projet du miroir de Cagliostro ?
C.C. : L’idée est née quand j’ai vu La Joueuse de tympanon, au Musée des Arts et Métiers de Paris, un automate qui représente une jeune femme assise en train de jouer. Cet automate fut restauré par Robert Houdin, un grand magicien du XIXe qui a modernisé la magie. Il a été le premier à travailler en smoking et chapeau et à donner un sens plus artistique à la magie, s’écartant de la sorcellerie. Son père étant horloger, il avait eu l’idée de mélanger les automates à la magie.

En imaginant ce spectacle pour le festival de Pontoise, nous voulions d’abord faire quelque chose sur l’époque de Houdin ; nous avons donc décidé de s’inspirer d’un de ses tours : le miroir de Cagliostro.

Le Miroir de Cagliostro

Dans ce tour, Joseph Balsamo, alias le comte de Cagliostro, communiquait avec quelqu’un par le biais d’une carafe d’eau, s’en servant comme une boule de cristal. Il s’agissait d’un légendaire alchimiste et escroc, connu pour avoir participé à l’affaire du collier de la reine, que l’on évoque souvent dans les tours de magie. Robert Houdin, en revanche, est un vrai artiste : il n’était pas un escroc et le miroir de Cagliostro, que Georges Méliès avait même montré dans un court métrage, met en scène un miroir en oblique sous lequel se trouve une table. Des fleurs laissent alors apparaître une femme. Les miroirs en magie sont très intéressants car dans les mythes ce sont parfois des portes qui s’ouvrent sur d’autres mondes.

Le Miroir de Cagliostro est basé sur la rencontre d’une claveciniste et d’un illusionniste-magicien. Comment avez vous imaginé cette rencontre improbable ?
Vincent Tavernier : Dans le spectacle, nous présentons un amour à travers les siècles où les deux personnages ne peuvent pas se parler que par le biais de leurs arts. Nous avons cherché à trouver une façon pour ces deux personnes de pouvoir s’appréhender, se parler, se disputer, sans utiliser de parole. La scène se passe dans le salon de répétition d’une claveciniste. Nous sentons alors la présence d’un fantôme, d’une présence. C’est avec la magie que le magicien se rend « visible » à elle : il fait sentir sa présence en modifiant des choses dans la pièce ou en lui donnant des sensations via des parfums ou un courant d’air.

A.R.: Il y a quatre moments clés dans le Miroir de Cagliostro. Tout d’abord, ils s’aperçoivent, puis vient la séduction ; le magicien vole alors le collier de perles sur les variations d’un rondo, et fait enfin miroiter ses richesses à la claveciniste.

Comment avez vous choisi la musique ?
A.R. : Nous avons privilégié le répertoire de la fin du XVIIIe siècle, avec des pièces que Cagliostro aurait pu entendre à son époque. Se sont des œuvres très théâtrales qui contribuent à l’enchantement visuel et musical. Le fantôme en est touché lui-même et c’est à cause de la musique qu’il vient voir la claveciniste.

Comment avez vous choisi la musique ? Et les tours ?
A.R.
: Nous avons privilégié le répertoire de la fin du XVIIIe siècle, avec des pièces que Cagliostro aurait pu entendre à son époque. Se sont des oeuvres très théâtrales qui contribuent à l’enchantement visuel et musical. Le fantôme en est touché lui même et c’est à cause de la musique qu’il vient voir la claveciniste.

Et les tours ?
C.C. : Il s’agit de tours très simples, inspirés de l’époque de Houdin, qui jouent sur l’habileté du manipulateur, que nous mettons en parallèle avec celle de la claveciniste.

Vincent Tavernier s’est occupé de la mise en scène. Qu’a apporté son intervention  ?
A.R.: La rencontre avec Vincent nous a ouvert les yeux sur la bonne direction et nous a permis de décortiquer le spectacle.
C.C. : Vincent nous a donné des indications sur pourquoi et comment le magicien peut se trouver dans l’espace d’Armelle et attirer son attention.

Avez-vous déjà créé des spectacles de ce genre ?
C.C. : Non, c’est une première et j’en suis ravi car tout est à découvrir. On voit souvent des spectacles mélangeant théâtre, musique et danse. Ici c’est encore autre chose : c’est une expérience très stimulante, avec une pertinence et une logique interne.

Quels sont les défis de cette collaboration atypique ?
A.R. : J’ai beaucoup de chance car Carmelo et Vincent sont très musiciens et peuvent s’appuyer sur la partition.
C.C. : En tant que magicien, je dois être très attentif à la musique et m’y adapter : si d’un côté elle impose  un cadre temporel, de l’autre elle induit des choses. Parfois, la musique mène la magie, quand d’autres fois sa structure est déterminée par le tour. Je trouve qu’il y a des contraintes similaires à l’opéra, où l’on doit prendre en compte une structure de base, en opposition au théâtre, par exemple, qui dispose d’un peu plus de flexibilité au niveau du temps.

 

Parallèlement à sa formation en chant lyrique, Cinzia Rota fréquente l'Académie des Beaux-Arts puis se spécialise en communication du patrimoine culturel à l'École polytechnique de Milan. En 2014 elle fonde Classicagenda, afin de promouvoir la musique classique et l'ouvrir à de nouveaux publics. Elle est membre de la Presse Musicale Internationale.

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