Patricia Petibon © Festival de Paris
Patricia Petibon © Festival de Paris

Ouverture du Festival de Paris avec Patricia Petibon et Susan Manoff

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Vendredi soir dernier nous étions au concert d’ouverture du Festival de Paris 2017, qui se tient du 9 au 29 juin prochain. L’idée de ce festival est de mêler la musique classique aux plus beaux lieux du patrimoine de la capitale.
Il se veut un événement musical « haut de gamme, populaire et patrimonial », selon les mots de sa fondatrice et directrice, Michèle Reiser.

 

Pour son édition 2017, le Festival de Paris s’ouvrait par un récital de Patricia Petibon et Susan Manoff dans le Salon Gustave Eiffel, au 1er étage de la Tour Eiffel, monument ô combien symbolique de la ville de Paris. Le programme tournait essentiellement autour de Francis Poulenc et d’Erik Satie mais s’ouvrait progressivement à une sorte d’invitation au voyage entre New York et l’Espagne, en passant par Cuba…

On connaît Patricia Petibon. On ne s’étonne plus de son côté loufoque et excentrique complètement assumé. Après avoir découvert sa récente Mélisande au Théâtre des Champs-Elysées, on retrouve, le temps d’un soir, la Patricia Petibon des années « French Touch ».
Entre un chapeau Tour Eiffel (qui s’imposait), des tabliers, un chapeau claque, un nez de clown, des lunettes de grenouille, une toque de cuisinier, des oreilles de chat et un poulet qui couine, l’accumulation d’excès et de déguisements vire parfois à un systématisme qui inhibe un peu l’effet de surprise et fait que le gag l’emporte parfois sur le traitement musical.
Ceci dit, soyons honnêtes, c’est diablement efficace.

Dans ce programme plutôt hétéroclite, on est irrésistiblement gagnés par la bonne humeur que sait si bien transmettre Patricia Petibon. Et puis, entre deux effets clownesques, elle nous rappelle l’excellente musicienne qu’elle est.
On est touchés par la simplicité raffinée des Chemins de l’amour de Poulenc, par la plainte pastorale de Canteloube, par la profondeur du Fauré, et par la jolie berceuse cubaine qui sert de bis…

La touchante reprise de Padam Padam laisse une très forte impression, d’autant que Petibon ne tente pas d’y singer Piaf. Plus qu’un simple clin d’œil, il s’agit là d’une véritable interprétation personnelle, oscillant adroitement entre l’opéra et le cabaret. C’est ça aussi l’art de Petibon. Et on aime cette artiste pour qui “ne pas se prendre au sérieux” n’est pas synonyme de dilettantisme.

Il ne faudrait pas oublier l’admiration qu’on a pour le jeu de la pianiste Susan Manoff. La complicité entre les deux femmes est bien sûr évidente. Plus partenaire qu’accompagnatrice, Susan Manoff se prête volontiers aux différents jeux, aux déguisements… et parvient à trouver ce juste et fragile équilibre qui consiste à exister sans trop tirer la couverture, et à suivre sans s’effacer. Et au détour de quelques interventions solistes (dans des pièces de Satie et de Gershwin) très délicatement interprétées, elle nous rappelle – s’il en était besoin – qu’un pianiste accompagnateur n’est pas un interprète de second plan.

La vue de la Salle Eiffel pendant le Festival de Paris © Classicagenda
La vue de la Salle Eiffel pendant le Festival de Paris © Classicagenda

Il faut bien avouer que le cadre enchanteur de ce concert contribue également à la beauté de la soirée. On ne peut s’empêcher de jeter par moments un œil sur le panorama de Paris vu du ciel. Alors que la nuit tombe et que la Grande Dame de Fer commence à scintiller, on lève machinalement la tête et on se dit que, même avec les années qui passent, on ne se lasse toujours pas des beautés de la capitale. Par ailleurs, l’acoustique du salon Gustave Eiffel constitue une agréable surprise, surtout comparée à ce qu’on pouvait craindre en voyant le sol intégralement recouvert de moquette.

Dans l’ascenseur qui revient à la « terre ferme », on relève le sourire des autres spectateurs, avant de voir dans un miroir qu’on affiche exactement la même mine réjouie. En vérité, le weekend commence bien…

Souhaitons donc bonne chance et un beau succès au Festival de Paris pour cette édition 2017 !

 


Erik Satie : Les courses
Francis Poulenc : Voyage à Paris, Violon, Les Chemins de l’amour
Erik Satie : Le Pique Nique
Francis Poulenc : Les gars qui vont à la fête
Erik Satie : Le vaisseau, La Statue de Bronze, Daphénéo, Je te veux
Nicolas Bacri : A la mar
Gabriel Fauré : Les Berceaux
Erik Satie : 1ère Gnossienne
Norbert Glanzberg : Padam
Erik Satie : 3e Gymnopédie
Manuel de Falla : Asturiana
Joaquin Turina : Cantares
Fernando Obradors : El vito
Joseph Canteloube : La Delaïssado
Leonard Bernstein : Les Recettes de cuisine
George Gershwin : Prélude n°2
Agustin Lara : Granada

9 juin 2017 au Salon Gustave Eiffel, Tour Eiffel, Paris

www.lefestival.paris

Biberonné à la musique classique dès le plus jeune âge, j’ai découvert l’opéra à l’adolescence. En véritable boulimique passionné, je remplis mon agenda de (trop) nombreux spectacles, tout en essayant de continuer à pratiquer le piano (en amateur). Pour paraphraser Chaplin : « Une journée sans musique est une journée perdue »

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