© Monika Rittershaus

Silvesterkonzert : pour clore en beauté l’année avec le Berlin Philarmoniker

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La nuit berlinoise est déjà tombée quand, à 17h, je sors du métro à Potsdamer Platz.
Les ruines du Mur sont là, ainsi qu’un flot de touristes souriants qui se prennent en photo devant.
Juste à côté, la coupole du Sony Center trône au-dessus d’un grand sapin de Noël illuminé, tandis que les ruines de la Kaisersaal du Grand Hôtel Esplanade nous rappellent le glorieux passé de cette ville où l’architecture contemporaine est inévitablement reine.

La Philharmonie en est un exemple évident : sa forme asymétrique fait deviner sa disposition interne, sur laquelle se basent les salles de concert les plus modernes, avec une scène centrale entourée de gradins, dans une ambiance intime où les 2440 spectateurs sont partout près de la scène. La salle pentagonale est pleine de charme, des voiles en bois sont suspendues à côté des luminaires, mais le plus fascinant est l’acoustique : chaque détail est parfaitement audible et l’on distingue clairement le timbre de chaque instrument.

Avec des gestes simples mais clairs, Sir Simon Rattle dirige les Berliner Philharmoniker dans un programme français, allemand, hongrois et tchèque. Après une charmante exécution de la suite des Indes galantes, Menahem Pressler, qui avait fêté son 90ème anniversaire il y a un an à Pleyel en nous offrant un magnifique concert de 2h30 avec le Quatuor Ebène, rejoint l’orchestre pour le Concerto pour piano n°23 K488 de Mozart, que le public berlinois applaudit debout.

Menahem Pressler © Lutz Sternstein
Menahem Pressler © Lutz Sternstein

L’orchestre sait rester discret et laisser la place au jeu expressif et profond de ce grand pianiste, qui nous fait savourer chaque note, en particulier dans le touchant second mouvement, magnifié par le chorégraphe Angelin Prejlocaj dans son ballet si poétique Le Parc.

Les Berliner Philharmoniker nous invitent ensuite à danser avec les entraînantes Danses slaves de Dvořák interprétées avec une énergie joyeuse et contagieuse.
La suite Háry János de Kodály met en avant un instrument rare et typique de la Hongrie : le cymbalum — Rattle maîtrise ici parfaitement les nuances et les différentes dynamiques des cinq sections.

Un superbe concert pour terminer l’année, où le raffinement de l’exécution convient parfaitement au public élégant mais non prétentieux, paré de nœuds papillons et robes de soirée. En attendant notre Philharmonie à nous…

 

Programme :
Jean-Philippe Rameau
Suite des Indes galantes

Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour piano et orchestre en la majeur KV 488
Menahem Pressler, piano

Zoltán Kodály
Suite Háry János (extraits)

Antonín Dvořák
Danses slaves (extraits)

Parallèlement à sa formation en chant lyrique, Cinzia Rota fréquente l'Académie des Beaux-Arts puis se spécialise en communication du patrimoine culturel à l'École polytechnique de Milan. En 2014 elle fonde Classicagenda, afin de promouvoir la musique classique et l'ouvrir à de nouveaux publics. Elle est membre de la Presse Musicale Internationale.

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