Pour la 9e édition de « Tous à l’Opéra ! », vingt-huit opéras en France ont ouvert gratuitement leurs portes au public les samedi 9 et dimanche 10 mai 2015, dans le cadre des Journées Européennes de l’Opéra, à l’initiative de la Réunion des Opéras de France et en partenariat avec Opera Europa et RESEO. Nous avons rencontré Laurence Dessertine, Présidente de la Réunion des Opéras de France.



Depuis juillet 2014 vous êtes la présidente de la Réunion des Opéras de France, quels sont vos projets et les défis que vous souhaitez relever ?
En avril 2014 j’ai été nommée à la présidence de l’Opéra de Bordeaux, puis en juillet à la ROF. Mon prédécesseur souhaitait vivement voir une élue et une femme lui succéder.
La ROF étant le carrefour entre les directeurs d’opéra et les élus, mon rôle est de soutenir le mieux possible le monde lyrique auprès de ces derniers. Si pour eux l’opéra est un art qui coûte cher, je souhaite leur faire comprendre que même s’il n’est pas rentable à court terme, il permet tout de même d’employer entre 400 et 500 personnes par spectacle… Il ne faut pas non plus oublier que l’opéra est l’art total par excellence, et que c’est notre devoir de le favoriser.



Quels sont les critères d’affiliation à la ROF ?
La ROF réunit les opéras lyriques, qui sont affiliés de manière automatique, mais également les scènes nationales, du moment qu’elle proposent un spectacle lyrique. Cela nous permet d’aider leur rayonnement et nous donne un poids plus important auprès de nos partenaires.
Quelles sont vos idées pour faire face au vieillissement des publics ?
Pour moi l’opéra doit aller vers le public, dans la ville, je trouve très intéressants des concepts comme le flashmob, qui amène l’opéra dans des lieux populaires. J’ai envie que le ballet vienne répéter dans les couloirs de l’université. Il faut lutter contre les stéréotypes sur l’opéra, qui n’est pas plus cher qu’un match de foot ou qu’un concert de rock ; de nombreuses réductions sont offertes aux jeunes !
Tous à l’opéra va exactement dans cette direction…
L’idée est de faire franchir le pas d’une maison d’opéra aux personnes qui n’en ont pas l’habitude, pour qu’ils puissent découvrir l’opéra, laisser derrière les préjugés et surtout se laisser surprendre.
Après Philippe Jaroussky, c’est à Philippe Jordan que revient le rôle de parrain de la manifestation.
Philippe Jordan est un jeune chef, qui symbolise l’exemplarité. Nous avons choisi un chef pour mettre l’accent sur l’orchestre, qui est moins visible au public depuis la fosse.
En 2016 est prévue la réforme territoriale : quels sont les changements qu’elle amènera ?
Ce sera surtout l’occasion de développer des synergies entre les maisons d’opéra. En Aquitaine par exemple, ce sera l’occasion de créer des passerelles entre les opéras de Bordeaux et de Limoges, l’orchestre de la Charente et le Ballet de Biarritz pour des collaborations artistiques et techniques.
Pour ce qui concerne le futur des maisons d’opéra, quel est votre avis sur le modèle de financement actuel ?
Comme les collectivités de désengagent de plus en plus du financement des opéras, c’est effectivement l’occasion de changer le modèle et s’appuyer sur le mécénat d’entreprise ou privé. Pour les entreprises on essaie de proposer des soirées thématiques ou des dîners privilégiés dans des lieux d’exception… Cela se fait déjà à Paris et pourrait fonctionner également en région, car l’opéra reste le symbole de l’excellence et de la tradition française, et est donc le véhicule idéal pour transmettre des valeurs d’entreprise.
Le bilan de la manifestation en 2015
Plus de 100 000 spectateurs ont franchi les portes des opéras : près de 20 000 à Paris, 17 000 à Lyon, 13 000 à Toulouse, 7 500 à Bordeaux, 4 500 à Lille, 4 000 à Marseille et Nancy, 3 500 à Metz, près de 3 000 à Tours, 2 000 à Caen, Clermont-Ferrand et Reims, 1 500 à Compiègne, Dijon, Massy, Montpellier, Toulon et à l’Opéra Comique…