Mathieu Romano © DR

A la recherche d’un nouveau son français : l’ensemble Aedes de Mathieu Romano

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Rencontre avec Mathieu Romano, chef de chœur de l’ensemble Aedes.


Quelle est la genèse du chœur Aedes et comment a-t-il réussi à se professionnaliser ?
J’ai toujours ressenti un grand intérêt pour le chant auquel je suis arrivé par la direction d’orchestre et de chœur. Après mon diplôme en flûte au CNSM j’ai concrétisé mon rêve de faire de la direction de chœur en créant Aedes. Nous avons commencé comme un groupe d’amis, puis petit à petit nous avons évolué, nous avons fait des résidences et reçu le soutien des mairies et de la fondation Orange qui nous a permis de nous professionnaliser… Nous avons beaucoup appris sur le tas, et comme nous y avons cru depuis le début et que nous avons beaucoup travaillé, nous avons réussi cette aventure musicale !


Est-ce que l’ensemble est fixe ou à géométrie variable ?

Il y a une équipe de fidèles représentée par 17 chanteurs, puis sur certains projets nous intégrons d’autres chanteurs, avec qui nous collaborons régulièrement.


Comment avez-vous sélectionné les chanteurs ? Quelles sont leurs particularités ?

Si au début nous étions un groupe d’amis en études de chant, nous avons ensuite commencé à recruter les nouveaux membres sur audition. Mis à part la technique vocale, l’aspect humain est très important pour nous.


Vous abordez un répertoire très large en époques et styles, quels sont les défis à relever ?

Nous avons choisi de faire beaucoup de répertoire a cappella et du XXe siècle, car comme c’est plus difficile techniquement, cela permet souvent de mieux chanter d’autres répertoires. Changer de répertoire n’est pas très difficile, du moment qu’on a les bases musicales et littéraires.

Ensemble Aedes © DR
Ensemble Aedes © DR


Dans une interview vous avez parlé de votre envie de mêler le chant lyrique à un travail sur les harmoniques et sur la structure du son. Que voulez-vous dire exactement ?

Le but est de prendre chaque composante et trouver notre son, un son qui soit harmonique comme les chœurs nordiques, solide comme un chœur allemand et passionné comme un chœur méditerranéens. Nous sommes à la recherche d’un nouveau son pour le chant français, qui se rapproche du chant soliste tout en gardant l’esprit du chant choral.


Comment arrive-t-on à produire ce genre de son ?

Pour y arriver il faut faire un grand travail d’écoute et beaucoup d’exercices. Il faut également se focaliser sur le texte, car il contient beaucoup d’indications. Chaque année nous travaillons avec des spécialistes, comme Dainouri Choque pour ce qui concerne le son harmonique, mais aussi Dominique Visse, et Hervé Niquet.


Est-ce que vous faites des concerts spatialisées ?

Nous faisons effectivement ce type de concert, ainsi que des concerts mis en scène. C’est quelque chose de très intéressant pour le public, qui va dans la direction du renouvellement du concert classique.

 

Votre ensemble a souvent travaillé avec des amateurs. Comment avez-vous été amené vers ce type de collaboration ?
Nous travaillons beaucoup avec des amateurs car nous avons très envie de transmettre et eux ont très envie d’apprendre. Et il ne faut pas oublier qu’il sont aussi le public des concerts ! Je fais aussi beaucoup de masterclasses de direction et de cours pour les chefs amateurs.

Notre programme d’action culturelle comprend également des concerts dans des lieux où la musique n’arrive pas, comme les prisons et les hôpitaux, mais aussi les écoles, avec qui l’on collabore tout le long de l’année. En initiant les enfants au chant choral, on leur apprend aussi à s’écouter et à se respecter, et les améliorations sur leurs comportement sont évidentes.


Votre prochain programme est la Petite messe solennelle de Rossini, pourquoi avez-vous choisi cette œuvre ?

Il s’agit d’une œuvre très intime, sans contrainte de commande, où le Rossini de l’opéra se retrouve avec un Rossini plus humble et humain. Nous allons jouer la version pour piano et accordéon, qui était l’idée initiale, abandonnée ensuite pour l’harmonium, un instrument moins populaire. C’est une œuvre joyeuse que j’aime beaucoup, où il y a une parfaite adéquation entre chœur et solistes.


Quels sont vos projets ?

Notre troisième disque va bientôt sortir, après un disque sur la musique profane du XXe siècle et un deuxième consacré à Francis Poulenc et Aurélien Dumont. En mai nous ferons « West side music », un concert de musique américaine au théâtre d’Auxerre en Bourgogne, et aux Rencontres Musicales de Vézelay, un concert avec le Chœur de la Radio Lettone.

 

Parallèlement à sa formation en chant lyrique, Cinzia Rota fréquente l'Académie des Beaux-Arts puis se spécialise en communication du patrimoine culturel à l'École polytechnique de Milan. En 2014 elle fonde Classicagenda, afin de promouvoir la musique classique et l'ouvrir à de nouveaux publics. Elle est membre de la Presse Musicale Internationale.

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