Minoritenkonvent
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Minoritenkonvent : authenticité, modernité et contemplation

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Stéphanie Paulet et Elisabeth Geiger nous amènent à la découverte du manuscrit du Minoritenkonvent de Vienne, une oeuvre contemplative de grande modernité.

 

Il y a trois spécificités dans cet excellent disque.

D’abord, la partition. Si le très important manuscrit XIV 726 du couvent des Minorites de Vienne (comprenant essentiellement des pièces de la fin du XVIIe siècle), est bien connu des musicologues, il n’est pas pour autant exploité par les interprètes. Témoin éloquent d’une écriture et d’une technique très avancées, cette littérature pour violon, entièrement écrite jusqu’aux moindres détails, révèle des aspects d’improvisation absolument fabuleux. Deux pièces de ce précieux document sont écrites en scordatura, technique consistant à modifier l’accord du violon. Stéphanie Paulet, qui joue sur un instrument de facture moderne (André Mehler, 2014), utilise en revanche pour la Sonate de Faber (piste 7) un violon David Tecchler de 1737. Il confère avec succès des sonorités plus vives à cette œuvre au caractère dansant.

Ensuite, l’orgue. Étant donné qu’aucune indication n’est donnée sur l’instrumentation du continuo, les deux musiciennes ont opté pour l’orgue, qui permet de mettre en valeur toutes les caractéristiques que recèle la partition. L’instrument choisi est le seul orgue positif d’André Silbermann qui existe encore aujourd’hui dans son état d’origine, et restauré en 2011. Cet instrument, dont l’accord dans son tempérament originel est miraculeusement conservé, fait partie de la collection du Musée des Arts décoratifs de Strasbourg, et est déposé à l’église Sainte-Madeleine de la même ville.

Enfin, l’interprétation et la prise de son. Le violon et l’orgue sont en grande harmonie, chacun assumant un rôle qui lui est propre. Tour à tour virtuose et contemplative, l’interprétation alterne les moments d’épanouissement et d’intériorité. La piste 3, sonate d’un anonyme dans laquelle le violon sonne par moments comme une trompette, est étonnante. La qualité de ces interprétations est renforcée par une prise de son qui respecte parfaitement la sonorité de chaque instrument et rend la réverbération sonore de façon idéale.

 


Aliquando :
Stéphanie Paulet, violon
Elisabeth Geiger, orgue positif.

 

Enregistré à l’église Sainte-Madeleine de Strasbourg, du 31 juillet au 3 août 2014.
Durée : 72’32
Muso, 2015 (MU-008)

Heinrich Ignaz Franz Biber (1644-1704) : Sonate n° 84 (Adagio) / Anonyme : Sonate n° 77
Anonyme : Sonate n° 87
Anonyme : Sonate n° 4
Giovanni Buonaventura Viviani (1638-1693) : Sonate n° 90
Anonyme : Sonate n° 75
Jan Ignac Frantisek Vojta (ca.1660-ca.1725) : Sonate n° 70 – accord : si, fa#, si, mi
Nikolaus Faber (†1613) : Sonate n° 2 – accord : si, mi, si, mi
Heinrich Ignaz Franz Biber : Sonate n° 11
Johann Caspar Teubner (b. 1661-1697) : Toccata n° 94, Sonate n° 88
* Les numéros de pièces sont ceux indiqués dans le manuscrit

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