Christophe Beau © Manuel Gouthière pour Plage musicale en Bangor
Christophe Beau © Manuel Gouthière pour Plage musicale en Bangor

Une Plage musicale : rencontre avec Christophe Beau

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Nous sommes allés à la rencontre de Christophe Beau qui dirige depuis douze ans le festival Plage Musicale en Bangor. L’édition 2017 se tiendra du 15 juillet au 27 juillet 2017.

 

Pourriez-vous nous parler de la genèse du festival ?

Avant de créer Plage musicale en Bangor, je m’occupais d’un autre festival, Musiques en écrins. Ce dernier, qui existe encore aujourd’hui, a vu le jour il y a vingt-cinq ans. Avec toute une équipe, j’ai commencé à travailler en faisant fonctionner une académie avec le festival. Au bout de treize ans à la tête de cet évènement dans les Alpes, j’ai eu l’occasion d’aller jouer à Belle-Île-en-Mer. Après y avoir donné plusieurs concerts, j’ai décidé d’y fonder un festival.

 

Qu’est ce qui en fait sa spécificité ?

Son organisation sur une île. Belle-Île-en-Mer a été visitée par plusieurs grandes figures de l’histoire de l’art, entre autres, Claude Monet et Sarah Bernhardt : cette dernière a passé plus de 25 ans sur cette île et a beaucoup oeuvré pour les habitants. Elle recevait ses amis poètes et musiciens à la pointe des Poulains, endroit où nous jouons.
Reynaldo Hahn est également venu à plusieurs reprises et nous avons retrouvé l’emplacement de l’atelier dans lequel il était reçu.
Dans la programmation du festival, composée de dix neuf concerts, j’essaie de tenir compte de ce patrimoine qui est magnifique. Les années précédentes, nous avons joué dans des phares, des jardins, dans les églises, qui ont de très belles acoustiques.
Nous organisons aussi des concerts à la mythique Pointe des Poulains et à la Citadelle, l’ancienne prison construite par Vauban. On profite ainsi du riche patrimoine historique de cette île pour l’investir musicalement.

Cette année, ce sera la douzième édition du festival : que vous a apporté cette manifestation culturelle depuis sa création ?

L’intérêt de créer un festival et d’en être l’instigateur, c’est de pouvoir choisir les musiciens et le compositeurs avec lesquels travailler.
Ainsi, j’ai vraiment une très grande liberté : l’équipe d’interprètes est composée de musiciens avec lesquels je joue depuis vingt ans. Cela permet de créer des liens musicaux intenses, nourris par des concerts donnés durant l’année et pendant le festival.
Le coeur du projet réside dans la transmission de la musique grâce à l’académie (transmission des savoirs musicaux aux élèves) et au festival (vis-à-vis du public).

Par ailleurs, je souhaite faire découvrir des compositeurs anciens et contemporains. Durant le festival, les élèves entendent et découvrent beaucoup de musiques et peuvent après affiner leurs choix et leurs affinités de répertoire (classique, romantique…).

 

Vous êtes directeur artistique, mais aussi et avant tout violoncelliste et pédagogue. Pourriez-vous nous parler de ces activités au sein du festival et de l’académie?

Le festival Plage musicale en Bangor, ce sont dix-neuf concerts avec des répertoires différents. Pour un événement qui se tient sur deux semaines, cela nécessite une préparation colossale et j’essaie de programmer des oeuvres déjà jouées par les artistes. L’enseignement est un domaine qui me tient particulièrement à coeur puisque je donne des cours en conservatoire.

 

Quel est l’impact de cette activité pédagogique pour la vie culturelle de l’île ?

Depuis plusieurs années, nous avons pu mettre au point, avec les écoles de Belle-Île, des ateliers d’arts plastiques, de musique et de théâtre, en rapport avec notre festival, par exemple, l’année dernière c’était autour de Debussy et il y a deux ans en lien avec Mozart.
Le festival ayant lieu durant la deuxième moitié du mois de juillet, pendant les vacances scolaires, les élèves des écoles de Belle-Île sont sensibilisés aux arts et à la programmation du festival.
Cette année, le thème étudié tourne autour d’un conte musical, intitulé « D’ îles en îles: contes et légendes ». Ce texte, écrit spécialement pour le festival, s’inspire des légendes de la forêt de Brocéliande. Dans le même temps, les enfants découvrent les pièces musicales du compositeur Hacène Larbi. Pour inciter le public local à venir aux concerts, les habitants de Belle-Île bénéficient de tarifs réduits pour les concerts du festival.

 

Christophe Beau en musique de chambre à Belle-Île
Christophe Beau en musique de chambre à Belle-Île © Manuel Louis

Il est vrai qu’à Belle-Île sont créées de nombreuses oeuvres contemporaines. Que ressentez-vous devant des créations ?

Pour moi, en temps qu’interprète, il est totalement impensable de ne pas jouer la musique de son temps. C’est une part importante de ma vie de musicien même si j’aborde souvent les autres répertoires. Depuis le début du festival, il y a eu quarante-trois créations et beaucoup de pièces ont été des commandes de notre part. Grâce aux chiffres que j’ai devant moi, je peux vous dire que 148 programmes différents ont été joués, dont 604 oeuvres de musique de chambre de 177 compositeurs depuis la première édition en 2005.

En 2015, à l’occasion des dix ans du festival, j’ai pu passer commande à dix compositeurs et faire venir Pascal Dusapin pendant dix jours. L’année dernière, Nicolas Bacri nous avait rejoints et cette année, le compositeur en résidence sera Philippe Hersant. Actuellement, les élèves préparent des pièces de Philippe Hersant et auront une master-class avec le compositeur.

Cette année, il y aura une création de Benoît Menut, qui fait partie de notre troupe. Souhaitant également mettre en avant la musique d’avant-garde, je créerai une pièce de musique mixte avec un dispositif électronique, de Gilbert Nouno. Je serai accompagné de Françoise Kubler et d’Armand Angster de l’ensemble AccrocheNote. D’une manière générale, quand on mélange la musique contemporaine avec les autres répertoires, le public est souvent content de découvrir de nouveaux horizons sonores et se montre très ouvert. Pour organiser ces projets, nous sommes soutenus par la SACEM, Musique nouvelle en Liberté et depuis cette année par le Fonds de création musicale (FCM)

 

Quels sont les projets du festival pour les années à venir ?

Par les temps qui courent, un festival reste très difficile à mettre en place financièrement. En conséquence, je me concentre pleinement sur cette édition 2017 avant de me projeter sur 2018. Pour l’ouverture de cette douzième édition, le violoncelliste et animateur de radio Frédéric Lodéon viendra présenter et commenter les concerts des 15 et 16 juillet. Une journée du piano avec Jean-Marc Luisada sera aussi l’un des temps forts du festival. Mais l’ensemble des renseignements reste accessible sur le site internet.

 


Le site du festival « Plage Musicale en Bangor »

Le site du festival « Musiques en Ecrins »

 

Ingénieur en mécanique, mais aussi titulaire d'un master international de musique et musicologie (université Paris-Sorbonne et Université de Sarrebrück) ainsi que d'une licence de sciences, je suis passionné par les instruments et la musique classique depuis mon enfance. Ma jeune carrière m'a permis d'avoir une opportunité à Safran Transmission Systems de 2017 à 2020. En tant que violoncelliste amateur, j'ai participé à l'Annecy Classic Orchestra avec Fayçal Karoui et Denis Matsuev en 2014 et 2015 et au Festival Berlioz en 2016.

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