Du 2 au 4 décembre 2016 s’est tenue à Paris VioloncellenSeine : une manifestation culturelle organisée tous les deux ans par l’Association Française du violoncelle. Des concerts, des concours de lutherie, des projections de films, des conférences et des rencontres avec de grands pédagogues français ont marqué cette manifestation destinée aux admirateurs de l’instrument
C’est sous la direction artistique du violoncelliste Raphael Pidoux que s’est tenue cette troisième édition de VioloncellenSeine.
Pour commencer les festivités, le violoncelliste russe Alexander Rudin a donné au CRR de Paris une master-class devant un public conquis. Mais c’est surtout à la Salle Gaveau que les mélomanes étaient attendus pour la grande et traditionnelle “Nuit du violoncelle” : une soirée hors-norme composée de quatre concerts.
Pendant la soirée, l’auditoire a pu entendre un ensemble de violoncelles composé d’élèves et de professeurs des conservatoires de la Ville de Paris dans Incantations de Renaud Déjardin ; ensuite, le public a pu participer à un voyage musical inédit à travers une sonate en la majeur de Johann Facius, un nocturne d’après un Souvenir de la Flûte enchantée de Camille Pleyel et Charles Baudiot, un air pour violoncelle et piano de Max Reger et des pièces de Frédéric Chopin arrangée par Auguste Franchomme.
Après avoir redonné vie à ces compositions riches en émotions, allant de la gaieté à la nostalgie, les organisateurs ont mis en avant la place du violoncelle dans la musique de chambre, grâce à des pièces comme la Sérénade op. 44 d’ Antonin Dvořák et le quintette d’après la sonate “à Kreutzer” de Ludwig van Beethoven.
Plus orientée vers la pédagogie et la transmission, la deuxième journée a vu la finale du concours de lutherie et de sonorité et une conférence de Selma Gokcen (de la London Cello Society) sur Leonard Rose.
Dans l’après-midi, un concert présenté par Etienne Péclard a mis en avant deux jeunes artistes : Juliette Tranchant et Léo Guigen. Récemment primés au concours Louis Rosoor, ils ont interprété avec Etienne Péclard un trio à trois violoncelles de Zoltán Kodály. Encore assez méconnue du grand public, cette œuvre au caractère élégant montre la richesse d’expression dont le violoncelle est capable et s’inscrit dans une production où cet instrument joue un rôle significatif.
La musique symphonique était aussi à l’honneur avec la Symphonie n° 104 de Joseph Haydn suivie de la création de Vers l’Azur d’Alain Louvier par le jeune violoncelliste Roman Cazal. Écrite spécialement pour le festival, cette pièce “n’est pas un concerto mais une grande trajectoire instrumentale entourée d’orchestre”.
Alain Louvier a donc expliqué au public son langage musical en quart de ton et la structure de sa pièce, composée de plusieurs mandorles. Mot provenant de l’italien mandorla et signifiant amande, il désigne une figure géométriques en forme d’ovale et est un clin d’œil aux études scientifiques du compositeur. Dans la pièce Vers l’Azur, construite en douze séquences de cinq octaves, le violoncelliste joue de manière continue en exploitant les nombreuses possibilités instrumentales (pizzicati, glissandi, archet entre le chevalet et le cordier, etc…) en créant des sonorités inédites. Quant à l’orchestre, sa composition est assez insolite, se retrouvant agrandi d’une harpe et d’un piano préparé.
De leur côté, Raphaël Pidoux et ses confrères violoncellistes en ont profité pour ressusciter des œuvres tombées dans l’oubli comme un quatuor à quatre violoncelles obligés de Jean-Baptiste Bréval (violoncelliste virtuose du XVIIIe siècle dont l’œuvre la plus célèbre est peut-être son Traité du violoncelle publié en 1804) et l‘Adagio et Scherzo de Jacques Offenbach.
Un concert de la violoncelliste Marie Ythier intitulé “Le geste augmenté”, où elle a interprété des pièces de compositeurs de notre temps, écrites à l’aide de l’électronique, a terminé la soirée. Ce titre renvoie à son dernier enregistrement en collaboration avec le réalisateur en informatique musicale Etienne Graindorge, où l’on retrouve une spatialisation inédite du son, qui se met à tourner autour du spectateur afin d’élaborer une architecture sonore.
La dernière journée de ce festival s’est ouverte par un concert des “coups de cœur” du concours de lutherie qui a permis de découvrir de nouveaux artistes et de beaux instruments, comme dans le programme s’articulant autour des pièces pour violoncelle d’Auguste Franchomme, interprétées par Louise Dubin et Philippe Muller. Quant aux Serioso Celli (ensemble composé des jeunes et talentueuses violoncellistes Léa Birnbaum, Sophie Chauvenet, Armance Quéro et Elise Robineau) avec humour et légèreté, elles ont su divertir le public avec un quatuor de Rudolf Matz et un tango d’Astor Piazzola.



Un documentaire inédit de Martin Meggle, consacré à Maurice Gendron et intitulé “A la recherche de l’absolu” a clôturé ces journées consacrées au violoncelle et à son répertoire. Une très belle façon de terminer ce festival au large éventail de concerts, qui a réussi à mettre en avant les possibilités techniques, lyriques et expressives de cet instrument qui ne cesse d’attirer l’attention des compositeurs.