Les musiques de Mozart et Johann Christian Bach, dit “le Bach de Milan”, étaient réunies à l’Eglise Saint-Louis-en-l’Île lors d’un concert de l’Ensemble Zoroastre vendredi 15 novembre. Un programme réjouissant.
La cheffe d’orchestre Savitri de Rochefort et Ayyub Guliyev se sont succédé à la tête du choeur et orchestre constituant l’Ensemble Zoroastre dans le Gloria en sol majeur de Jean-Chrétien Bach puis la Messe du Couronnement KV 317 de Mozart. Saluons la bonne idée de présenter une pièce de Jean-Chrétien Bach, le cadet des quatre fils musiciens du Cantor. A l’inverse de ses demi-frères Wilhelm Friedmann et Carl Philipp Emanuel, ce dernier n’a pu vraiment bénéficier de l’apprentissage de son illustre père. Il étudia notamment auprès de Carl Philipp Emanuel, puis se rendit en Italie où il se convertit au catholicisme pour devenir organiste de la cathédrale de Milan. C’est à cette époque qu’il composa son Gloria.
La cheffe Savitri De Rochefort et son Ensemble Zoroastre (d’une belle diversité culturelle, et constitué de professionnels confirmés aux côtés de jeunes diplômés), ainsi que les quatres solistes Angéline Le Ray, soprano, Salma Sadak, alto, Xavier Mauconduit, ténor, et Benoît Gadel, baryton-basse, s’emparent de cette partition en neuf mouvements. Le volume de l’église offre une large résonance à l’interprétation des chanteurs et musiciens, aussi doivent-ils se produire avec une projection et une intelligibilité suffisantes pour satisfaire l’écoute du public.
Le Gloria in excelsis Deo et le Cum Sancto Spiritu avec choeur et orchestre, qui ouvrent et clôturent l’œuvre avec brio, sont saisissants d’équilibre entre les pupitres, tout comme le Suscipe deprecationem. L’alto Salma Sadak, manquant légèrement de puissance vocale dans le début du Gratias agimus tibi, donne cependant de superbes instants a cappella par la suite, tandis que le ténor Xavier Mauconduit montre un timbre remarquable dans le Qui sedes ad dexteram Patris. Dans cette première partie de concert, Savitri De Rochefort mène ses musiciens avec une conviction et un enthousiasme palpables révélant la force expressive de ce chef d’oeuvre de la musique sacrée.

Après avoir composé des opéras en Italie, Jean-Chrétien Bach part pour l’Angleterre, devenant ainsi le “Bach de Londres” où il sera “Maître de Musique de S.M. la Reine d’Angleterre”. C’est alors qu’il rencontre, en 1764, le jeune Mozart, pour qui il éprouvera une admiration et une amitié réciproques. De cette période, une anecdote raconte que Jean-Chrétien joua une sonate à tour de rôle avec Mozart sur le même clavier. Aujourd’hui, l’Histoire nous prouve que ce dernier s’est bien émancipé de son modèle…
Deuxième partie. Ayyub Guliyev, chef d’orchestre principal et directeur artistique de l’Azerbaïdjan State Opera and Ballet Theatre, conduit les musiciens dans l’air de concert de Mozart Vorrei spiegarvi, oh Dio! K 418. Une pièce durant laquelle la voix de la soprano Angéline Le Ray fera preuve d’une ductilité exemplaire dans des registres délicats, tout en conservant une diction parfaite.
Enfin, la Messe en ut majeur dite “du Couronnement” referme magnifiquement le programme. Le chef azerbaïdjanais aux multiples récompenses propose ici une direction dynamique et semble attentif à tous les détails : chaque attaque, qu’elle soit adressée aux musiciens, au choeur ou aux quatre solistes, est rigoureusement impulsée. La mesure, précise et vigoureuse, donne une interprétation pleine d’allant, notamment dans le Gloria. Une vision à la fois nuancée et contrastée, rendant pleinement le faste de cette Messe nimbée de cuivres éclatants.
Rappelons également que l’Ensemble Zoroastre a sorti son premier album “Terra Desolata” en 2018. Nous l’avions évoqué sur Classicagenda.