Le festival Inventio, dirigé par Léo Marillier, proposait en avant-première sa nouvelle création “Une nuit avec Faust” à Asnières-sur-Seine, en partenariat avec le Théâtre du Voyageur. Une riche aventure musicale, littéraire, chorégraphique et théâtrale autour du célèbre mythe.
Après le Musée vivant du chemin-de-fer à la Rotonde de Longueville l’an passé, le festival Inventio nous donnait de nouveau rendez-vous dans un lieu atypique : le Théâtre du Voyageur, du nom de la compagnie éponyme créée en 1991 par la comédienne Chantal Melior. La salle, logée entre deux quais de la gare d’Asnières-sur-Seine, offre 120 places assises – toutes occupées ce soir – à proximité de la scène. L’écrin intimiste favorise le lien avec les acteurs et musiciens, et permet de plonger le spectateur au cœur de l’action.
Berlioz, Wagner, Schumann, Liszt… le mythe de Faust a inspiré les plus grands compositeurs, et continue d’alimenter la création contemporaine. L’histoire commence de cette façon. Un soir, un savant en quête de la connaissance universelle remet en question sa vie. C’est alors que, en échange d’un pacte avec le Diable, Méphistophélès lui promet d’exaucer ses désirs…
Goethe, Lenau, Nietzsche et Thomas Mann
Le violoniste Léo Marillier – concepteur du spectacle -, aux côtés du pianiste Orlando Bass, partagent la scène avec les acteurs. Le programme promet un mélange “d’apparitions théâtrales et autres diableries”. Une nuit avec Faust est en effet truffé de références littéraires au service de ce mythe intemporel, sur fond de musique et de danse. L’auteur convoque Goethe, Lenau, Nietzsche et Thomas Mann.
Alors que le premier acte met en avant une lecture théâtrale de Faust, le deuxième place la musique au premier plan en modulant autour de la figure de l’artiste maudit. Les musiciens deviennent même acteurs. De la Faust Fantaisie de Wieniawski, en passant par les Nocturnes de Crumb ou une improvisation autour du deuxième quatuor de Ligeti, le choix des œuvres – pour certaines arrangées par les deux artistes – sert le récit pour alimenter l’imaginaire. Le deuxième acte soulève des questions autour de l’inspiration artistique, convoquant cette fois Schönberg et Busoni.
Séquences humoristiques
Le second Faust trouve son incarnation dans le troisième acte. La musique reste le fil conducteur et porte Schumann et Schönberg au premier plan. Cette dernière partie donne lieu à des séquences humoristiques comme des apparitions improbables d’un Centaure ou d’un Minotaure qui provoquent des éclats de rire spontanés.
Au cours du spectacle, on retrouve ce décalage avec le personnage irrésistible de l’écolier porté par Mathieu Mottet, ou encore avec le passage qui fait intervenir des marionnettes représentant les personnages sur scène.
Les saynètes s’enchaînent durant près de deux heures. Si on peut saluer la richesse du spectacle, la surabondance de tableaux ajoute malgré tout un peu de lourdeur à un récit qui aurait mérité plus de concision…
Du côté des acteurs, le Faust de François Louis, au verbe sûr, forme un duo captivant avec le Méphistophélès de Chantal Melior, convaincante grâce à un charisme magnétique. Les amours de Faust, incarnés par Sandrine Baumajs (Marguerite) et Ariane Lacquement (Hélène), jouent un rôle moteur dans l’évolution du récit.
Les musiciens montrent quant à eux une implication sans faille, le pianiste jonglant même entre plusieurs instruments avec aisance ! Enfin, saluons surtout la qualité du travail effectué sur les arrangements et l’enchaînement des pièces, qui participe au succès d’une soirée très applaudie, où la virtuosité musicale embrasse le mythe de Faust.
Toute la programmation du festival
Ce spectacle a été réalisé avec le soutien du Centre national de la musique.