Le sextuor de Brahms donné au Festival de Pâques de Deauville
Le sextuor de Brahms donné au Festival de Pâques de Deauville © Claude Doaré

Festival de Pâques de Deauville : les talents au rendez-vous

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Comme chaque année, la salle de vente aux enchères Élie de Brignac-Arqana de Deauville se transforme en salle de concert pour le Festival de Pâques. Les 29 et 30 avril, jeunes pépites et artistes confirmés ont défilé sur scène pour un programme Schnittke, Schumann, Brahms, Mozart et Haydn. Augustin Dumay n’a pu participer en raison d’une blessure.

Parrain de la première heure du festival de musique de chambre de Deauville, le violoniste Augustin Dumay a dû annuler sa venue peu avant la date du concert. En cause : une sévère fracture à la cheville. C’est le surdoué Pierre Fouchenneret, habitué des lieux, qui le remplace donc au pied levé dans le Sextuor à cordes n° 1 op. 18 de Brahms. Fin connaisseur de l’œuvre du compositeur – il a enregistré l’intégrale de la musique de chambre aux côtés de Lise Berthaud, François Salque et Eric Le Sage chez b•records – le violoniste a relevé le défi sans encombre. Il serait en effet difficile de trouver un défaut à cette exécution ! D’ailleurs, tous les artistes ont fait preuve d’une forte implication, une générosité au service de la clarté des lignes mélodiques : le violoniste Shuichi Okada, les altistes Manuel Vioque-Judde et Gabrielle Lafait, ainsi que les violoncellistes Bumjun Kim et Simon Dechambre. Les musiciens excelleront particulièrement dans les entêtantes variations de l’Andante ma moderato. Une belle redécouverte que ce sextuor dont les élans tendres et rafraîchissants lui valurent le surnom de Frühlingssextett « Sextuor du printemps ».

Le trio Arnold et Arthur Hinnewinkel au Festival de Pâques de Deauville
Le trio Arnold et Arthur Hinnewinkel au Festival de Pâques de Deauville © Claude Doaré

Avant l’exécution de ce sextuor, point d’orgue du concert, deux autres œuvres de jeunesse étaient proposées. Elle passèrent cependant au second plan après notre écoute de Brahms. En premier lieu, le rugueux Quatuor pour piano et cordes d’Alfred Schnittke sur lequel plane l’ombre de Mahler. Le choix de cette pièce en introduction peut désarçonner tant elle contraste avec le reste du programme… Saluons toutefois la prestation engagée du violoniste David Moreau, nouveau venu au festival et issu de “l’écurie” Singer-Polignac à l’instar du jeune pianiste prometteur Arthur Hinnewinkel. Les deux musiciens étaient aux côtés de Gabrielle Lafait et de Simon Dechambre.

Énergie communicative

Le trio Arnold et Arthur Hinnewinke nous livrait ensuite le Quatuor pour piano et cordes en do mineur de Robert Schumann, œuvre de jeunesse indissociable de la musique de Schubert tant elle en prend les contours. On est ici agréablement surpris par la formidable dynamique donnée à une partition sur laquelle nous n’osions parier au départ, or, il y eut un enthousiasme et une énergie communicative. Alors que l’Andante montre son intense poésie, le Minuetto, grisant, n’a rien à envier à l’éclatant final.

Julien Chauvin, le Concert de la Loge, Eléonore Pancrazi
Julien Chauvin, le Concert de la Loge, et Eléonore Pancrazi

Le dimanche soir, quatre pièces figuraient au programme du concert en compagnie de Julien Chauvin et de son sémillant Concert de la Loge. La facétieuse Sérénade n°6 en ré majeur de Mozart tenait lieu d’introduction, suivie de sa Symphonie n°1 en mi bémol majeur qui, si ce n’est la prestation remarquée des cornistes dans l’Andante, reste une œuvre assez formelle.

Grâce à la Symphonie n°6 en ré majeur, dite « Le Matin », de Joseph Haydn, le concert reprendra des couleurs. Le jour semble se lever avec les saisissantes premières mesures, tandis que le Menuet est particulièrement bien emmené dans un dialogue habile entre basson, contrebasse et violoncelle.

Eléonore Pancrazi, un charisme rayonnant

La suite du programme nous réserve Ariane à Naxos, cantate pour voix et orchestre, de Haydn, avec la mezzo-soprano Eléonore Pancrazi dans une incarnation sensible et naturelle. Du premier air Dove sei, mio bel tesoro ?, creuset du faux espoir qu’Ariane place dans le retour de Thésée, à l’aria Ah, che morir vorrei au cours de laquelle la chanteuse affiche une déchirante colère, la mezzo-soprano ne surjoue jamais les sentiments mais touche simplement le public grâce à son charisme rayonnant.

Encore une fois, le festival de Pâques de Deauville ose mettre à l’honneur des œuvres rares en concert, pour notre plus grande satisfaction.

Le festival se poursuit jusqu’au 7 mai.

Sa passion pour la musique classique provient de sa rencontre avec l'orgue, un instrument qu'il a étudié en conservatoire et lors de masterclass. Attiré très tôt par le journalisme, il écrit ses premiers textes pour le quotidien régional Sud-Ouest Dordogne. En 2016, il rejoint l’équipe de Classicagenda en tant que rédacteur, et publie des articles d'actualité, des interviews et des chroniques de concerts ou albums. Il sera également invité au micro de la RTS pour parler du renouveau de la critique à l'ère digitale. Parallèlement, il mène une activité dans le domaine de la communication numérique.

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