Alexandre Kantorow, piano, David Moreau, violon, et Maxime Quennesson, violoncelle, aux Musicales de Bagatelle.
Alexandre Kantorow, piano, David Moreau, violon, et Maxime Quennesson, violoncelle © Béatrice Prestage

Le Trio pour piano op. 50 de Tchaïkovski régale les Musicales de Bagatelle

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Comme chaque année depuis 15 ans, les Musicales de Bagatelle s’installent au sein de l’Orangerie du fameux parc parisien. Grâce au terreau fertile de la Fondation Banque Populaire, les jeunes pousses y viennent prendre toute la lumière. Ce concert de musique de chambre fut marqué par un monument, l’impétueux Trio pour piano op.50 de Tchaïkovski, redoutable pour les pianistes.

 

Après les “Elans romantiques” de l’an passé, où l’on a vu défiler une poignée de jeunes talents, place aux “Passions romantiques” ! Cette fois-ci, trois artistes sont conviés sur la scène des Musicales de Bagatelle. De jeunes musiciens qui portent en eux un héritage familial : Alexandre Kantorow, piano, David Moreau, violon, et Maxime Quennesson, violoncelle. On ne présente plus le père d’Alexandre, le violoniste et chef d’orchestre Jean-Jacques Kantorow, quant à Maxime, son père Jean-Paul occupe le poste de cor solo de l’Orchestre national de France. Et David Moreau ? Il évolue avec ses frères et sœurs : Edgar, Jérémie, et Raphaëlle… Un album (A family Affair) les a même réunis en 2020 dans un programme Dvorak et Korngold. 

Tout d’abord, David Moreau – dont nous avions apprécié le talent dans le rugueux Quatuor avec piano de Schnittke au dernier festival de Pâques de Deauville – formait un duo avec Alexandre Kantorow pour la Sonate pour violon et piano op.108 n°3 de Brahms. Un romantisme que le duo pousse à son paroxysme dans l’Adagio, où le violoniste trace une ligne mélodique d’une grande éloquence. 

Maxime Quennesson, violoncelle
Au premier plan, Maxime Quennesson, violoncelle © Béatrice Prestage

Le piano occupe également une place de choix dans le Trio op.50 de Tchaïkovski, « à la mémoire d’un grand artiste ». Une pièce dédiée au frère d’Anton Rubinstein, Nicolaï, dont le compositeur était très proche. Un chef d’œuvre poignant, marqué par le deuil. 

Un piano charnu

Kantorow choisit d’imposer un piano puissant, charnu, à la limite des capacités de l’instrument. Indéniablement, l’heure n’est pas au recueillement mais à l’expression d’une terrible douleur. L’impétuosité virtuose est tempérée par des passages plus mélancoliques où le duo violon – violoncelle sait montrer une touchante affliction. Puis, le portrait de l’ami disparu apparaît au fil des douze variations, comme autant de traits de pinceau aux contrastes saisissants. La Variation 5, étonnante, semble représenter une fragile boîte à musique, alors que le compositeur introduit des pièces variées telles qu’une Valse (6), ou une Mazurka (10), avant d’achever sa partition avec une glaçante coda aux allures funèbres. 

On peut saluer le choix de cette pièce ardue, défendue avec toute la fougue d’un jeune trio !

Rédacteur en chef adjoint de Classicagenda, Julien Bordas rédige également depuis 2016 des articles d'actualité, des interviews et des chroniques de concerts. Sa passion pour la musique classique provient notamment de sa rencontre avec l'orgue, un instrument qu'il a étudié en conservatoire et lors de masterclass.

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