Ensemble Zoroastre
Ensemble Zoroastre © David Blondin

Musique sacrée par l’Ensemble Zoroastre a l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet

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Mardi dernier, l’Ensemble Zoroastre nous conviait à une soirée consacrée à la musique sacrée au Théâtre de l’Athénée-Louis-Jouvet.

Créée en décembre 2012 par Savitri de Rochefort, sous le nom de « Ensemble Vocal de Paris », cette jeune formation chorale a été récemment rebaptisée « Ensemble Zoroastre » depuis qu’elle s’est enrichie d’un effectif instrumental. Et c’est sous cette nouvelle étiquette que cet ensemble s’attache, entre autre, à diffuser la musique classique à des publics a priori peu initiés à ses codes. Ce soir, le lieu est toutefois plus « conventionnel » : le concert se déroule en effet dans le très beau Athénée Théâtre Louis-Jouvet, fraîchement rénové après une longue fermeture.

Le programme s’articule autour de deux œuvres majeures du répertoire sacré du début du XVIIIe siècle. Il s’ouvre par le célèbre Gloria RV589 en ré majeur d’Antonio Vivaldi. Après un court entracte, il se poursuit avec le Dixit Dominus HWV 232 de Georg Friedrich Haendel. On est là dans le (très) connu, mais face à de telles œuvres, on ne boude pas le plaisir de la réécoute.

En préambule de chaque partie, des textes sont lus par Bruno Putzulu : un poème de Paul Claudel et un extrait de l’Apocalypse. L’interprétation de cet excellent comédien n’appelle évidemment aucun reproche, mais on se permettra de trouver cette insertion un peu trop courte pour apporter un vrai éclairage sur les œuvres présentées.

Savitri de Rochefort, chef de l'Ensemble Zoroastre © DR
Savitri de Rochefort, chef de l’Ensemble Zoroastre © DR

En revanche, tout au long de la soirée, on admire chez Savitri de Rochefort un grand souci du détail, des articulations précises et de beaux contrastes dans les nuances. Elle conduit ses troupes avec un enthousiasme qu’elle communique visiblement à ses musiciens. On pourra peut-être trouver que l’introduction du Gloria manque de lumière et d’éclat, et qu’elle affiche une ferveur un peu sage, mais le Dixit Dominus est, dans l’ensemble, particulièrement emballant. Les tempi y sont souvent vifs sans que cela n’entache jamais la précision des attaques, ni la clarté des parties fuguées. En outre, les chœurs sont extrêmement attentifs au texte, lequel reste constamment distinct et compréhensible.

Les parties solistes sont d’ailleurs également assurées par des membres du chœur. Les interprètes diffèrent pratiquement à chaque solo, ce qui permet de mettre en valeur les talents individuels des différents chanteurs capables de « sortir du rang ». Évidemment les qualités de chacun sont assez variables. On note ainsi quelques soucis de justesse dans De torrente in via bibet et une certaine tension dans Qui sedes ad dexteram patris. Mais certains numéros nous réservent en revanche de très agréables moments de chant, comme Tecum principium in die virtutis à l’impressionnante longueur de souffle, ou encore le Domine Deus qui met à l’honneur une soprano au timbre particulièrement lumineux, à la voix puissante et au phrasé admirable.

On remarque également le continuo très sonore et très riche de l’harmonium. Parfois, son côté inhabituellement bavard a quelque chose d’étrange, comme dans ce Domine Deus au caractère plus enjoué que recueilli. Mais il a tout de même le mérite de susciter une écoute attentive et de surprendre dans certains passages qu’on n’avait jamais entendus joués de cette manière. Bien que peu sollicités, il faut néanmoins saluer les interventions soignées des vents, et notamment du hautbois, dont les longues phrases sont subtilement ornées par son interprète.

Face aux applaudissements chaleureux du public, les musiciens reprennent, en guise de bis, le premier mouvement du Dixit Dominus, avant de conclure cette très agréable soirée.

On pourra retrouver l’Ensemble Zoroastre, direction Savitri de Rochefort, le 26 mai à l’Abbaye du Bec-Hellouin (Eure) pour un programme dédié à Hasse, Haendel et Escaich.


Antonio Vivaldi
Gloria RV589 en ré majeur

Georg Friedrich Haendel
Dixit Dominus HWV232

Ensemble Zoroastre
Savitri de Rochefort

Avec la participation de Bruno Putzulu

7 mars à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Biberonné à la musique classique dès le plus jeune âge, j’ai découvert l’opéra à l’adolescence. En véritable boulimique passionné, je remplis mon agenda de (trop) nombreux spectacles, tout en essayant de continuer à pratiquer le piano (en amateur). Pour paraphraser Chaplin : « Une journée sans musique est une journée perdue »

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