Ils sont violoniste, pianiste, ou accordéoniste… des lauréats de la Fondation Banque Populaire ont lancé cette année leur premier festival. Un pari risqué en cette période d’incertitude, mais récompensé par l’enthousiasme et la présence du public.
Originaire d’Avignon, le violoniste Grégoire Girard fait rimer vin et musique en créant cette année le festival Vallée du Rhône en musique. Une manifestation lancée dans un souci de reconquête du public. “Le public de la musique dite “classique” ne devrait pas être autre chose que… tout le monde !” lance Grégoire. “L’idée du festival est de proposer des concerts en partenariat avec un acteur de la vie économique, patrimoniale ou touristique du terroir, principalement des vignerons”, explique le jeune artiste, ancien élève de Roland Daugareil, qui souhaite ainsi “attirer vers la musique le grand public, habitants comme touristes.”

Pour cette première édition organisée au cours de l’été, le défi a été relevé avec plus 450 entrées comptabilisées. Le festival a séduit le public, que ce soit lors des concerts ou des dégustations. “Le bonheur à lire sur les visages était la meilleure preuve que l’histoire de l’humanité, virus ou pas, se dessine dans le partage et la convivialité et non dans la méfiance de l’autre, tellement étouffante à l’heure de l’incontournable distanciation sociale” ajoute Grégoire Girard.
A Gimont, un festival pensé pour le long terme
Observant, à peu d’exceptions près, “une certaine fixation autour des mêmes invités et du même public”, le pianiste Sébastian Ené a fondé le Festival des Trois Soleils à Gimont dans le Gers, son “berceau français”. Pourquoi cette commune ? ”Le choix de ce lieu correspond à la fois à un attachement que j’ai pour la région et pour les personnes remarquables que j’y ai rencontrées lors de mon arrivée en France”, indique Sébastian. Avant de venir étudier au Conservatoire de Paris, notamment auprès de Roger Muraro, le pianiste fit ses premières armes en Roumanie.

Le festival s’inscrit dans une démarche de moyen et long terme en conjuguant qualité et diversité : “il semble plus urgent de se concentrer sur la création de propositions artistiques et culturelles que sur l’obtention d’un succès rapide” assure-t-il. Sans subventions, ni sponsors, et avec une jauge réduite en raison des conditions sanitaires, l’événement a réuni 65 personnes par concert, malgré une publicité lancée une dizaine de jours avant la première date ! Une réussite qui s’explique notamment par la confiance des musiciens et des différents partenaires envers ce projet.
Pour ces deux jeunes directeurs artistiques, la mise en place de leur premier festival a été bousculée par la crise sanitaire, mais la présence du public semble avoir balayé les incertitudes.
Les Hivernales en Provence, un projet pour enrichir l’offre culturelle hors-saison
Dans le sud-est de la France, Ambre Vuillermoz, accordéoniste, s’apprête à lancer son premier festival, Les Hivernales en Provence, aux côtés de sa duettiste, la pianiste Elena Soussi. Le calendrier se décline d’octobre 2020 à mars 2021 à raison d’un concert de musique de chambre par mois, dans des lieux du patrimoine provençal. “Neuf artistes, dont 7 femmes – fait assez rare pour être souligné ! – s’y produiront dans différentes formations”, détaille la jeune artiste originaire de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette saison musicale, organisée volontairement “hors-saison”, s’inscrit dans un contexte d’offre culturelle réduite en hiver. “Les concerts se déroulent à l’Auditorium des Observantins, qui est une chapelle XV°/XVI° à l’intérieur même du bâtiment du conservatoire de Manosque” ajoute celle qui débuta l’accordéon au sein de cet établissement avant d’étudier avec Fanny Vicens. En lien avec l’association Jeux d’anches, l’accordéoniste porte également un projet pédagogique dans les quartiers prioritaires de cette ville.

Bien sûr, en ces temps bousculés par le coronavirus, la situation est loin d’être facile pour les organisateurs. “Nous souhaitons maintenir les concerts en toute circonstance, mais évidemment nous devons réduire les jauges, ce qui nous fait prendre plus de risques financièrement, déplore Ambre. Il y a aussi la crainte qu’un artiste ne puisse pas venir car certains sont résidents étrangers, ou qu’il ou elle tombe malade…”.
Espérons que ce festival inédit puisse rencontrer son auditoire, notre époque a plus que jamais besoin de culture !
Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la Fondation Banque Populaire.