Le Théâtre des Champs-Elysées, à l’heure des fêtes de fin d’année, a programmé une des œuvres emblématiques – sinon iconique – de Jacques Offenbach : La Vie parisienne. Il s’agit de la version originelle et intégrale de 1866, et le TCE n’a pas hésité à en prévoir de nombreuses représentations jusqu’au 9 janvier 2022.
On sait que le destin des ouvrages lyriques est d’être plus que fréquemment modifiés, adaptés, en réalité “charcutés” par les maisons d’opéra ou les metteurs en scène, quand ce n’est pas la censure qui s’en mêle… Nombre de ces œuvres nous parviennent amputées, défigurées, ou incomplètes.
C’est exactement l’inverse qui vient de se produire avec cette nouvelle édition de La Vie parisienne réalisée par le Palazzetto Bru Zane, décrite comme étant la “version originelle de 1866 rétablie d’après le livret de censure”.
C’est cette version – dont certains passages sont inédits – qui est représentée scéniquement depuis le 21 décembre, au Théâtre des Champs-Elysées.
Plus de texte, plus de musique – dont certaines parties totalement inconnues et jamais interprétées. L’ensemble, en 5 actes, est séduisant et justifiait largement le travail colossal entrepris, aboutissant à plus de 3 heures de comédie et de musique.
Les facéties de Bobinet et de Gardefeu n’en sont pas affectées, bien au contraire, et valaient bien cette restauration, au sens propre du terme.

Cet opéra-bouffe prend dans cet état originel une dimension toute autre et sa drôlerie – non sans une pointe de mélancolie – en sort renforcée.
Pour réussir cette transformation, il fallait des maîtres d’œuvres efficaces et impliqués : c’est le cas tout d’abord de Christian Lacroix grâce à sa belle et claire mise en scène. Le créateur s’est également chargé des décors et, évidemment, des costumes, les uns et les autres tout de couleurs et de lumières.
Il fallait aussi une belle et dynamique direction musicale : c’est le cas de celle du jeune chef d’orchestre Romain Dumas, à la tête des Musiciens du Louvre, chauffés à blanc.

Il fallait enfin une équipe – en alternance – de chanteurs éprouvés et capables de nous emporter dans le tourbillon de la musique de Jacques Offenbach, particulièrement propice à nous régénérer en cette fin d’année affectée à nouveau par la pandémie…
Tous les solistes, sans exception, sont remarquables. On aura particulièrement noté le talentueux Baron de Gondremarck de Franck Leguérinel, la pimpante à souhait et espiègle Gabrielle de Jodie Devos, l’émouvante Metella d’Aude Extrémo, et enfin l’abattage comique de la Madame de Quimper-Karadec d’Ingrid Perruche.
Le Chœur de chambre de Namur et la troupe de danseurs complètent avec panache cette belle distribution et contribuent à faire de cette soirée une heureuse parenthèse, tambour battant !
Le site du Théâtre des Champs-Elysées
La Vie parisienne
Opéra-Bouffe de Jacques Offenbach
en cinq actes -Livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy
Version originelle intégrale de 1866 – Editions musicales du Palazzetto Bru Zane
lundi 27 décembre 2021, 19h30.
jusqu’au dimanche 9 janvier 2022.
Direction musicale: Romain Dumas
Mises en scène, décors et costumes: Christian Lacroix
Chorégraphie: Glysleïn Lefever
Lumière: Bertrand Couderc
Distribution:
“Gabrielle”: Jodie Devos,
“Gardefeu”:Rodolphe Briand
“Bobinet”: Laurent Deleuil
“Le Baron de Gondremarck”: Franck Leguérinel
“Metella”: Aude Extrémo
“Le Brésilien”/Gontran/Frick: Eric Huchet
“Urbain/Alfred”: Laurent Kubla
“Pauline”: Elena Galitskaya
“Joseph/Alphonse/Prosper”: Carl Ghazarossian
“Madame de Quimper-Karadec”: Ingrid Perruche
“Clara”: Louise Pingeot
“Bertha”: Marie Kalinine
“Madame de Folle-Verdure”: Caroline Meng
Orchestre: “Les Musiciens du Louvre et leur Académie”
en partenariat avec le “Jeune Orchestre Atlantique”
Chœur de chambre de Namur:
Chef de chœur: Thibaut Lenaerts
Chorégraphie : Glyslein Lefever