Dimanche 22 mai , dans le cadre idyllique de l’Orangerie de Bagatelle, se donnait le concert de clôture du festival Les Musicales de Bagatelle qui œuvre depuis de nombreuses années à la promotion des jeunes talents. Ce festival de la Fondation Banque Populaire, dirigé par Rodolphe Bruneau-Boulmier, associe savamment anciens lauréats de la fondation devenus des artistes confirmés avec des jeunes, dans une programmation soigneusement équilibrée.
Cet après-midi là, la talentueuse pianiste Lise de la Salle y donnait la Sonate en si mineur de Franz Liszt en première partie puis, entourée du Quatuor Elmire, le Quintette avec piano et quatuor à cordes de César Franck.
Enfant prodige, puis artiste à la carrière internationale, Lise de la Salle présentait donc la Sonate en si mineur de Franz Liszt, un des chefs d’œuvre du compositeur et monument du répertoire pour piano.
Dédiée à Robert Schumann, c’est une œuvre monumentale que Liszt compose là, d’abord par sa longueur inédite, une demi-heure environ, mais surtout parce qu’elle est une véritable « action musicale », les thèmes y sont caractérisés comme des personnages, inspirés de la littérature romantique, Faust en particulier. Elle est aussi monumentale par son originalité et sa construction audacieuse, qui se présente en une grande salve musicale ininterrompue. Le nombre limité des thèmes, chacun bien reconnaissable, ne cesse de se transformer et de se combiner de façon fascinante au cours de l’œuvre. On y sent bien les influences de Beethoven et de la Wanderer Fantasie de Schubert et il y préfigure le principe cyclique qu’on retrouvera plus tard chez César Franck, qui se matérialise justement en deuxième partie de concert.
Dans cette grande sonate de Liszt, Lise de la Salle s’épanouit pleinement au fur et à mesure de l’œuvre, développant une intensité et une richesse de timbres de toute beauté sur ce piano Shigeru Kawai qui laisse toute amplitude à la pianiste de développer les plus subtiles nuances.
Un quintette de Franck magistral
Très attachée à la bonne entente humaine et artistique, Lise de la Salle s’est entourée, pour la deuxième partie du programme, du Quatuor Elmire, lauréat 2021 de la Fondation, pour le Quintette pour piano et quatuor à cordes de César Franck. Cette oeuvre composée en 1879 et dédiée à Camille Saint-Saëns, se décline en quatre mouvements, dont le ton dramatique ne décroît pas, si
ce n’est pour le 2e mouvement d’un caractère plus élégiaque.
Autre œuvre monumentale (de près de quarante minutes), dotée d’autant de tempérament que l’œuvre de Liszt, Lise de la Salle et le Quatuor Elmire en proposent une vision envoûtante, soulignant la dramaturgie musicale avec passion… Le piano est ici magistral et le quatuor s’élève comme une lame de fond arrivant sur des vertigineux crescendos émotionnels, et un finale absolument vibrant. Une très belle rencontre entre ces artistes dont la complicité artistique se montre étincelante.
Vous pourrez retrouver les concerts du festival en tournée, le 15 septembre à l’Hôtel Negresco à Nice, et le 20 décembre 2022 au Couvent des Jacobins à Rennes.