Jean-Baptiste Robin signe son deuxième album monographique composé de pièces d’orchestre et de musique de chambre. Il réunit des œuvres enregistrées de 2012 à 2021. Un bel hommage à la valeur du temps.
L’album, Time Circles, comme son nom l’indique, fait référence au temps qui passe. Et en parcourant son œuvre, on devine aisément que le compositeur aime jouer avec le temps. On pense notamment à des pièces évocatrices telles que L’Horloge, The Hands of Time, Tic-Tac, Click Time, ou encore La destruction du temps.
Jean-Baptiste Robin réunit les deux talents d’organiste et compositeur. Il occupe également le poste de professeur d’orgue et de composition au Conservatoire à Rayonnement Régional de Versailles, et peut s’enorgueillir d’avoir été nommé organiste, par quartier, de la Chapelle Royale du château de Versailles. De l’instrument “orchestre” à la musique d’orchestre il n’y a qu’un pas…
Le programme nous aspire en premier lieu au cœur de l’entêtant Crop Circles (2012) interprété par l’Orchestre national de France mené par Marin Alsop. En effet, comment résister à l’ivresse provoquée par cette rythmique implacable, ce son tourbillonnant à souhait, ces cordes diaphanes ? Seule la fin, abrupte, mettra un point final à cette circonvolution. On retrouve cette ferveur dans La lame des heures (2019) où l’on reconnaît là l’écriture idiomatique de Jean-Baptiste Robin avec ses modes symétriques.
Dans #TicTac (2019), Robin fait contraster les tempi. On retiendra ici le très lyrique Goutte de temps, mouvement au sein duquel la violoniste Sarah Nemtanu dessine une mélodie surplombant les arpèges du pianiste Romain Descharmes. Un “tic tac” présent dans une pièce plus récente, Zénith (2020), qui voit l’Orchestre des Pays de Savoie égrener le temps au moyen de pizzicati chers au compositeurs. Au cœur de la dernière partie, les deux hautbois viennent se draper dans des cordes tourmentées libérant une force dramatique impressionnante.



La mezzo-soprano Delphine Haidan ouvre une parenthèse vocale au milieu de l’album. Les trois sections Soleil Nuit, Regard de couchant et Nuit de cristal, constituent les Poèmes de l’aube et de la nuit. Ce triptyque émouvant plonge l’auditeur dans une méditation vespérale d’une touchante poésie.
Trois nuits, pour deux violoncelles, voit les violoncellistes Victor Julien-Laferrière et François Salque – Robin sait toujours s’entourer d’excellents interprètes ! – exécuter un sombre pas de deux menant à la mort. Quant au dernier volet, La traversée des morts, il rend un hommage appuyé à Dutilleux grâce aux notes qui en forment le nom dans la section lente.
A travers cet album réussi, Jean-Baptiste Robin nous invite à observer la futilité du temps, sa beauté, son rythme implacable, et son itération qui conduit inéluctablement l’homme au crépuscule de sa vie.
Le mot de l’artiste, Jean-Baptiste Robin
“L’enregistrement des pièces de musique de musique de chambre a eu lieu dans un studio très atypique en plein cœur de Montreuil, à côté de Paris. Il est souvent utilisé pour la musique de grandes productions cinématographiques. Il y avait des guitares Fender, des Gibson, une batterie, etc. Cela m’a donné l’occasion de rejouer de la guitare électrique 30 ans plus tard et de faire un bon “boeuf” avec ma femme au piano et Delphine Haidan au chant.”