Céline Baril dans "La Castafiotte"
Céline Baril dans "La Castafiotte" © Sélim Martin

La Castafiotte : le one-woman-récital lyrique

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Connaissez-vous la Castafiotte, la plus grande diva de l’histoire de la musique ?
Rien que pour vous, nous sommes allés l’écouter au théâtre de Nesle à Paris, où tous les premiers dimanches du mois elle met sa vie en musique.

 

À l’époque de Mozart, n’existaient ni les ordinateurs, ni les tablettes et encore moins les iPhones. Pour travailler, le célèbre compositeur autrichien devait allumer une petite bougie, prendre du papier, de l’encre et une plume d’oie.
Vous imaginez bien que dans ces conditions, il a sûrement dû faire quelques erreurs. Mais ne vous inquiétez pas, il existe une grande chanteuse, une superbe artiste, qui pourra enfin corriger sa musique : la Castafiotte.
Il s’agit d’une vraie chanteuse professionnelle car, après 19 ans, elle a obtenu le prestigieux diplôme du conservatoire… du XVème arrondissement !

C’est ainsi que la charismatique Céline Baril nous raconte la genèse de la carrière d’artiste de sa Castafiore réinventée, en nous entraînant dans un récit passionnant et à l’humour politiquement incorrect.

À travers le prisme de l’amour, elle nous fait voyager dans l’histoire de la musique, en la réinterpretant et en l’adaptant à ses circonstances personnelles.
Chérubino de Le nozze di Figaro devient donc un vulgaire caïd qui drague toutes les filles qui passent dans la rue, l’air O del mio Dolce ardor d’Elena e Paride de Glück est la bande son de sa première rencontre avec Michele, qui la séduit au son de la Shéhérazade de Ravel (La flûte enchantée). Mais finalement le bel italien lui brisera le cœur, non sans l’avoir obligée tout de même à supporter sa mère, une fanatique de la mer (A la femminisca de Berio).

Céline Baril dans "La Castafiotte" © Sélim Martin
Céline Baril dans “La Castafiotte” © Sélim Martin

Des tas de plaisanteries contre le monde du spectacle vivant ponctuent la soirée. Baril aborde le conservatisme de l’éducation musicale dans les conservatoires et les préjugés sur le système des intermittents. Très réussi est son détournement de la célèbre fable de La Fontaine La cigale et la fourmi, mise en musique par Offenbach.

L’artiste critique la rareté de la musique contemporaine (“On ne joue que des morts !”) et la simplicité des livrets d’opéra, puis elle parle du classisme entre les musiciens, tout en montrant sa condescendance envers son pianiste accompagnateur… que le public ose applaudir ! Son collègue Glenn Gourde (interprété par Yann Lombard) est à ses yeux résolument inutile et sa présence un vrai complot à son égard car : “Dans les récitals de chant, on nous refile toujours un pianiste, dont le nom apparaît sur le programme à côté du nôtre, mais l’inverse ne se produit jamais. C’est suspect, non ?”

Nous remarquerons sa séance avec le psy autrichien, auquel elle dévoile sa relation compliquée avec une mère colérique, suggérée au piano par les notes de Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen, et ses problèmes avec un père insomniaque (Nessun dorma).

Le spectacle se termine par la rencontre qui changera à jamais la vie de la Castafiotte : une prostituée cynique lui révèlera enfin (ainsi qu’au public) le secret d’une vie heureuse : “Ne vous aimez pas les uns les autres : renoncez à l’amour !”

Avec grande intelligence, Céline Baril, qui a également assuré la mise en scène, concocte un spectacle hilarant et accessible à plusieurs niveaux. Des mélomanes aux néophytes, tout le monde y trouve son compte : les premiers apprécieront le détournement d’airs qui leur sont familiers et s’amuseront à déceler les nombreuses références, et les seconds seront initiés à la musique classique et à l’opéra dans une ambiance spontanée et décontractée.
Après cette heure et demie si amusante, nous ne doutons pas que le public sera enchanté de retrouver sur la scène des grandes salles du monde la Castafiotte : la diva par excellence !

 


 

La bande annonce du spectacle :

Parallèlement à sa formation en chant lyrique, Cinzia Rota fréquente l'Académie des Beaux-Arts puis se spécialise en communication du patrimoine culturel à l'École polytechnique de Milan. En 2014 elle fonde Classicagenda, afin de promouvoir la musique classique et l'ouvrir à de nouveaux publics. Elle est membre de la Presse Musicale Internationale.

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