La Cité du Vin à Bordeaux © Anaka / La Cité du Vin / XTU architects
La Cité du Vin à Bordeaux © Anaka / La Cité du Vin / XTU architects

Cité du Vin à Bordeaux : vin et musique en harmonie

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Jusqu’au 24 juin 2018, la Cité du Vin à Bordeaux présente sa nouvelle exposition temporaire “Le Vin et la Musique, accords et désaccords (XVIe – XIXe siècles)“. Pour le deuxième événement de ce type en ses murs, l’établissement propose, avec le concours de la Bibliothèque Nationale de France, un parcours autour de 150 oeuvres évoquant les liens entre vin et musique au fil des siècles.

Déjà présente dans son parcours permanent, l’idée d’associer vin et musique a donc tout naturellement germé dans l’esprit des responsables culturels de la Cité du Vin. Il ne restait plus qu’à décliner cette thématique autour de divers objets patrimoniaux.
L’établissement a donc cherché un commissaire susceptible de concevoir ce projet. “La Cité est venue vers moi en raison de ma double spécialité (musicologie et histoire de l’art), ainsi que pour les diverses expositions temporaires que j’avais conçues et réalisées précédemment” détaille Florence Gétreau, commissaire de l’exposition et directrice de recherche émérite au CNRS.

Comme fil conducteur du parcours, on retrouve naturellement le mythe de Dionysos, dieu de la vigne, dans les six parties de l’exposition : “Dionysos, le vin et la musique“, “Danse, bacchanale, ballet, bal populaire“, “Amour et ivresse“, “Figures de caractère et allégories“, “Concerts domestiques et tables galantes“, “Banquet, tavernes et cabarets“.

Il faut préciser qu’au fil des siècles le lien entre vin et musique a fait l’objet de multiples évocations, tous arts confondus, et a concerné l’ensemble des milieux sociaux. Un choix a alors dû s’opérer. “Les oeuvres présentées ici sont un juste équilibre entre oeuvres musicales savantes et plus populaires, oeuvres antiques (notamment les contenants à vin porteurs d’une iconographie bachique mettant en scène vin et musiciens), objets d’art quotidiens ou exceptionnels avec cette double thématique, et oeuvres scéniques tels que les partitions d’orchestre, projets de décors et de costumes, accessoires de scène” poursuit la commissaire.

Des points d’écoute, répartis sur le parcours, permettent aux visiteurs de déguster des airs de Lully, Rameau, de visionner des extraits d’opéra, voire de découvrir des enregistrements inédits d’airs à boire. (voir ci-après la sélection de pièces remarquables). “La prise en compte de l’écoute musicale a été omniprésente et a fait l’objet – avec la scénographe de l’exposition Loretta Gaïtis (ndlr : l’architecte a déjà collaboré avec le Musée d’Orsay, le Grand Palais et la Bibliothèque nationale de France) – d’une attention très particulière pour une écoute dans des conditions optimales ajoute Florence Gétreau. Elle rompt avec les pratiques habituelles de consommation de la musique.”

Les mœurs ont changé, alors aujourd’hui, le lien entre vin et musique est-il toujours aussi étroit ? “Même si la radio et la consommation de musiques enregistrées ont largement mis fin à la pratique chansonnière domestique, et à celle des lieux de sociabilité (en milieu rural comme urbain) de nouvelles formes de partage où vin et musique sont associés existent toujours assure la chercheuse. Un livre tout récent de Christophe Mariat et Fabien Korbendau associe ainsi Rock et vin”. (De la vigne aux platines – Histoires d’accords rock & vin – Editions de l’Epure)

Jusqu’au 24 juin, concerts et conférences jalonneront cette exposition, disposée sur 700m2, et dotée d’un parcours dédié aux jeunes publics.

Visitez le site de la Cité du Vin : https://www.laciteduvin.com/fr

 


La sélection des pièces remarquables, par Florence Gétreau, commissaire de l’exposition

– Les vases antiques provenant du musée du Louvre et du Cabinet du département des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France

– Les ensembles constitués autour d’une oeuvre musicale : plusieurs ballets et opéra de Lully ; l’opéra « Bacchus » de Massenet ; le ballet « Anacréon » de Rameau (provenant de la Bibliothèque nationale de France et de la bibliothèque Mériadeck de Bordeaux) ;

– Les oeuvres des chansonniers du XIXe siècle tels Pierre Capelle, Marc-Antoine Désaugiers, Pierre-Jean de Béranger ;

– Des oeuvres picturales de très grande qualité : la « Bacchanale » de Michel Ange Houasse (musée du Prado) ; le « Cortège du boeuf gras » du Maître des cortèges (musée Picasso) ; la « Joyeuse compagnie » de Dirck van Baburen (Musée de Mayence) ; « Les chanteurs » de Gerrit van Honthorst (musée des Beaux-Arts de Lyon) ; « Les attributs de la Musique » de Jean-Baptiste Oudry (Cité de la Céramique à Sèvres) ; la « Réunion de buveurs » de Nicolas Tournier (musée Tessé du Mans) ;

– des instruments de musique très rares : une basse de viole de Michel Collichon, Paris, 1689 (Bochum, Musée de culture historique) ; virginal double, Martinus van der Biest, Anvers, 1580 (Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum) ; musette de cour, vers 1690-1720 (Paris, musée de la Musique) ;

– un seau à rafraîchir en argent de Jean-Valentin Morel, 1844, dont l’iconographie évoque les rêves procurés par l’ivresse ; des assiettes historiées; des verres à vin gravées de motifs dionysiaques.

Rédacteur en chef adjoint de Classicagenda, Julien Bordas rédige également depuis 2016 des articles d'actualité, des interviews et des chroniques de concerts. Sa passion pour la musique classique provient notamment de sa rencontre avec l'orgue, un instrument qu'il a étudié en conservatoire et lors de masterclass.

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