Daniel Lozakovich
Daniel Lozakovich © Lev Efimov - DG

Daniel Lozakovich, le jeune prince du violon à la Fondation Louis Vuitton

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Le jeune virtuose Daniel Lozakovich, poulain de l’écurie Deutsche Grammophon, donnait jeudi 7 novembre à la Fondation Louis Vuitton, un récital de pièces emblématiques du répertoire du violon. Une suite de perles brillamment serties par le jeune violoniste, surnommé “l’archet prodige” !

C’est un programme très flatteur pour l’oreille de l’auditeur comme pour les doigts du violoniste qu’à choisi Daniel Lozakovich ! Une succession de pièces courtes, certaines brillantes, d’autres méditatives, toutes des petits bijoux violonistiques, se succédant comme un collier de bis, ou d’encores. Ainsi avec près de deux heures de programme, le jeune virtuose évitait toute longueur et donnait à entendre sa parfaite maîtrise de l’instrument dans des morceaux, souvent donnés en concours, mais finalement assez peu en récital, très agréablement réunis ensemble.

 

Daniel Lozakovich, un parcours stellaire

Pour ceux qui ne connaissent pas encore Daniel Lozakovich, il s’agit d’un jeune violoniste de 18 ans maintenant, de nationalité suédoise, qui tutoie l’Olympe musical depuis déjà de nombreuses années. Il donne son premier concert à 9 ans, remporte le 1er Prix de violon du Concours international de violon Vladimir Spivakov suivi de quelques autres, se retrouve propulsé à 13 ans au Festival de Verbier, et c’est sur ce berceau musical vaudois que se penchent des bonnes fées telles que Martha Argerich, Vladimir Spivakov, Renaud Capuçon… Par son jeu élégant et la rigueur de ses interprétations, il acquiert rapidement une réputation internationale, se voit invité par les plus grands orchestres, jouant sous la direction de chefs éminents comme Valery Gergiev, Neme Järvi ou Christoph Eschenbach. Il sort son premier album à 15 ans chez Deutsche Grammophon et son deuxième album, toujours chez ce label, vient de paraître. Pour accompagner son talent, la Fondation Louis Vuitton justement, lui prête un magnifique violon Stradivarius dit “Le Reynier”.

Daniel Lozakovich
Daniel Lozakovich © Lev Efimov – DG

Timbre de velours et virtuosité éclatante

Daniel Lozakovich, élancé, se présente sur scène avec un sourire doux et une présence sans affectation. Il débute son programme avec le Prélude et Allegro de Fritz Kreisler, pièce écrite dans le style des violonistes du XVIIIe siècle. Un peu froid mais admirablement rectiligne, il donne déjà à entendre sa parfaite justesse et un magnifique archet. Dans le Salut d’Amour d’Elgar, le jeu du jeune homme s’arrondit et se montre d’ une délicatesse subtile, et si la Capricieuse d’Elgar, est plus coquette que bouillonnante, elle ne perd rien de son charme instillé avec beaucoup de finesse.
C’est le côté bouillonnant qui manque un peu justement dans les deux danses hongroises de Brahms qui suivent. L’excellente habileté, les tempos, les nuances, tout est là, mais il occulte un peu, dans son élégante sobriété, le côté populaire, tzigane de ces danses.
Le naturel délicatement réservé du jeune violoniste sied mieux à la magnifique mélodie d’Orphée et Eurydice de Gluck, qu’il interprète avec une grâce absolue.
Mais c’est dans les deux pièces pour violon seul que Daniel Lozakovich pétille et saisit : on dirait qu’il s’épanouit dans la difficulté ! Lozakovich virevolte avec une facilité déconcertante :  dans la Ballade de la 3e sonate opus 27 d’Ysaÿe, puis dans la Paganianiana de Nathan Milstein, toutes deux d’une difficulté redoutable, il domine purement et simplement et éblouit l’auditoire !

 

Un beau lieu vaut-il un accueil glacial ?

L’entre-acte est de courte durée. Le public est orienté vers une sortie, de laquelle il s’avère impossible d’accéder ni au bar ni même au hall central de la Fondation Vuitton. Des employés bloquent les issues nous expliquant qu’il y a une autre soirée et qu’on ne peut pas passer. Seule option pour se dégourdir les jambes, aller dehors, sur le parvis désert, dans le vent et le froid. On ne profitera donc pas du plaisir architectural du lieu et on restera la gorge sèche, tant pis.
Mais de retour dans le joli auditorium, Lozakovich réchauffe les âmes et offre tour à tour une danse espagnole extraite de La Vie Brève de Manuel de Falla pleine d’énergie et un zapateado impétueux de Sarasate. Dans le ravissant Liebesleid de Kreisler il est d’une précision, d’une poésie proprement céleste, puis il conclut sur le fameux Introduction et Rondo Capriccioso de Camille Saint-Saëns, donnant une interprétation de très belle facture.
Pourtant le moment réellement magique est le Clair de Lune de Debussy, en version violon et piano : à travers la baie vitrée, la cascade de la Fondation Vuitton scintille tandis que Lozakovich nous transporte hors du temps … Il offrira encore deux bis avec son discret mais très efficace pianiste Stanislas Soloviev, deux pièces de Tchaikovsky, la célèbre Mélodie et None but the Lonely Heart devant un public le saluant copieusement. Une belle soirée de violon avec un virtuose certes jeune, mais fait pour durer.

 

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