Florent Mélac
Florent Mélac © Erik Sawaya

Rencontres Musicales d’Evian : Florent Mélac chorégraphie pour le Quatuor Modigliani

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Les Rencontres Musicales d’Evian s’ouvrent le samedi 4 juillet à 20h, à la Grange au Lac, par une rencontre de la danse et de la musique. Le Quatuor Modigliani se produira avec Agnès Letestu et Florent Mélac, danseurs de l’Opéra de Paris, pour une création chorégraphique taillée sur mesure, diffusée en direct sur Medici.tv et Radio Classique. Rencontre avec le danseur et chorégraphe Florent Mélac.

 

Sujet à l’Opéra de Paris et chorégraphe, Florent Mélac est une des personnalités les plus brillantes de sa génération. A moins de 30 ans, il a dansé presque tout le répertoire de Noureev, mais s’est aussi distingué dans des ballets de Mats Ek, Forsythe et Mac Gregor, et eut comme partenaires Agnès Letestu, Eleonora Abagnato, Alice Renavand, Hannah O’Neil… Avec l’interruption temporaire des activités à l’Opéra , il embrasse des projets novateurs avec la complicité d’artistes talentueux.

 

Florent Mélac, vous êtes sujet à l’Opéra et jeune chorégraphe, on vous voyait régulièrement dans des rôles de soliste dernièrement, comment avez-vous vécu cette soudaine interruption due au COVID-19 et quelle est la situation pour les danseurs du ballet aujourd’hui ?

Comme pour tous les danseurs en pleine carrière et dans la force de l’âge, on voit ces mois écoulés comme perdus. Comme vous le savez, notre carrière, notre vie scénique est assez courte. C’est sans doute pour cela que l’on ressent plus fortement encore que d’autres, ce temps que l’on ne rattrapera jamais. Mais je ne veux pas me plaindre, car on est tous touchés, et dans le monde entier ! Pour les danseurs, c’est particulièrement handicapant de s’entraîner sans studio, sans espace, et seul. Toutefois on fait le maximum pour que la reprise soit le plus fluide possible. Dans ce contexte très particulier, ce projet m’a vraiment motivé pour me maintenir en haute forme physique et je me sens privilégié de pouvoir participer et danser dans cette période.

 

Que se passe-t-il à l’Opéra ?

Nous avons eu avec l’Opéra des communications régulières. L’activité reprendra fin 2020 car les travaux prévus en 2021 ont été décalés à l’automne 2020. Donc Bastille rouvrira ses portes pour les spectacles de Noël, et à Garnier, les activités reprendront en janvier 2021 de façon normale, la programmation de 2021 reste inchangée. Par ailleurs, la direction travaille en ce moment même sur l’élaboration de nouveaux projets, sous de différentes formes.

 

Êtes-vous d’une famille de danseurs ? Comment êtes-vous venu à cette carrière ?

Non, je viens d’une famille de chirurgiens-dentistes, montagnards, et amateurs de tennis. La danse m’a toujours fait envie, et dès l’age de 4 ans, j’ai insisté pour pratiquer cette activité. Dans la région ce n’était pas commun, alors mes parents m’ont inscrit à la gym. Un peu plus tard, j’ai pu prendre des cours de danse à Tarbes, et deux ans après je montais à Paris, où j’ai été reçu à l’école de danse de l’Opéra de Paris et aller même plus loin que ce que je n’avais jamais imaginé.

 

Vous avez déjà été remarqué pour vos chorégraphies, quelles sont vos influences et vos inspirations ?

A l’Opéra de Paris, nous avons la chance d’avoir un répertoire très large, avec des chorégraphes passés et contemporains exceptionnels. J’ai une formation classique et j’ai dansé tous les ballets du répertoire. Mais on étudie aussi la danse contemporaine et j’ai été amené à travailler sur des œuvres de Mats Ek, Forsythe, Pina Bausch, Béjart, Wayne Mac Gregor… j’ai eu des expériences particulièrement fortes en dansant des pièces de Pina Bausch et Mats Ek… Tous ces différents vocabulaires gestuels m’influencent évidemment, mais j’apporte, j’espère, ma touche personnelle (rire).

Agnès Letestu et Florent Mélac
Agnès Letestu et Florent Mélac © Erik Sawaya

Comment est né ce projet ?

Avec Agnès Lestestu, nous sommes amis de longue date de Laurent Marfaing, altiste du Quatuor Modigliani, et de cette amitié a découlé l’envie de travailler ensemble. Le Quatuor Modigliani sont des musiciens artistiquement curieux, ouverts sur les autres arts et c’est à leur initiative que le projet s’est construit. Il y aura Agnès Letestu et moi, le scénographe Jérémy Demester et une mise en lumière de Victor Burel. Je ne veux pas tout dévoiler, mais on peut dire que ce concert-spectacle aura un aspect visuel important en plus de la musique.

Ce quatuor de Ravel, choisi par le Quatuor Modigliani, a été pour moi une découverte merveilleuse.

Je crois que vous jouez également du piano, quel rôle a la musique dans vos chorégraphies ? Le quatuor de Ravel était-il un choix imposé ?

(Rire) Ah non, non, je pianote tout au plus ! Mais c’est vrai que mon moteur est la musique. Dans la vie, comme dans mes chorégraphies. Je choisis ma musique d’abord, les mouvements, les agencements s’appuient complètement dessus, et c’est elle que je veux rendre visuellement. Ce quatuor de Ravel, choisi par le Quatuor Modigliani, a été pour moi une découverte merveilleuse. J’écoute plutôt de la musique orchestrale, des concertos, des symphonies… notamment de Ravel que j’adore… Daphnis et Chloé et la Valse bien sûr, mais surtout toute son œuvre pour piano ! Sa musique de chambre est une partie de son œuvre qui ne m’était pas familière, mais qui m’a entièrement happé depuis. Ce quatuor notamment, est tellement souple, riche d’atmosphères changeantes, de force et de délicatesse, c’était une source d’inspiration inespérée.

Le Quatuor Modigliani
Quatuor Modigliani © ALMC Photo Luc Braquet

Votre partenaire Agnès Letestu a été une des grandes étoiles de l’Opéra. Vous créez sur mesure pour elle ?

Je ne chorégraphie pas pour elle mais sur elle. En réalité, depuis quelques temps, je ne prépare que mon plan chorégraphique à l’avance et les lignes générales que je souhaite développer, car je m’aperçois que lorsque je conçois quelque chose précisément, une fois sur place, je rechange tout (rires). Donc maintenant je prépare l’ossature de la chorégraphie, les placements sur scène, les interventions des uns et des autres, les lignes et les élans, puis pour le détail des pas, des enchaînements, des articulations de la chorégraphie, ça se passe en studio avec la danseuse. Mes chorégraphies sont destinées à toutes les danseuses, mais du fait de chorégraphier sur Agnès, inévitablement, je suis influencé par sa manière d’être, de bouger, ses qualités particulières… Agnès en a beaucoup, et c’est vrai que j’en joue ! Elle a par exemple des levés de jambes somptueux, j’aurais probablement fait un certain nombre de choses différemment sans cela.

Je n’imaginais pas qu’un jour je serai sur scène avec le Quatuor Modigliani !

Parlez-nous du Quatuor Modigliani ? Les connaissiez-vous avant cette collaboration ?

Oui bien sûr, étant amis avec Laurent Marfaing, nous avions déja assisté à plusieurs concerts du Quatuor Modigliani. Je n’imaginais pas qu’un jour je serai sur scène avec eux ! Je suis vraiment heureux d’avoir l’occasion de travailler avec des musiciens d’une telle qualité. Et puis, ils ont une homogénéité esthétique et ils s’entendent visiblement très bien ! En tant que spectateur, j’ai l’impression qu’ils ont une véritable communion de pensée, un côté «  un pour tous, tous pour un » (rires). Je suis heureux, d’avoir l’occasion, d’en faire partie.

 

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