Promenades musicales au festival "Dans les jardins de William Christie"
Promenades musicales au festival "Dans les jardins de William Christie"

De Juilliard à Thiré : les jeunes talents chez William Christie

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La pédagogie et la transmission ont toujours été au cœur de la démarche de William Christie, qui chaque année invite des jeunes musiciens en formation à la Juilliard School de New York à son festival à Thiré.

Nous avons donc rencontré le violoncelliste Alexander Nickolls, la violoniste Augusta McKay Lodge et le violoniste et altiste Toma Iliev, pour discuter avec eux de leur passion pour la musique ancienne et de leur expérience aux côtés de William Christie et des musiciens des Arts Florissants.

 

Comment êtes-vous arrivés à la musique ancienne ?

Alexander Nickolls : J’ai toujours été fasciné par l’histoire du XVIIIe siècle : la vision du film Amadeus de Miloš Forman, à l’adolescence, a réveillé en moi un grand intérêt pour les opéras de Mozart.
J’ai compris que la musique était ce que je voulais faire et quand je suis rentré au conservatoire de Sydney, je me suis tout naturellement orienté vers le département de musique ancienne, dont j’ai intégré l’orchestre.

Augusta McKay Lodge : J’ai eu la chance de grandir entourée de musique car je suis née à Oberlin dans l’Ohio, où se trouve un conservatoire très préstigieux. J’ai commencé à étudier le violon à l’âge de 3 ans, et à 15 ans j’ai intégré le conservatoire, où j’ai ensuite été acceptée comme apprentie dans l’orchestre Apollo’s Fire. Je fais de la musique ancienne depuis sept ans maintenant et je souhaite explorer ce répertoire le plus possible.

Toma Iliev : J’ai étudié à l’Université de l’Indiana. Je ne connaissais pas beaucoup la musique ancienne, mais en l’explorant et en jouant dans un orchestre baroque, j’ai compris que c’était ce que je voulais faire. J’ai donc auditionné pour la Juilliard et aujourd’hui je me consacre entièrement à ce répertoire.

Répétitions pendant le festival "Dans les jardins de William Christie"
Répétitions pendant le festival “Dans les jardins de William Christie” © Jay Qin

Vous êtes tous les trois dans le cursus de musique ancienne à la Juilliard School de New York. En quoi consiste-t-il plus précisément ?

A. M. L. : Il y a plusieurs cours : claviers, clavecin, développement de l’oreille musicale et histoire des XVIIe et XVIIIe siècles.
Ensuite, deux fois par semaine on fait de la musique de chambre sous la supervision de différents professeurs de Juilliard et des musiciens invités, comme William Christie, Jordi Savall, Pablo-Heras Casado, David Hill, Masaaki Suzuki, etc.

T. I. : Le cours de musique de chambre est très intéressant car on se retrouve dans la même classe avec des élèves d’autres disciplines, du coup le cours devient un cours de musique elle-même : on apprend par exemple comment souligner des idées musicales et l’harmonie de la pièce, afin de la rendre plus intelligible pour le public.

A. N. : Avec l’orchestre, nous faisons énormément de concerts et c’est très enrichissant !
Nous suivons aussi des cours individuels d’instrument et des classes plus généralistes, comme des conférences sur la rhétorique, la danse, l’histoire et la musicologie.

 

Et la recherche musicale ?

A. N. :  Dans la classe d’études avancées il y a la possibilité d’apprendre comment faire des recherches et trouver des sources d’information sur la musique ancienne.

A. M. L. : Nous avons la chance d’avoir accès non seulement à la magnifique bibliothèque de la Juilliard, qui dispose de superbes manuscrits, mais aussi à la bibliothèque publique de New York qui se trouve juste à côté.

T. I. : Les professeurs sont également des ressources importantes pour nous.

 

C’est la première fois que vous participez au festival “Dans les jardins de William Christie”. Qu’est-ce qui vous a plu le plus de cette expérience ?

A. M. L. : Tout. Il a largement dépassé toutes mes attentes ! Être sur la scène flottante avec les musiciens des Arts Florissants et avec William Christie en face de vous est tout juste… extraordinaire !
Le cadre du festival est également exceptionnel : ça nous plonge dans le passé et en même temps nous fait mieux profiter du présent. Après la méditation du soir j’étais émerveillée de voir les étoiles au dessus de ma tête. Ça change de New York !
Ce contexte permet vraiment d’amener la musique à l’époque que l’on veut et de mieux la transmettre au public.

A. N. : J’aime beaucoup les promenades musicales. Elles permettent de passer d’un concert à un autre comme dans une galerie d’art. Le public ne s’ennuie jamais !

T. I. : L’expérience du festival a été très enrichissante !

William Christie et les musiciens dans Monsieur de Pourceaugnac
William Christie et les musiciens dans Monsieur de Pourceaugnac © DR

Quel est le meilleur conseil qui vous ait été donné ?

T. I. : D’avoir confiance en moi, de m’exprimer et de ne pas jouer pour les collègues, mais pour le public.

A. M. L. : J’ai reçu beaucoup de bons conseils, je pense qu’il faut tous les combiner et les mettre à sa propre sauce.
Nous avons une chance exceptionnelle d’étudier à Juilliard et d’être ici au festival aujourd’hui.

A. N. : Fais ce que tu aimes et donne le meilleur de toi-même !

Parallèlement à sa formation en chant lyrique, Cinzia Rota fréquente l'Académie des Beaux-Arts puis se spécialise en communication du patrimoine culturel à l'École polytechnique de Milan. En 2014 elle fonde Classicagenda, afin de promouvoir la musique classique et l'ouvrir à de nouveaux publics. Elle est membre de la Presse Musicale Internationale.

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