LAAC en Cygnes © DR
LAAC en Cygnes © DR

« LAAC en Cygnes » sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées

4 minutes de lecture

La scène du Théâtre des Champs Elysées a accueilli pour une unique représentation le 24 juin 2018 LAAC en Cygnes, spectacle qui signe la 3ème édition de LAAC en Scène(s). Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta, danseurs étoiles et directeurs de L’Atelier d’Art Chorégraphique- LAAC en résidence au sein du même Théâtre, innovent cette année en invitant le Ballet Junior de Genève, la Palucca de Dresde et l’école du Ballet Royal de Suède pour un échange créatif et une expérience scénique conjointe. Une occasion exceptionnelle de découvrir le talent à l’oeuvre de jeunes danseurs de pépinières européennes. Le spectacle est accompagné par les musiciens du LAAC.

 

Le spectacle LAAC en Cygnes est l’aboutissement de l’ambitieuse démarche artistique et pédagogique du LAAC. La vocation professionnelle prend ici tout son sens dans l’accompagnement des jeunes apprentis- âgés de 14 ans à 20 ans de l’atelier jusqu’à la mise en situation sur la scène, affirmée avec vigueur dans le partage de cette expérience inédite avec le public.
Chaque école présente une pièce de son choix avant de se rassembler dans Swan18 .1, une chorégraphie collective conçue par Clairemarie Osta.

Dare to dare, une chorégraphie d’Anna Guillermin, apprentie pro du LAAC, est présenté par le LAAC et l’école du Ballet Royal de Suède. Le Nocturne in C sharp Minor de Frédéric Chopin accompagne la pièce. Tout d’abord, un quatuor inspiré se déploie en gestes larges et expressifs. Puis 12 danseurs apparaissent en ombres chinoises. Le dialogue corporel se nourrit des couleurs musicales, le rythme corporel est soutenu par un ancrage au sol assuré et profond, affirmant ainsi une belle énergie commune. De l’ensemble se dégage une harmonie convaincue et l’intégration d’une présence scénique confiante.

La Palucca présente ensuite The door, une chorégraphie de James Potter, ancien élève de l’Université de danse de Dresde. Pour ce quatuor, un vocabulaire tout en contrastes. Tenue en noir et blanc, alternance d’énergie passant tour à tour de l’explosion, cependant fugace, à la prise d’espace plus contrôlée, en retenue grave. L’ancrage efficace au sol encourage le large déploiement des corps, la liberté des sauts et la dynamique en spirales. Une belle présence scénique.

Le LAAC présente 2 pièces contrastées, accompagnées par ses musiciens.

Le Lac des Signes chorégraphié par Julie Suchestow artiste intervenante du LAAC, s’accompagne de rythmes percussifs orchestrés par la talentueuse Déborah Shannon.
L’écriture chorégraphique est percutante, à la frontière du rap, du hip-hop et de la danse jazz. Dans un esprit danse urbaine enlevée, les jeunes danseurs en frondeurs déjantés célèbrent la liberté de leurs corps dansant dans une liesse gagnée dans l’accélération de la rythmique sonore. Une liberté permise par la connexion permanente de l’état de corps concentré d’énergie tonique avec les variations des sonorités percussives. Une éclatante démonstration d’écoute fine et d’expressivité.

Puis Siegfried, une chorégraphie de Nathalie Pubellier, sur une composition musicale conduite par Déborah Shannon. La gestuelle est large, déliée. La construction spatiale par des entrées sorties latérales est agréablement gérée par les danseurs qui se laissent prendre à la finesse des couleurs sonores.

Le Ballet Junior de Genève présente Rooster (extraits) du jeune et talentueux chorégraphe Barak Marshall. Une pièce narrative composée de plusieurs tableaux colorés de situations imaginaires aussi variées que les états émotionnels qu’elles provoquent. A l’appui d’une structure scénique intelligente, l’écriture chorégraphique inventive associe à la base classique bien installée danse contemporaine, hip-hop, danses urbaines, expression théâtrale façon comédie musicale enlevée et une teinte de folklore. L’énergie est musclée, révélée par l’alternance de phrases en dynamique explosive et des brefs moments d’équilibre des corps en attente fugace.
L’expressivité est mise à l’honneur. Avec verve et fraîcheur, les danseurs doués de talents d’acteurs content des fables touchantes de poésie, des histoires où se croisent situations burlesques, douleurs et dérision. Les émotions sont exacerbées et atteignent le spectateur transporté par le plaisir manifeste du don entier de soi à l’expression de la danse.

Conçue par Clairemarie Osta, Swan 18.1 est accompagné des arrangements musicaux de Déborah Shannon et Mathieu Lecoq d’une musique d’après Tchaïkovsky. Pour cette chorégraphie collective, les jeunes danseurs s’inspirent de l’imaginaire et de la symbolique révélés dans l’œuvre du répertoire classique, le Lac des cygnes de Marius Petipa, « comme la métamorphose, l’eau, le conte de fée, la migration, l’oiseau, … ». Le vocabulaire académique, d’entrée, étend son envergure sur l’espace scénique, installant indéniablement l’esprit du ballet de référence. Les groupes d’expression contemporaine ont une part belle et se succèdent. Les jeunes chorégraphes confortent leurs aventures corporelles au gré de leurs aspirations. Les corps affirmés dans une identité technique personnelle se délient et, confiants, se donnent au service de la pleine expression.

Des individualités intensément habités se révèlent, rassemblés dans une belle énergie commune, la ferveur touchante d’une jeunesse profondément inspirée et investie avec coeur dans un corps déjà livré à l’ivresse de la danse. Un beau chemin de scène en perspective, la promesse d’un élan vers les étoiles…

 


« LAAC en cygnes »
LAAC en scène(s) 3ème édition
LAAC- Direction: Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta
Présentation le 24 juin 2018
Théâtre des Champs Elysées, 15 avenue Montaigne 75008 PARIS

La danse dans tous ses champs d’expression est sa fabrique de vie. Sa poésie l’accompagne, imbriquée intimement dans ses domaines d’activités mêlant architecture, expertise en assurance et immobilier, écriture. La passion raisonnée la nourrit dans la sueur des ateliers et de la scène et la façonne en danseuse lucide, pédagogue, notatrice Laban et essayiste. Au-delà de sa vocation patrimoniale, l’écriture est un fabuleux médium de partage d’émotions à savourer et à vivre. Chroniqueuse pour Classicagenda, elle s’ingénie à délivrer au lecteur les stimuli sensoriels tels qu’ils transpirent de l’oeuvre chorégraphique et tente de l’impliquer émotionnellement en le connectant aux perceptions corporelles telles qu’elles jaillissent dans l’expérience visuelle.

Derniers articles de Chronique