Emőke Baráth
Emőke Baráth © Szofia Raffay Erato Warner Classics

Le Chant fervent d’Emőke Baráth

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Le 17 novembre, pari relevé pour le deuxième concert de la saison des Moments Musicaux des Alpes-Maritimes à la Cathédrale Sainte-Réparate de Nice, avec la soprano Emőke Baráth et l’ensemble baroque Il Pomo d’Oro.

 

Consacré à trois œuvres sur le thème de l’hymne marial Salve Regina (de Georg Friedrich Haendel, Leonardo Leo et Giovanni Battista Pergolesi), ce choix de programmation pouvait à premier abord sembler relever plus d’un exercice musicologique que destiné à plaire au public mais, comme ce fut le cas lors du précédent concert consacré à trois œuvres sur le texte Nisi Dominus, le pari fut relevé avec brio par la captivante soprano hongroise Emőke Baráth et l’ensemble baroque Il Pomo d’Oro.

Baráth a donné une performance juste et émouvante de ce répertoire sacré, chantant avec une ferveur authentique, sans théâtralité. Son timbre particulièrement chaud est proche du timbre d’une mezzo, surtout dans le médium. Ses notes aiguë sont douces plutôt que perçantes, et lorsqu’elle chante piano sa voix a une merveilleuse qualité éthérée. Dans la cantate de Leo, en particulier, elle a rendu parfaitement le contraste entre la fluidité des passages mélismatiques du premier mouvement, la colorature du deuxième mouvement et les sanglots de la prière du troisième. Dans la cantate de Pergolesi, Baráth a modulé la couleur de sa voix de manière si subtile qu’il était impossible de distinguer sa voix du son des violons.

Il Pomo d'Oro
Il Pomo d’Oro © J. Mignot

Les six musiciens de Il Pomo d’Oro lui ont cependant accordé deux moments de repos bien mérités régalant le public de deux œuvres instrumentales assez rarement interprétées : le Concerto pour violon et orgue en ut majeur, RV 808 de Vivaldi et le Concerto a 4, op. 1, n° 11 de Locatelli. Les solistes, premier violon Evgeny Sviridov et l’organiste et chef d’orchestre Francesco Corti ont joué avec fougue, s’engageant dans un dialogue ludique où l’un complétait les phrases de l’autre. Le reste de l’ensemble a grandement contribué à l’énergie collective, avec un merveilleux claquement du spiccato dans le violoncelle et la contrebasse.

Toujours dans l’esprit de la musique de louange mariale, Baráth et Il Pomo d’Oro ont gratifié le public appréciatif d’un bis, Haec est Regina virginum, HWV 235 de Haendel, dont le thème principal pour violon a été recyclé plus tard par Haendel dans sa Water Music. L’ardente simplicité du chant de Baráth a envoûté le public qui aurait voulu qu’elle ne s’arrête jamais.

Jacqueline Letzter et Robert Adelson, historienne de la littérature et musicologue, sont les auteurs de nombreux livres, dont Ecrire l'opéra au féminin (Symétrie, 2017), Autographes musicaux du XIXe siècle: L’album niçois du Comte de Cessole (Acadèmia Nissarda, 2020) et Erard: a Passion for the Piano (Oxford University Press, 2021). Ils contribuent à des chroniques de concerts dans le midi de la France.

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