Dans son nouvel opus, “La musique comme paradis” (Buchet-Chastel), Jacques Drillon, journaliste et ancien critique musical à l’Obs, place en perspective musique jouée et musique écoutée en s’intéressant notamment au statut singulier de l’interprète, qu’il soit amateur ou professionnel.
Être musicien n’est pas savoir ce qu’est la musique nous dit l’auteur. Alors comment la définir ontologiquement ? Pourquoi avons-nous tant de difficultés à décrire sa beauté ?
Pour tenter de répondre à ces problématiques, l’auteur explore les rapports entre texte et musique, et évoque notamment le rôle des sous-titres dans les opéras, ou invite à se méfier des titres de pièces pouvant enfermer le musicien dans une direction, en particulier la Sonate op. 27/2 de Beethoven baptisée “Clair de lune” par Rellstab.
Afin d’aborder la musique sur la forme et non sur le fond – si difficile à saisir – l’auteur la met en relation avec la poésie, la peinture, la littérature ou la philosophie. En effet, l’impossibilité d’assimiler la musique à un langage et sa capacité à échapper à toute logique nous place souvent devant une impasse. En cela, l’auteur soulève d’épineuses questions philosophiques à l’instar d’un Vladimir Jankélévitch.
En conclusion Drillon prédit un avenir plutôt sombre pour la musique, reléguée à un paradis visité par un groupe restreint d’individus. A cela s’ajoute une nostalgie pour les authentiques cours de musique au collège où il a “appris l’essentiel, sur quoi le reste pouvait se construire”, et une inquiétude, l’ignorance de nos élites en matière de musique classique…
Une passionnante pérégrination.
La musique comme paradis – Buchet-Chastel – 80 pages