Huit jeunes violoncellistes, parrainés par François Salque, ont défendu leur instrument avec virtuosité et élégance lors de la première soirée des Musicales de Bagatelle le 25 mai.
La Fondation Banque Populaire accompagne depuis 26 ans les talents de demain à travers, notamment, l’organisation de ce festival situé au coeur du parc de Bagatelle.
Sur la scène de l’Orangerie, ce soir, le violoncelle est roi. « Il inspire sensualité, stabilité, créativité et force » confie la harpiste Marielle Nordmann, directrice artistique du festival, peu avant le concert. Et avec lui, nous assisterons à un voyage à travers les siècles, malgré les caprices d’une météo très orageuse…
Pour débuter, Ivan Karizna, primé au concours Reine Elisabeth et parrain de cette édition aux côtés de François Salque, nous emmène avec brio sur les pas du hongrois Zoltan Kodaly. Ce sera le mouvement allegro molto vivace de la Sonate pour violoncelle seul op.8, « la pièce du XXème siècle la plus jouée au monde » précise en préambule François Salque. Et sûrement pas l’une des plus aisées à exécuter tellement elle requiert de technique de la part de son exécutant. La pièce s’inspire de musiques traditionnelles d’Europe centrale et tire de l’instrument des sonorités incroyables, que l’on peut qualifier d’innovantes pour l’époque de sa composition (1915). Ce soir, Ivan Karizna a relevé le défi avec virtuosité et sensibilité, en exploitant toutes les possibilités de son violoncelle.
Hermine Horiot et Bumjun Kim sont ensuite réunis en duo pour une pièce d’un compositeur du XVIIème siècle, Jean-Baptiste Barrière, Duo en Sol Majeur. L’ornementation subtile, la poésie de l’adagio ou encore le brillant allegro prestissimo d’où rejaillit l’esprit italien conquiert le public.

Les Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski, pour violoncelle et orchestre à l’origine, sont interprétées par François Salque, Ivan Karizna, Justine Metral et Hermine Horiot. Une réduction pour quatuor où les instrumentistes se partageront le rôle de soliste. Tour à tour romantiques, virtuoses, dansantes, éloquentes, endiablées, ces variations resteront un moment fort de la soirée.
François Salque entouré des huit jeunes violoncellistes nous fait savourer ensuite la beauté du Lamento d’Arianna de Monteverdi. Que le violoncelle traduit ici avec sincérité la tristesse d’Arianna pleurant le départ de Thésée !
Plus divertissante, la pièce Prelude et embalada de Villa-Lobos, tirée des Bachianas Brasileiras, nous sort de notre mélancolie. Rythmes populaires et musique savante s’entendent à merveille dans ce vibrant hommage au style de Bach. L’orage qui s’abat sur Paris ce soir offre d’ailleurs un contrepoint à cette musique, dont le Prélude s’achève sur un tonitruant coup de tonnerre !
Pour conclure le programme, Paganini et ses électrisantes Variations sur une seule corde sur un thème de Rossini adaptées pour 9 violoncelles. Une pièce qui a permis d’apprécier la symbiose entre ces jeunes artistes, à l’instar de la Danse des elfes de David Popper donnée en bis dans une interprétation des plus ensorcelantes.
Seul ou en formations, le violoncelle nous surprend encore une fois par la palette des sentiments qu’il peut exprimer. Surtout lorsqu’il est représenté par l’un de ses plus vifs ambassadeurs et des artistes à la carrière prometteuse !