© Daniil Rabovsky
Olga-Peretyatko © Daniil Rabovsky

Olga Peretyatko et Dmitry Korchak : une soirée mémorable pour un public en extase

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Si le but du cycle Les Grandes Voix est de faire écouter aux parisiens les meilleurs interprètes du moment, le pari est gagné : Olga Peretyatko et Dmitry Korchak ont offert au public un spectacle sous le signe de la très haute qualité et du plaisir. Plaisir d’écouter des airs et des ouvertures célèbres, d’admirer les trois robes étincelantes de Peretyatko — clin d’oeil aux fêtes de fin d’année qui se rapprochent — et de partager ces émotions avec un public rarement aussi chaleureux.

L’Orchestre de chambre de Paris, sous la baguette de Manuel López-Gómez, nous offre une ouverture de la Flûte enchantée à l’allure assurée, avec un son à la fois homogène et attentif à la multiplicité des timbres.

Olga Peretyatko, qui paraît tout droit sortie d’un roman de Tolstoï, entre en scène pour interpréter une Donna Anna pleine d’agilité et de nuances dans l’aigu. Après la légère froideur des premiers airs, l’interprétation de la soprano devient de plus en plus convaincante et sa voix ne cesse de nous séduire tout le long du récital : uniforme et legata dans « Bel raggio lusinghier » (Semiramide) ou ronde et vibrante dans l’air tiré de Lucia di Lammermoor. Le public est visiblement ensorcelé.

Dmitry Korchak suscite le même enthousiasme : sa voix lyrique, caressante les oreilles, charme les spectateurs qui lui pardonnent un Ottavio presque plus séduisant que Don Giovanni.

Mais le marathon vient de commencer. Le programme, qui favorise la virtuosité des chanteurs plutôt que le parcours d’écoute, est très dense et voit s’alterner, après Mozart, des airs de Rossini et de Donizetti.

L’orchestre assure pleinement ces changements de style : de l’ambiance purement rossinienne de l’ouverture de Semiramide, jouée avec énergie et subtilité, à celle pleine d’humour de Don Pasquale, qui met en valeur les timbres des cuivres et des bois, pour finir avec une Italienne à Alger très entraînante.

Les deux chanteurs russes nous offrent des moments grandioses en solo, avec un Nemorino débordant de sincérité, une Fiorilla brillante et assurée dans les passages d’agilité et un Tonio expressif, et en duo dans un « Quoi, vous m’aimez ? » plein de complicité.

Le public, charmé par la bravoure des interprètes, les couvre d’applaudissements et ne les laisse partir qu’après trois reprises, dont on saluera la virtuose Villanelle et le « Ah mes amis… Pour mon âme », où Korchak s’envole à son tour dans les suraigus.

 

Olga Peretyatko soprano
Dmitry Korchak ténor
Orchestre de chambre de Paris
Manuel López-Gómez, direction
Cycle « Les grandes voix »

 

Programme

Wolfgang Amadeus Mozart
La Flûte enchantée, ouverture
« Crudele ? Ah no, mio bene », « Dalla sua pace », « Fuggi, crudele, fuggi », extraits de Don Giovanni

Gioachino Rossini
« Bel raggio lusinghier» extrait de Semiramide
« Che ascolto… Ah ! Come mai mi sento» extrait d’Otello

Gaetano Donizetti
Don Pasquale, ouverture
« Regnava nel silenzio », « Qui di sposa eterna… », extraits de Lucia di Lammermoor
« Una furtiva lagrima », extrait de L’Elisir d’amore

Gioachino Rossini
Semiramide, ouverture
« Non si dà follia maggiore », extraits d’Il Turco in Italia
L’Italienne à Alger
, ouverture

Gaetano Donizetti
« Pour me rapprocher de Marie », « Quoi, vous m’aimez ? », extraits de La Fille du régiment

Rappels

Eva Dell’Acqua
« La Villanelle »

Gaetano Donizetti
« Ah mes amis… Pour mon âme » extrait de La Fille du régiment
« Chiedi all’aura lusinghiera » extrait de L’Elisir d’amore

Parallèlement à sa formation en chant lyrique, Cinzia Rota fréquente l'Académie des Beaux-Arts puis se spécialise en communication du patrimoine culturel à l'École polytechnique de Milan. En 2014 elle fonde Classicagenda, afin de promouvoir la musique classique et l'ouvrir à de nouveaux publics. Elle est membre de la Presse Musicale Internationale.

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