Le projet d’enregistrement de Poèmes Symphoniques français a fourni l’heureux prétexte d’une première collaboration entre le Palazzetto Bru Zane – Centre de Musique Romantique Française et l’Orchestre National de Lyon. La session d’enregistrement du mardi 4 mai 2021 nous a permis d’entrevoir la concrétisation de ce projet à l’Auditorium de Lyon.
Placé sous la direction de son nouveau directeur musical, le chef d’orchestre israélo-danois Nikolaj Szeps-Znaider (poste qu’il occupe depuis septembre 2020) l’Orchestre National de Lyon a débuté en mai 2021 la première session d’enregistrement des poèmes symphoniques français, à l’initiative du Palazzetto Bru Zane (3 au 7 mai 2021). Lors de notre venue, l’orchestre répétait les deux premières pièces de la session, Viviane d’Ernest Chausson et La Nuit et l’Amour d’Augusta Holmès.
Deux séances d’enregistrements ont été prévues, la seconde devant intervenir au cours de l’année 2022, la parution du coffret étant envisagée en 2023 pour le label “Bru Zane”.
Autant le dire tout de suite, le projet d’enregistrer les poèmes symphonique français, œuvres largement méconnues à l’exception de quelques “tubes”, constitue une initiative salutaire qui sera pour nombre de passionnés de musique classique une découverte absolue.
Mis à part les quelques célébrissimes L’Apprenti sorcier de Paul Dukas, Danse macabre de Camille Saint-Saëns, ou encore Espana d’Emmanuel Chabrier, peu nombreux sont ceux qui ont entendu (ou même tout simplement, connaissent) Aux étoiles d’Henri Duparc , D’un matin de printemps de Lili Boulanger ou La Nuit et l’Amour d’Augusta Holmès…
Ce projet vient donc combler fort opportunément un vide…. assourdissant.
On ne sait sans doute pas assez que la forme “poème symphonique”, forgée par Franz Liszt, a pourtant rencontré un très grand succès auprès des compositeurs et compositrices français et engendré un nombre important de pièces consacrées à ce genre. Le choix auquel il a fallu se résoudre a dû être redoutablement difficile, vu l’abondance et la qualité des œuvres pouvant prétendre à figurer sur ce coffret de deux CD.
Constatation qui ne fait que renforcer le bien fondé de l’idée de les enregistrer, les mettant ainsi à la portée du plus grand nombre.



La session d’enregistrement des poèmes symphoniques a débuté par Viviane, opus 5, d’Ernest Chausson (1855-1899).
Créé en mars 1883, Viviane s’inspire de la légende de la Table Ronde et présente schématiquement deux “moments”, deux atmosphères musicales et dramatiques : une séquence plutôt wagnérisante avec, notamment, un puissant recours à des cuivres héroïques et des cordes élégiaques, séquence ponctuée d’explosions sonores, cors et percussions étourdissants. Cette première partie tumultueuse fait place à la forêt magique dans un climat presque impressionniste où les harpes s’installent dans une relative accalmie… puis le hautbois et le triangle se font une place de choix.
Nikolaj Szeps-Znaider, qui mène une brillante carrière de violoniste concertiste, accorde une attention toute particulière aux cordes ; c’est son premier disque en tant que chef d’orchestre.
Un ultime déferlement sonore se dissout dans le phrasé élégiaque des cordes qui conclut cette pièce à la fois puissante et délicate au cours de laquelle l’Orchestre National de Lyon fait valoir la beauté de ses cordes et la magnificence de ses timbres ; à noter également sa très grande homogénéité.
Nikolaj Szeps-Znaider nous confiait à la pause qu’il avait affaire avec Viviane “à une musique magnifique”. On ne le contredira pas !



La session se poursuivait avec une pièce d’Augusta Holmès (1847-1903), La Nuit et l’Amour.
Élève de César Franck, la compositrice (hélas encore méconnue du grand public) peut se prévaloir d’une production musicale abondante tant dans le domaine instrumental – et notamment symphonique -, que dans le domaine lyrique et mélodique. Un de ses poèmes symphoniques le plus connu est Irlande (1882), son ascendance irlandaise y étant sans doute pour quelque chose….
Le choix du Palazzetto Bru Zane pour l’enregistrement s’est cependant porté sur La Nuit et l’Amour, extrait de l’Ode-Symphonie Ludus pro Patria pour chœurs et orchestre, avec récit en vers (1888). C’est une oeuvre courte très séduisante, d’un accès immédiat, qui atteste de la grande maîtrise instrumentale d’Augusta Holmès. Elle est parcourue d’une mélodie parfois langoureuse qui disparaît sur un accord arpégé. La mélodie est aux cordes et aux harpes, comme une romance nostalgique.
Un seul regret… sa brièveté.
Ce sont là les deux premières pièces de la session d’enregistrement. S’y ajouteront D’un matin de printemps de Lili Boulanger, Le Chasseur maudit de César Franck, Aux étoiles d’Henri Duparc, L’Apprenti sorcier de Paul Dukas, Danse macabre de Camille Saint-Saëns, Espana d’Emmanuel Chabrier.
Le directeur artistique du Palazzetto Bru Zane Alexandre Dratwicki nous confiait qu’à la faveur de la désignation d’un “nouveau directeur musical de l’Orchestre National de Lyon, il existait une réelle opportunité de faire un focus avec cet orchestre sur la musique française et les compositrices qui en font partie”. Il ajoutait que cet enregistrement démontrait que “la musique symphonique avait toute sa place dans les productions du Palazzetto Bru Zane, Centre de Musique romantique française”.
Alexandre Dratwicki précisait également qu’un partenariat s’était noué entre son institution et l’Orchestre National de Lyon et que la deuxième session d’enregistrement aurait bien lieu dans le courant de l’année 2022, qu’elle contiendrait d’autres pièces de compositeurs peu mis à l’honneur : Istar, variations symphoniques (opus 42) de Vincent d’Indy (1851-1931) et Le Songe de Cléôpatre opus 180 n° 2 de Mel Bonis (1858-1937)
Parution envisagée au 2ème semestre 2023.
Enregistrement pour le label BRU ZANE
Mardi 4 mai 2021
Auditorium de Lyon
Poèmes symphoniques français :
“Viviane” d’Ernest Chausson
“La Nuit et l’Amour” d’Augusta Holmès
Orchestre National de Lyon
Direction musicale: Nikolaj Szeps-Znaider