Le jeune festival parisien consacré au violon fêtait cette année son 2ème Printemps ! Pour clôturer sa série de concerts, rendez-vous était donné à la salle Byzantine du Palais de Béhague, pour un récital “Ba-Rock” consacré à “La Stravaganza” de Vivaldi. Une partition vivifiante !
Le concept de l’événement ? Venir à la rencontre d’artistes de renommée internationale dans des lieux insolites du 7ème arrondissement. Inauguré le premier jour du printemps à la station de métro “Rue du Bac” en l’honneur de Jean-Sébastien Bach, la journée se terminait à l’église Saint-Thomas d’Aquin pour un hommage “Happy Bach” !
D’ateliers en conférences, de masters classes en expositions, en passant par un ciné-concert, le jeune “Printemps du Violon” – piloté par des violonistes virtuoses, Anton Martynov et Michaël Guttman – posait ses derniers pupitres au Palais de Béhague, sise 123 rue Saint-Dominique. Une jauge plutôt réduite pour un concert de clôture mais un endroit vraiment surprenant. Nichée au cœur de l’ambassade de Roumanie, la salle, d’architecture byzantine, fut construite pour la Comtesse Martine de Béhague à la fin du XIXème siècle. Des artistes tels que Friedrich Gernsheim, Gabriel Fauré ou Charles-Marie Widor y dirigèrent des orchestres ou des chœurs ! Cette comtesse, mécène et mélomane, fut aussi élève de l’organiste Widor et fit même installer un orgue de 26 jeux sur le côté droit de la scène (inutilisable aujourd’hui mais classé Monument Historique en 2007). Un lieu d’une charmante extravagance.

Ce soir sur scène, un “casting” ad-hoc pour interpréter 6 concertos (dans l’ordre 1,2,3,4,8,6) tirés de l’opus 4 La Stravaganza publié en 1716 : l’orchestre Modo Antiquo dirigé par Federico Maria Sardelli, et Anton Martynov au violon solo. L’ensemble italien, éminent spécialiste de Vivaldi, proposait une configuration avec six violons, un violoncelle, une contrebasse, un théorbe et un clavecin. Au fil de La Stravaganza les musiciens nous démontrent avec énergie le concentré d’inventions et d’audaces musicales de l’opus, des “extravagances”, terreau des futurs concertos du “prêtre roux”. Avec une construction des mouvements en 3 parties (Rapide – Lent – Rapide), Vivaldi jette déjà les bases de la forme concerto que l’on connaît aujourd’hui.
L’acoustique intimiste du lieu nous permet de savourer pleinement les timbres des instruments. Les concertos s’enchaînent, le temps passe à vive allure. Heureusement, les mouvements lents trouvent leur place dans cette frénésie musicale. On retiendra notamment le Largo du 2ème concerto, d’une beauté saisissante et désarmante. Le lyrisme du violon d’Anton Martynov alternant avec une déchirante rythmique impulsée par le tutti. Le 3ème concerto nous montre, s’il en était besoin, toute la virtuosité requise pour exécuter la partie de violon solo : Vivaldi use encore une fois de toute son ingéniosité de compositeur. Pas étonnant que Jean-Sébastien Bach soit venu puiser dans cet opus, entre autres, pour réaliser de superbes transcriptions pour clavier !
Notons aussi la jolie prestation d’Anton Martynov dans le dernier mouvement du 4ème concerto, emportant avec lui le public dans son impétueuse virtuosité. Plus remarquable musicalement que le 8ème, le 6ème concerto clôturait le programme dans la joie et l’enthousiasme général… à l’image de ce second Festival réussi !
Vendredi 31 mars 2017
Concert “Ba-Rock” – Printemps du Violon 2017
Aantonio VIVALDI
La Stravagenza
Modo Antiquo, orchestre baroque
Federico Maria Sardelli, direction
Anton Martynov, violon